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Le - Terrorisme : cinq hommes d’extrême droite jugés pour la première fois aux assises, dont un gendarme

Terrorisme : cinq hommes d’extrême droite jugés pour la première fois aux assises, dont un gendarme

Cinq personnes comparaîtront en juin devant la cour d’assises des mineurs spéciale à Paris, pour avoir fomenté des actions violentes, à l’arme à feu ou au camion-bélier, sur des mosquées, des institutions juives ou des quartiers à fortes communautés étrangères.

Au Palais de justice de Paris, le 4 mai 2021. (Denis Allard/Libération)

publié aujourd’hui à 7h43

C’est la première fois qu’une affaire liée à l’ultradroite est jugée devant une cour d’assises, et non un tribunal correctionnel. Cinq hommes appartenant à la mouvance néonazie comparaîtront prochainement devant un juge, dont quatre en juin, soupçonnés d’avoir préparé entre 2017 et 2018 des projets terroristes criminels.

Comme l’un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, quatre premiers protagonistes seront jugés par la cour d’assises des mineurs spéciale à Paris du 19 au 30 juin, a appris l’AFP mercredi 10 mai, confirmant une information de Politis. Un cinquième protagoniste, âgé de 14 ans au moment des faits, sera jugé lui par le tribunal pour enfants de Paris, statuant en matière criminelle.

Deux procès criminels pour ces hommes aujourd’hui âgés de 19 à 28 ans constituent une première pour l’ultradroite, alors que de précédents dossiers comme celui des Barjols ou du groupuscule OAS, ont été jugés ces dernières années par le tribunal correctionnel de Paris. Pour rappel, le terme «ultradroite» est employé par les forces de l’ordre et les renseignements pour désigner des personnes ou des groupes d’extrême droite susceptibles de passer à l’acte et de commettre des actes violents.

D’après l’ordonnance de mise en accusation, signée en mai 2022 mais révélée mercredi par Politis, les cinq protagonistes «adhéraient aux idées véhiculées par l’extrême droite néonazie» et avaient participé à un forum de discussion privé nommé «projet WaffenKraft», soit «puissance de feu» créé par l’un des protagonistes, mineur de 17 ans. D’après les juges, son objectif était «clairement, au-delà des échanges sur l’idéologie, de préparer des actions qui avaient très rapidement dérivé vers l’élaboration de projets terroristes».

Toujours selon ce document, la préparation avait lieu «sous l’impulsion d’Alexandre Gilet», gendarme adjoint volontaire dans l’Isère, qualifié de «plus radical et plus motivé» du groupe. «Je pense qu’il voulait faire pire que le Bataclan», dira de lui un autre mis en cause.

Incarcéré en décembre 2018, Alexandre Gilet «avait pris le leadership du groupe et proposé différents projets d’attaques contre des personnalités ou des communautés», soutiennent les magistrats instructeurs. L’enquête a démarré par l’interpellation en septembre 2018 de ce jeune homme alors âgé de 22 ans, après un signalement sur une commande de sa part de produits rentrant dans la composition d’engins explosifs.

«Panzer»

L’enquête va rapidement révéler qu’Alexandre Gilet avait à son domicile des armes «régulièrement détenues», dont des kalachnikovs, mais aussi des munitions, un équipement de laboratoire et des produits précurseurs d’explosifs (TATP). Par curiosité, déclarera-t-il. «De nombreuses photographies et vidéos d’entraînement avec ses explosifs artisanaux et ses armes étaient mises en évidence, notamment avec plusieurs personnes en forêt en juillet 2018», notent les magistrats instructeurs.

Les quatre autres participants à cette séance de tir seront interpellés entre octobre 2018 et mai 2019 : un mineur de 17 ans ; Gauthier Faucon, un majeur surnommé «Panzer» ; Evandre Aubert, ouvrier agricole âgé de 18 ans et le collégien.

Ouverte sur des faits de droits commun à Grenoble, l’information judiciaire sera entre-temps récupérée par des magistrats antiterroristes parisiens après la découverte de plusieurs éléments troublants. D’abord, «un manifeste de passage à l’acte terroriste, détaillant notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier, rédigé» par Alexandre Gilet «à la manière des tueurs de masse de l’ultra-droite», mais aussi «des recherches» de sa part «sur ce qui s’apparentait à des cibles» : mosquées, institutions juives ou quartiers à fortes communautés étrangères.

Son comportement a aussi inquiété la justice : pendant son contrôle judiciaire initial, il «entame une formation de conducteur de poids-lourd conformément aux préconisations de son manifeste».

La menace de l’ultradroite «monte en puissance»

«Ce dossier est le produit des attentats survenus sur le sol français depuis 2015 et de la haine profonde partagée par des millions de Français à l’égard d’un phénomène islamiste découvert à l’époque et le constat d’une défaillance en chaîne de l’Etat et des pouvoirs publics qui n’ont pas été en mesure d’accompagner et d’anticiper ces phénomènes de radicalisations», a estimé son avocate, Me Fanny Vial. Elle a aussi dénoncé la situation de son client, «très jeune homme détenu à l’isolement depuis quatre ans et cinq mois […] à qui l’on n’a jamais admis la possibilité d’une réinsertion».

Neuf attaques attribuées à l’ultradroite ont été déjouées depuis 2017, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin début avril.

Une dizaine de procédures en lien avec l’ultradroite ont été ouvertes ces dernières années au pôle antiterroriste de Paris. Une menace «prise très au sérieux» et qui «monte en puissance», selon un magistrat antiterroriste parisien.

Source : www.liberation.fr

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