Pérols : le cuisinier avait les gendarmes en phobie
JEAN-FRANÇOIS CODOMIÉ
Sa phobie vaut au prévenu une peine de prison et un an de suspension de permis. R. D. H.
La sirène et le truc lumineux (sic) y étaient pas ! » Depuis le box de la correctionnelle, Adil soutient mordicus qu’il n’a pas vu le véhicule de gendarmerie lui intimant l’ordre de stopper. Lorsque ce 20 juillet, il a été pris en chasse alors qu’il roulait à vive allure dans Pérols. À partir de là, le jeune cuisinier va prendre un nombre certains de risques inconsidérés. Additionnant les dépassements de la vitesse autorisée (jusqu’à 110 km/h), roulant sur les trottoirs, prenant les giratoires à contresens, faisant des queues de poisson aux autres usagers, doublant par la droite…Mais pourquoi diantre avoir fui face à la maréchaussée ? « Je sais pas, je sais pas… Déjà, j’étais en retard au travail », lâche le garçon.
« Je reste un peu sur ma faim concernant votre fuite… Moi, si je fais un acte, je sais pourquoi », lui objecte le président De Guardia.
« Quand il voit un gendarme, c’est plus fort que lui… »
Me Manzi, avocat de la défense À cette singulière attitude s’ajoute un casier judiciaire ponctué de conduites sans assurance, d’un délit de fuite, d’un refus d’obtempérer ou d’une conduite malgré une suspension de permis Et le magistrat de prédire : « Tout cela finira mal Monsieur. Soit aujourd’hui, soit un autre jour. C’est vraiment le genre d’infraction dont vous pouviez faire l’économie. Au pire, vous avez un défaut d’assurance, ça va vous amener à quoi ? Au plus à 150 € d’amende… Tandis que là, vous passez en comparution immédiate, vous risquez la prison. »
Trois mois ferme requis
« Ce qui me gêne le plus, ce ne sont pas les faits mais son attitude de vieux cheval de retour. L’attitude de la personne ancrée dans la délinquance. Il a été rappelé à l’ordre maintes fois et cela n’a eu aucun effet », constate et déplore le représentant du parquet. Qui, sur l’audience, requiert trois mois ferme, assortis d’une suspension du permis pour un an, de la confiscation du véhicule et, surtout, d’un mandat de dépôt.
« C’est vrai qu’il ne se défend pas très bien à la barre », concède Me Manzi, le conseil d’Adil. Et l’avocate d’expliciter cet atypique comportement : « La seule excuse qu’il a est celle de l’immaturité et de la jeunesse. Quand il voit un gendarme, c’est plus fort que lui, c’est un réflexe, il prend la fuite. » Soit un automatisme, une variante pavlovienne « complètement stupide », n’en disconvient pas l’auxiliaire. Laquelle insiste sur la nécessité qu’ont les magistrats à prononcer « une peine pédagogique ».
Un point de vue partagé pour partie. Puisqu’à l’issue de leur délibéré, les magistrats ont condamné son client à sept mois ferme. Une peine aménageable donc et assortie d’une suspension du permis, douze mois de rang.