Carcassonne. Une cadette de la gendarmerie abusée sexuellement en stage de cohésion
Publié le 22/11/2022 à 05:11
Les faits avaient eu lieu du 25 au 29 octobre 2021 à Quillan. Reconnu coupable, l’encadrant réserviste a été condamné à six mois de prison assorti d’un sursis probatoire de deux ans, le 7 septembre dernier. La maman de la victime témoigne.
Pour la protéger en sa qualité de victime reconnue, et parce qu’elle est encore mineure pour être âgée de 17 ans, nous l’appellerons Tara. À l’automne 2021, la vie de cette adolescente a basculé alors qu’elle venait d’intégrer les cadets de la gendarmerie à Limoux. Un rêve pour elle. Au début, tout se passait pour le mieux pour la jeune fille fascinée par l’armée, jusqu’au moment où il y a eu ce stage de cohésion à Quillan, entre le 25 et le 29 octobre 2021. Un stage d’une semaine, où elle a régulièrement été victime d’agressions sexuelles de la part de son encadrant. Ce dernier a procédé sur elle à des attouchements de nature sexuelle, notamment en lui touchant les fesses à plusieurs reprises…
« La hiérarchie pour elle, c’était tout ! Elle n’en a pas parlé tout de suite. Puis, c’est allé en se compliquant et elle a décidé de se confier à des jeunes qui se trouvaient avec. Elle n’avait plus le même comportement… Ce sont des SMS de l’encadrant invitant ma fille à le rejoindre dans sa chambre qui ont notamment corroboré les attouchements sexuels qu’elle dénonçait », confie la mère de l’adolescente, en précisant que la gendarmerie a été très réactive au plus haut niveau dès la dénonciation des faits : « Ils ont été au top en prenant notre fille en main dès qu’ils ont appris ».
Le mercredi 3 novembre 2021, c’est dans ce contexte qu’Anthony, un Carcassonnais aujourd’hui âgé de 33 ans, sans antécédent judiciaire, a été déféré au palais de justice de Carcassonne et présenté au procureur de la République. Prévenu d’ » agression sexuelle sur un mineur de plus de 15 ans, par personne ayant autorité sur la victime en sa qualité de gendarme réserviste », le mis en cause avait alors été placé sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention (JLD), dans l’attente d’être jugé par le tribunal correctionnel de Carcassonne le 19 janvier 2022. Mais c’était sans compter sur trois renvois successifs de l’affaire, qui a finalement été audiencée le 7 septembre dernier : Anthony était défendu par Me Sébastien Leguay. La victime et ses parents par Me Céline Colombo.
Reconnu coupable des faits reprochés, c’est à la peine de six mois de prison assortis d’un sursis probatoire pour une durée de deux ans, qu’Anthony a été condamné. Aujourd’hui suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), et inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuels (Fijais) au niveau national, il a désormais l’interdiction d’exercer toutes activités en contact avec des mineurs durant cinq ans. Pour toute la durée d’exécution de sa peine, Anthony a également des obligations de soins et d’indemnisation de la victime et de ses parents, ainsi que l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.
« En début d’année, ma fille a voulu mettre fin à ses jours à l’issue du premier renvoi du jugement. Là, elle a enfin été écoutée et entendue. Mais c’est affreux ce qui s’est passé, on ne pense pas que ça peut vous arriver ! Pour ce stage de cohésion, alors qu’il y avait les mêmes encadrants depuis des années, il en a fallu un d’urgence et c’était lui. Pourquoi ma fille, on ne le sait pas ! Visiblement, il avait déjà eu des comportements bizarres qui avaient heurté les autres encadrants », souligne la mère la victime. Un peu plus d’un an après les faits, l’adolescente « souhaite toujours aller en réserve dans l’armée. Là, elle est rentrée chez les pompiers et suit une formation de comportement canin, avant de rentrer dans l’armée au début de l’année prochaine… Elle est toujours suivie par un psychologue ». Il lui faudra encore du temps avant que cette page puisse être tournée, mais la jeune femme avance…
« Il a été immédiatement écarté du groupe. À ce jour, il n’est plus réserviste ! »
En sa qualité de commandant la compagnie de gendarmerie de Limoux, le chef d’escadron Thomas Jardin est bien loin d’avoir oublié cette affaire, pour laquelle « on a rapidement ouvert une enquête de flagrance diligentée par la brigade de recherche (BR) sous l’autorité du procureur de la République ». Et l’officier de la gendarmerie d’expliquer que « cet encadrant a immédiatement été écarté du groupe, dès que nous avons eu connaissance des faits. À ce jour il n’est plus réserviste ! »Si le mis en cause a ainsi pu être neutralisé dans les fonctions qui étaient les siennes au sein de l’institution, la gendarmerie nationale n’a pas fait les choses à moitié pour accompagner la jeune victime et ses parents tout au long de la procédure qui a suivi. « Le général qui commande les réserves de la gendarmerie a lui-même appelé la famille, et a fait mettre en place une mesure de protection fonctionnelle pour que la victime puisse avoir une assistance juridique, telle que c’est le cas pour les personnels de la gendarmerie. C’est une première. On a vraiment fait le maximum », explique le chef d’escadron Thomas Jardin.
Yannick Bonnefoy