Ille-et-Vilaine : Une cinquantaine de gendarmes mobilisée pour démanteler un réseau “Uber-shit”
- Camille
- 14/09/2024
- 19:00
Mardi 10 septembre 2024, quatre individus ont été interpellés dans la périphérie rennaise lors d’une vaste opération menée par la compagnie de gendarmerie de Rennes, en Ille-et-Vilaine. Ils sont accusés d’avoir mis en place un réseau de vente de stupéfiants à domicile sur les communes de Bruz et Chartres-de-Bretagne, utilisant les réseaux sociaux pour proposer leurs produits. Cette pratique, surnommée « Uber-shit », permettait aux consommateurs de commander leurs doses en ligne et de se les faire livrer à proximité de leur domicile.
Une enquête lancée en juin 2024
C’est en juin dernier que les cyber-enquêteurs de la brigade numérique de la gendarmerie ont découvert l’existence de ce réseau. Comme le relate Ouest-France, un homme, identifié grâce à un tchat en ligne, proposait des produits stupéfiants aux habitants de Bruz et Chartres-de-Bretagne, deux communes situées près de Rennes. Les signalements des riverains, excédés par la présence croissante de consommateurs dans leurs quartiers, ont rapidement alerté les autorités.
Le parquet de Rennes a alors ouvert une enquête préliminaire, confiée à la compagnie de gendarmerie de Rennes. Les investigations, menées par la brigade de Bruz avec l’appui du groupe départemental stupéfiants d’Ille-et-Vilaine, ont permis d’identifier plusieurs fournisseurs locaux ainsi qu’un grand nombre de consommateurs. « Les transactions se faisaient via un numéro de téléphone prépayé, et la livraison avait lieu à proximité des domiciles des acheteurs ou sur des places publiques », explique le colonel Olivier Ledoux, commandant la compagnie de gendarmerie de Rennes.
Une opération mobilisant 53 gendarmes
L’opération judiciaire, lancée le mardi 10 septembre, a nécessité la mobilisation de 53 gendarmes issus des compagnies de Rennes, Montfort-sur-Meu et Redon. Grâce à leur action coordonnée, quatre trafiquants ont été interpellés. En parallèle, 22 consommateurs ont été perquisitionnés et auditionnés.
Au terme des gardes à vue, vendredi 13 septembre, trois des trafiquants, tous majeurs, ont été condamnés dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité. Les peines prononcées par le parquet de Rennes sont lourdes : 20 mois de prison dont 10 avec sursis probatoire pendant 2 ans, 8 mois avec sursis probatoire pendant 2 ans, et 10 mois d’emprisonnement avec incarcération immédiate. Une précédente condamnation de 10 mois a également été mise à exécution pour l’un des individus.
Le quatrième suspect, quant à lui, devra comparaître devant le tribunal pour être jugé ultérieurement. Par ailleurs, 17 consommateurs feront l’objet de sanctions via une ordonnance pénale.
Un réseau de plus en plus sophistiqué
Ce coup de filet montre à quel point les trafiquants de drogue adaptent leurs pratiques en utilisant les outils numériques. « La vente de stupéfiants évolue et prend des formes de plus en plus complexes à détecter. Avec les réseaux sociaux, les dealers touchent un public large et diffus, et la livraison à domicile rend les transactions plus discrètes », constate un enquêteur. Ce phénomène, surnommé « Uber-shit », représente une nouvelle réalité du trafic de drogue en milieu urbain, forçant les autorités à s’adapter pour lutter efficacement contre ces pratiques modernes.
L’opération menée cette semaine n’est qu’une étape dans la lutte contre ce type de trafic, mais elle démontre l’efficacité des collaborations entre brigades locales, cyber-enquêteurs et groupes spécialisés en stupéfiants. « Nous continuerons à surveiller de près ces réseaux et à intervenir dès que nécessaire », conclut le colonel Ledoux.