Rodéo urbain près de Quimper : un patron et son employé ont tenté de se dédouaner
Deux jeunes hommes étaient poursuivis pour un rodéo urbain au volant d’une voiture de sport à Pluguffan (Finistère), près de Quimper. Ils ont été jugés vendredi 30 septembre 2022.
Par Matthieu Gain
Publié le 30 Sep 22 à 19:05
La Mercedes A45 de couleur jaune vif n’est pas passée inaperçue dans le bourg de Pluguffan (Finistère), près de Quimper.
Le 12 août 2022, deux hommes de 21 et 27 ans étaient à bord. Le plus âgé était au volant.
Vers 18h15, après avoir pointé à la gendarmerie de Plogastel-Saint-Germain et quelques courses à Intermarché, le conducteur aurait effectué trois tours de rond-point à vive allure.
Faux, a rétorqué l’intéressé au tribunal vendredi 30 septembre.
J’avais raté ma sortie au rond-point. Du coup, j’ai refait un tour. Ce n’était en aucun cas un rodéo urbain.
Circulation interrompue
Selon un gendarme qui a assisté à la scène, mais qui n’était pas en service, la circulation a pourtant été interrompue.
Il y avait aussi beaucoup de piétons dans ce secteur dont des enfants. La voiture a poursuivi sa route en faisant plusieurs accélérations successives.
L’interpellation des deux individus est intervenue le 15 août. Lors de leur premier passage devant le tribunal correctionnel, ils avaient demandé un délai pour préparer leur défense.
Le plus jeune avait été placé sous contrôle judiciaire ; l’autre, en détention provisoire.
Le premier dirige une agence de location de voitures de sport dans le Morbihan. Il emploie le second.
» Multiples revirements «
Vendredi 30 septembre, les deux protagonistes ont développé une énième version des faits.
Depuis le début de cette procédure, il y a de multiples revirements.
La présidente du tribunal.
L’homme au volant de la Mercedes n’avait plus de permis depuis quelques semaines. « J’en étais conscient et je n’allais pas prendre le risque de me faire remarquer en faisant un rodéo, encore moins avec mon patron à côté de moi. »
Ce dernier a pourtant tenté de protéger son salarié en disant que jour-là, il conduisait le véhicule. » Pourquoi ? Vous avez peur de lui ? « , lui a lancé le procureur. L’intéressé a répondu par la négative.
Deux profils opposés
L’activité de son entreprise est au point mort : il a dû restituer deux de ses trois voitures de sport à ses fournisseurs polonais. Pour le tribunal, ce n’est pas très clair.
Il n’a pas de casier judiciaire. Son avocate a estimé que les faits de rodéo urbain n’étaient pas constitués et plaidé la relaxe.
C’est un jeune homme sans diplôme qui essaie de s’en sortir. C’est un garçon fragile, très influençable.
Trafic de drogues
Le second prévenu a un tout autre profil. Son casier comporte une condamnation à quatre ans de prison ferme pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs.
Il fait l’objet de nouvelles investigations pour les mêmes faits. Ce qui en fait selon le procureur, » un dossier particulier « .
Ses réquisitions tombent : huit mois avec sursis pour le plus jeune prévenu ; 18 mois ferme avec maintien en détention pour le second.
L’avocate de ce dernier a également plaidé la relaxe pour le rodéo urbain. Son client était enfin poursuivi pour conduite sans permis et consommation de cocaïne » lors d’une seule soirée entre amis « . L’avocate a réclamé une peine avec sursis. Elle n’a pas été entendue.
Quelles peines ?
Le conducteur de la voiture a écopé de huit de mois de prison ferme. Le tribunal l’a maintenu en détention.
Il a par ailleurs interdiction de conduire tout véhicule terrestre à moteur pendant un an et devra payer 1 500 euros d’amende.
L’autre prévenu de 21 ans s’en sort mieux. Il a été reconnu coupable de complicité d’une conduite sans permis et a été condamné à trois mois de prison avec sursis. La Mercedes A45 lui sera restituée.