« Une dizaine de sorties par jour » pour le peloton de gendarmerie de haute montagne
Publié le 15/08/2021 à 05:10 , mis à jour à 05:16
Il y a moins d’une semaine, les analyses ADN ont permis de confirmer que les ossements retrouvés le jeudi 22 juillet appartenaient bien à Esther Dingley, la randonneuse britannique disparue il y a huit mois dans les Pyrénées. Depuis plusieurs années, la montagne séduit de plus en plus les touristes générant ainsi une fréquentation accrue des massifs pyrénéens. L’adjudant-chef Pierre Gaillard, commandant adjoint du peloton de gendarmerie de haute montagne de Bagnères-de-Luchon livre de précieux conseils avant de se lancer à l’assaut de la montagne.
En 2020, la montagne a été plébiscitée par les touristes…
Nous avons noté une très nette progression de notre activité sur cette année-là. Il y a eu plus d’interventions de secours en montagne mais ce n’est pas lié qu’aux Pyrénées, c’est un constat national.
Comment expliquez cette recrudescence d’interventions de secours ?
Les activités de randonnée de VTT, de canyoning se développent de plus en plus chaque année engendrant ainsi une fréquentation accrue des reliefs. De ce fait, plus il y a de monde en montagne plus le risque d’accident augmente. Le VTT de descente par exemple est une activité qui amène des blessures souvent importantes.
La saison estivale a bien démarré dans les Pyrénées…
Au début de la saison, nous effectuons en moyenne trois interventions quotidiennes au plus haut de la saison, cela représente une dizaine de sorties d’hélicoptère par jour. En début d’été, la saison est particulièrement marquée par la présence de névés, sous forme de plaque isolée de neige persistant en été. Cela peut amener des glissades qui peuvent conduire à des accidents graves voire la mort. Pour traverser les névés, il faut être formés et équipés de crampons.
Quelles sont les interventions les plus répandues en été ?
La majorité concerne des personnes en randonnée pédestre. Nous intervenons pour des entorses à la cheville ou des blessures au genou. Il arrive également que nous soyons appelés pour des randonneurs qui ont quitté les sentiers balisés et qui sont perdus ou bloqués par le relief. Grâce à un outil développé en interne pour les secours, nous pouvons localiser les victimes. Nous pouvons parfois guider les randonneurs pour qu’ils retrouvent leur chemin. Chaque année, au niveau du lac d’Ô nous intervenons beaucoup. Beaucoup de promeneurs pensent pouvoir faire le tour ce qui n’est pas le cas.
Avez-vous des conseils à donner aux amateurs de montagne ?
Il est essentiel de prévenir un ou plusieurs proches sur la sortie prévue ainsi que le chemin que l’on veut emprunter. En cas d’absence de nouvelles, les proches peuvent alerter en donnant des informations précises. Même chose lorsqu’on sent qu’il y a une difficulté, il ne faut pas insister, l’entêtement en montagne peut coûter cher. Il est essentiel de se renseigner sur la technicité de la randonnée qu’on envisage de faire. Il ne faut pas se lancer si on sent que la condition physique ne va pas suivre. Pour tous renseignements, il est possible d’appeler la gendarmerie au 112 ou l’office de la montagne de Luchon.
Que doit-on mettre dans son sac avant de partir ?
Il faut sortir bien équipé avec notamment des vêtements chauds et froids en cas de changement de météo, de quoi se nourrir et s’hydrater. Une boussole, un téléphone portable ou une carte vont permettre aux randonneurs de se repérer. De la crème solaire, des lunettes ainsi qu’une couverture de survie sont également vivement conseillées. En réalité, il faut mettre dans son sac tout le nécessaire pour être prêt à n’importe quel cas de figure.
Anaïs Mustière