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Le - Sainte-Soline : le commandant des gendarmes n’a « jamais vu un tel niveau de violence »

Sainte-Soline : le commandant des gendarmes n’a « jamais vu un tel niveau de violence »Le général de division Samuel Dubuis commandait les gendarmes mobiles lors de la manifestation des anti-bassines, samedi 25 mars 2023 à Sainte-Soline. Il revient sur les événements et répond aux accusations des manifestants.

Les gendarmes mobiles équipés de LBD ont fait face aux black blocs et opposants aux bassines.(Photo NR, Mathieu Herduin)

La manifestation organisée par les anti-bassines a viré au chaos, samedi 25 mars 2023, aux abords du site de rétention d’eau de Sainte-Soline. De violents affrontements ont éclaté entre une partie des manifestants et les 3.200 gendarmes présents sur place, faisant de nombreux blessés dans chaque camp.

Le général de division Samuel Dubuis, commandant de la région de gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine, commandait l’opération de maintien de l’ordre.

Comment expliquez-vous que la manifestation de Sainte-Soline se soit soldée par de violents affrontements ?

Samuel Dubuis : « Je veux d’abord, avec beaucoup d’émotion, avoir une première pensée pour les blessés. Du côté des gendarmes, avec 47 militaires atteints, mais aussi chez les manifestants, dont deux luttent actuellement pour leur vie. Maintenant il faut retenir une chose, c’est qu’en dépit de nombreux appels à la responsabilité des autorités en amont et malgré les sommations des gendarmes, 6.000 personnes, dont 1.000 activistes français et étrangers, ont littéralement fondu sur notre dispositif qui entourait les quatre façades du site, et ce depuis différents points. »

« Un black bloc est capable de tirer sur un médecin »

D’après vous ce sont les manifestants qui ont engagé les hostilités ?

« Notre dispositif consistait à maintenir les manifestants à distance et à tout faire pour éviter l’affrontement. Mais ce à quoi mes hommes ont eu à faire face est un véritable déluge de feu, une pluie de cailloux, des produits incendiaires et autres mortiers. Les activistes, rompus aux techniques de guérilla et insensibles au gaz lacrymogène, sont venus au contact du dispositif et ont reçu une réponse proportionnée de la part des militaires. »

Des observateurs indiquent que les gendarmes ont entravé plusieurs opérations de secours de manifestants blessés.

« J’ai été très choqué par ces allégations honteuses et mensongères des organisateurs. Un dispositif de secours était intégré à l’opération, avec 120 personnels pompiers et Samu mobilisés et 45 véhicules. Nous avions aussi nos propres médecins militaires pour nos hommes mais il faut le dire, aussi pour les manifestants. Quand un blessé nous était annoncé, j’envoyais immédiatement un médecin et un infirmier mais ces derniers, pourtant identifiables, ont été harcelés par des tirs de manifestants. Donc oui, un black bloc est capable de tirer sur un médecin et un infirmier. »

Pourquoi avez-vous choisi d’adopter une stratégie de protection en cordon, contrairement à la manifestation du 31 octobre dernier ?

« Il y a d’abord eu un gros travail en amont de la manifestation, avec des contrôles dans la profondeur, des saisies d’armes, toujours dans le but d’empêcher les violences. Ensuite sur place, au début de la manifestation, j’ai envoyé une équipe de liaison vers la tête du cortège mais aucun dialogue n’a été possible. Les effectifs se sont alors positionnés autour de la réserve, mais le cortège est arrivé très vite. »

De nombreuses images montrent des détonations de grenades et des tirs depuis des quads en mouvement par les gendarmes.

« Les quads ont été utilisés pour maintenir les cortèges constitués des éléments violents le plus loin possible de la zone à protéger. Concernant les grenades qu’on appelle GM2L, elles ne sont tirées qu’avec des lanceurs et leur usage est très encadré. Les premières grenades utilisées étaient des grenades lacrymogènes, de dissuasion. Les GM2L n’ont été tirées qu’ensuite, dans une réponse graduée à la montée de violence des activistes. »

Comment situez-vous les affrontements de ce samedi 25 mars dans votre carrière de gendarme ?

« Je vais plutôt vous relater le témoignage d’un de mes hommes, à la retraite dans quelques jours, touché gravement aux jambes lors des affrontements. En 35 ans de gendarmerie mobile, il n’avait jamais vu un tel niveau de violence. Face à nous ce sont des hommes entraînés, avec des armes toujours plus sophistiquées, qui viennent pour tuer et casser. Il faut se rendre compte que les véhicules incendiés ont été attaqués à l’aide d’un chalumeau et d’une scie sauteuse. C’est totalement inédit et ce sont des nouvelles menaces auxquelles nous devons faire face. »

Source : www.centre-presse.fr

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