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Le - Sur les routes du Calvados, ils pilotent l’Alpine de la gendarmerie à 260 km/h

Sur les routes du Calvados, ils pilotent l’Alpine de la gendarmerie à 260 km/h

Depuis le mois de juin 2023, les gendarmes du Calvados disposent d’une Alpine A110S. À son volant, Mickaël et Christophe luttent contre la délinquance routière.

Les adjudants Christophe Rault et Mickaël Ruellan, les deux pilotes de l'Alpine A110S de la gendarmerie du Calvados.
Les adjudants Christophe Rault (à gauche) et Mickaël Ruellan, les deux pilotes de l’Alpine A110S de la gendarmerie du Calvados. ©Nicolas CLAICH

Par Nicolas Claich

Publié le 8 Oct 23 à 20:05

Une Clio blanche qui refuse de s’arrêter à un contrôle routier puis s’élance sur le périphérique de Caen (Calvados), pour échapper aux gendarmes. La voiture s’engage sur l’autoroute A13 en direction de Paris, emprunte parfois la bande d’arrêt d’urgence pour doubler les autres véhicules.

Le fuyard accélère jusqu’à 170 km/h, donnant des coups de volant

Le conducteur enfonce l’accélérateur jusqu’à 170 km/h, donnant des coups de volant de droite et de gauche. Derrière lui, l’adjudant Mickaël Ruellan l’a pris en chasse, au volant de l’Alpine A110S de la gendarmerie. Son moteur de 300 chevaux l’autorise à monter jusqu’à 260 km/h !

Notre rôle n’est pas d’intercepter l’automobiliste qui refuse d’obtempérer. On ne percute pas les voitures ! On fait ce qu’on appelle du jalonnement ».

« Il faut savoir laisser tomber »

Souvent, la vue de l’Alpine dans le rétroviseur suffit à convaincre le fuyard de s’arrêter. Mais si ce n’est pas le cas, Mickaël et son binôme doivent suivre l’automobiliste en fuite tout en donnant des indications à leurs collègues, le temps qu’ils installent un barrage sur la route. « Le collègue sur le siège passager filme la voiture de manière à rassembler des preuves de son comportement dangereux« , détaille l’adjudant Ruellan.

Le mot d’ordre, c’est la sécurité avant tout. Il faut savoir laisser tomber une poursuite si c’est trop dangereux, notamment avec les motos qui slaloment entre les voitures.

Adjudant Ruellan, pilote de l’Alpine de la gendarmerie

Les éléments réunis permettront d’interpeller le conducteur plus tard. D’autant que les gendarmes ne connaissent pas toujours la raison pour laquelle celui-ci ne veut pas s’arrêter. « Une fois, c’était un grand-père qui avait simplement oublié son permis… »

Lutter contre les grands excès de vitesse

La vocation première de l’équipe rapide d’intervention est bien de lutter contre les grands excès de vitesse sur les autoroutes (A13, A132, A29, A84) et les quatre-voies du département (au départ de Caen vers Falaise, Cherbourg, Ouistreham et Douvres-la-Délivrande).

Mais Mickaël Ruellan et Christophe Rault interviennent aussi en renfort de leurs collègues enquêteurs, dans des affaires de go-fast ou de cambriolages en série, dans lesquels les malfaiteurs s’enfuient par les voies rapides. « Il y a pas mal de délinquants venus de région parisienne, qui font l’aller-retour ou traversent le Calvados pour rallier la Bretagne », observe l’adjudant Ruellan.

Formés sur un circuit de Formule 1

Comme son collègue, Mickaël Ruellan a suivi une formation particulière pour piloter l’Alpine, comme la Subaru et la Megane RS qui l’ont précédée.

Après un appel à volontaires, il y a une présélection, puis des tests psychologiques et moteurs, un entretien de motivation… Ensuite, on suit une formation de quatre jours avec des professionnels, sur le circuit de Magny-Cours.

Pilotage, maîtrise des trajectoires, freinage d’urgence, comportement du véhicule… L’Alpine et son moteur à propulsion, situé à l’arrière, ne se conduit pas de la même façon qu’une traction, avec le moteur sous le capot avant.

Le stage est validé par une évaluation finale au cours de laquelle le gendarme doit rattraper un pilote professionnel dans des conditions de circulation recréées spécialement. La moindre sortie de piste, même de quelques centimètres, est éliminatoire. Tous les six ans, les pilotes suivent un recyclage de deux jours.

L’usage de l’arme, le dernier recours

Ces derniers mois, plusieurs affaires liées à des refus d’obtempérer ont émaillé l’actualité. Des policiers avaient ouvert le feu, causant notamment la mort du jeune Nahel (17 ans). Armés eux aussi, les gendarmes ont des consignes très claires. « Depuis 2015, on n’a plus le droit de tirer dans les pneus, indique l’adjudant Ruellan. Sauf si on nous fonce dessus, la voiture devenant alors une arme par destination ». 
L’usage de l’arme doit être le « dernier recours » pour les forces de l’ordre. « Si notre vie ou celle d’autrui est en danger. Le temps de réflexion est très court mais, dans le doute, il vaut mieux ne pas l’utiliser ». Les militaires ont des rappels réguliers de la législation, et pratiquent souvent le tir pour maîtriser leur arme à feu.

Loin de Fast & Furious, les gendarmes de l’équipe rapide d’intervention n’effectuent pas de course-poursuite chaque jour, fort heureusement. Certaines sont plus marquantes que d’autres. Celle avec la Clio, qui s’était étirée sur près de 300 km, par exemple. Une autre fois, un soir de juillet 2015, l’adjudant Ruellan avait poursuivi une voiture sur 53 km, de Pont-l’Evêque à Caen. 

La police avait fermé le viaduc de Calix, alors il avait quitté le périph’ et pris le quai de Juillet à 130 km/h. Au bout du quai, il avait terminé sa course dans un container à verre. C’était chaud car il y avait beaucoup de circulation.

Adjudant Ruellan, pilote de l’Alpine de la gendarmerie

Une autre poursuite reste dans la mémoire de Mickaël Ruellan, même si elle s’est achevée au bout d’un kilomètre. À Éterville, en 2022, un fuyard avait percuté un enfant qui faisait du vélo dans son lotissement.

« La voiture avait roulé sur le vélo, se souvient le gendarme. Dans ces cas-là, on se demande si on n’aurait pas dû arrêter la poursuite avant… Heureusement, le gamin s’en est tiré avec une simple fracture. »

Source : actu.fr

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