Premiers résultats « bons voire très bons » pour les ZSP des Alpes-Maritimes
Un an après l’arrivée des premiers renforts dans la zone de sécurité prioritaire azuréenne, la délinquance marque le pas dans ces secteurs sensibles. Plus de patrouilles, moins de délits : un premier bilan encourageant
Démonstration de force avec le GIPN, le 19 décembre dernier dans le quartier des Moulins, pour une opération antidrogue fructueuse.(Photo Franck Fernandes)
À Nice et dans sa région, la lutte contre l’insécurité aura commencé par un bras de fer…entre son maire et le ministre de l’Intérieur.Loin des passes d’armes entre Christian Estrosi et Manuel Valls, la zone de sécurité prioritaire (ZSP) tant réclamée a désormais pris ses marques. Formalisée le 1er avril 2013, mais dotée de renforts dès janvier 2013, cette zone « mixte », où police et gendarmerie concentrent toutes leurs attentions, présente de « premiers résultats bons, voire très bons », selon le préfet Adolphe Colrat.La délinquance générale baisse de 17 % en zone police, augmente paradoxalement de 4,4 % en zone gendarmerie, mais avec davantage d’opérations d’initiative.Au-delà des chiffres, les populations concernées commencent à en ressentir les effets.Car l’uniforme y est plus présent qu’avant.A la grande satisfaction des uns, et au grand dam des voyous.
La ZSP, kézako ?
Une ZSP se définit comme un territoire « où des actes de délinquance ou d’incivilités sont structurellement enracinés » et où l’État met les moyens pour lutter contre les trafics, les violences, les vols, les regroupements dans des halls ou tout autre type de nuisance.
Depuis l’arrivée de Manuel Valls place Beauveau, trois vagues de ZSP ont été lancées en France. Surfant sur la deuxième, la ZSP de Nice englobe les quartiers de L’Ariane et des Moulins, auxquels se sont joints Les Liserons, Bon Voyage et Saint-Augustin, et cinq communes limitrophes : La Trinité, St-André-de-la-Roche, Drap, Cantaron et Falicon.
Quoi de neuf ?
Depuis un an, le groupement de gendarmerie reçoit l’appui de quatorze gendarmes mobiles. Cinq militaires ont, depuis, rejoint la brigade de St-André, et cinq autres la brigade de recherches. « Les premiers nous ont permis de créer un pool police judiciaire, les seconds de créer un groupe antimafias et un groupe ZSP », précise le colonel Gaël Marchand, qui a vite fait le compte : « De 2009 à 2012, on a perdu cinquante gendarmes dans les A.-M. Là, j’en ai gagné dix ! »
Côté police, en revanche, les renforts se font attendre. « On n’en a pas eu, mais on a fidélisé certains équipages sur la ZSP », relativise le directeur départemental de la sécurité publique, Marcel Authier. Une ZSP, il est vrai, ne se limite pas qu’à une question d’effectifs (lire l’interview du procureur).
Reste que les syndicats crient misère. « Les renforts, on les attend, déplore Fred Guérin, d’Unité-SGP. Pour l’instant, la ZSP, c’est juste une méthodologie.Or il faut des moyens. Sinon, on déshabille Pierre pour habiller Paul. » Même constat chez Alliance, où Laurent Laubry ironise :« Le ministre avait promis des renforts pour janvier 2014 : on a gagné… deux gardiens de la paix. »
Quel impact ?
Les statistiques récemment dévoilées par le préfet sont encourageantes. La délinquance de proximité recule, les atteintes aux biens idem : -23,5 % côté police, -15 % côté gendarmerie. D’après le contrôleur général Marcel Authier, « certains résultats sont meilleurs encore en ZSP que dans le reste du département », qu’il s’agisse de vols à la roulotte (-41 % contre -19 %), de vols de deux-roues (-32 % contre -21 %) ou de vols à la tire (-28 % contre +6 %). Laurent Laubry reste néanmoins circonspect face à des indicateurs jugés « artificiels, puisqu’ils n’existaient pas il y a un an ».
Côté gendarmerie, le colonel Marchand estime que le quadrillage du terrain a permis de « maîtriser les flux et a obligé les délinquants à s’adapter. Avant, ils entraient dans un appartement et repartaient avec tout. Désormais, ils prennent la première chose qu’ils trouvent et repartent. C’est du petit vol ».
Quelles limites ?
Les secteurs hors ZSP n’allaient-ils pas pâtir d’un report de la délinquance ? La crainte s’est vérifiée, admet le colonel Marchand : « On a une augmentation assez importante de la délinquance à Vence, La Gaude et Cap-d’Ail, qui provient clairement de la ZSP. On y travaille. »
Marcel Authier, lui, a pu mesurer qu’il reste du chemin pour rapprocher la police de la population. « Ça nous montre qu’on a un problème d’intégration dans ces quartiers-là. On prend des mesures en ce sens. Mais la ZSP, c’est un travail de longue haleine… »