Sarthe. Depuis quelques mois, les gendarmes patrouillent aussi dans les trains TER
Les délinquants ne circulent pas que sur la route. En Sarthe, depuis l’automne 2020, des gendarmes réservistes patrouillent dans les trains à l’affût de comportements dangereux.
Un jour en semaine, dans le courant du mois de mars. Vêtus de leurs uniformes, le major Coinçon et deux de ses collègues réservistes à la gendarmerie de la Sarthe montent dans le TER Le Mans-Tours de 14 h 51. Descente à Château-du-Loir, puis retour au Mans. Avant un aller-retour à Sablé.
Les gendarmes accompagnent le contrôleur
Une demi-journée de patrouille un peu particulière que le major Coinçon commence à bien maîtriser. Je l’ai déjà fait cinq ou six fois. On se présente d’abord au conducteur puis au contrôleur s’il y en a un. Si c’est le cas, on l’accompagne. D’une manière générale, on se montre dans toute la rame.
Depuis l’automne 2020, le groupement départemental de gendarmerie de la Sarthe a lancé des groupes locaux de contrôle des flux, constitués de réservistes, c’est-à-dire des gendarmes qui ont en général une autre activité professionnelle et du temps à consacrer à l’institution.
« La délinquance est partout »
En trinômes, parfois accompagnés d’un officier de police judiciaire (OPJ) issu de l’escadron départemental de sécurité routière (EDSR), ils ont pour mission de sécuriser les mobilités, lutter contre la délinquance qui emprunte la voie ferroviaire ou les cars (du réseau Aleop), explique le chef d’escadron Stéphane Delmas, patron de l’EDSR au sein de la gendarmerie de la Sarthe.
Il y a la délinquance d’appropriation, les trafics, l’immigration illégale. Aujourd’hui, la sécurisation des mobilités ne peut plus se limiter aux axes routiers. La délinquance est partout.
Une mission complémentaire des autres agents
Pas que sur le réseau routier, donc, qui est le cœur de métier des motards de l’EDSR. Mais, comme le remarque le gendarme Lavie, OPJ à la brigade motorisée du Mans qui accompagne les réservistes cet après-midi-là, on retrouve les mêmes acteurs dans le train ou dans les gares que sur la route.
Les gendarmes, à ne pas confondre avec les agents de la Sûreté ferroviaire ou les policiers de la PAF (police aux frontières) qui eux passent leurs journées dans les trains et les gares, apportent une dissuasion – comme ces unités spécialisées – aux potentiels délinquants ou fauteurs de troubles.
Sur les petites lignes, « les problèmes sont rares »
On n’est pas dans le train pour contrôler les titres de transport, précise Stéphane Delmas. Mais si un contrôleur est en difficulté, on vient l’aider. Confirmation du major Coinçon. On est là pour rassurer les usagers et les agents SNCF qui travaillent souvent seuls.
Pas de fouille de sacs, pas de contrôle d’identité, sauf sur réquisition du procureur. Mais des interpellations sont possibles en cas de nécessité.
Globalement, sur les petites lignes TER sarthoises, les usagers voyagent en sécurité. Les lignes de La Ferté et de Sablé sont un peu plus sensibles car c’est l’axe Paris-Nantes mais en général les problèmes sont rares, constate le major Coinçon.
> > > Des usagers surpris, rassurés ou circonspects
Que font des gendarmes en tenue dans un TER loin d’être bondé ? Ou en gare de Château-du-Loir en plein après-midi ?
Certains voyageurs se posent la question. Je me demande pourquoi ils sont là, d’habitude on les voit sur les routes, remarque Lorenzo, 22 ans. D’ailleurs, parfois on se demande si ils sont ailleurs. Là, je trouve que c’est bien, ça peut éviter certains comportements dans le train.
Anne-Marie, la soixantaine, est ravie de la présence des gendarmes. Ça me rassure. J’ai vu tellement de choses quand je prenais le train pour Paris… Je plains les contrôleurs.
Henri, 23 ans, est également agréablement surpris. D’habitude, on voit la police ferroviaire. Mais c’est bien que des gendarmes soient là, on se sent en sécurité même si sur cette ligne à cette heure-là ça ne craint pas du tout. C’est différent le vendredi soir quand on revient de Montparnasse vers Le Mans en TER…
Autre usager, autre point de vue. En tant qu’usager quotidien, si la gendarmerie est présente régulièrement au côté du contrôleur, moi ça me gêne de me sentir doublement contrôlé, grogne Sébastien, trentenaire à vélo.