Opération de sensibilisation sur le corridor virtuel en Eure-et-Loir : « Je n’avais pas conscience du danger pour les agents »
Publié le 01/10/2022 à 19h59
Les contrevenants n’ont pas été verbalisés, mais sensibilisés au Code la route rendant obligatoire le respect du corridor virtuel, sur l’autoroute. Photos : Thierry Delaunay
Le message de prévention, mené sur l’A11, à Gasville-Oisème, ce samedi 1er octobre, concernant le fonctionnement du corridor virtuel auprès des usagers de la route, est passé, malgré un réfractaire. L’Eure-et-Loir est l’un des premiers départements à mettre en place ce dispositif alternatif.
« Cela ne m’intéresse pas. Je ne comprends pas pourquoi vous m’obligez à me déporter d’une voie, les cônes suffisent », a pesté, ce samedi 1er octobre, sur l’A11, à Gasville-Oisème, un automobiliste venant de se faire intercepter par les gendarmes, et bénéficiant de leur clémence en échange d’un passage obligé au stand de sensibilisation de Vinci Autoroute. La maquette explicative ne l’a pas plus convaincu.
La trentaine d’automobilistes a réagi différemment, comme ce septuagénaire : « Tellement de choses ont changé depuis que j’ai passé mon permis. Je comprends que cette obligation du corridor soit dans le Code de la route. »
Âgés de 24 à 75 ans, les contrevenants ont fait preuve de compassion face aux messages des patrouilleurs.
« Je n’avais pas vraiment conscience que ces agents mettaient leur vie en danger. Maintenant, je serai plus attentive à l’approche d’un dispositif d’intervention de Vinci. »
UNE CONDUCTRICE
» Cette piqûre de rappel est la bienvenue »
Un trentenaire, escorté par des gendarmes depuis six kilomètres pour ne pas avoir respecté le corridor de test, était médusé : « J’ignorais totalement cette obligation. Je ne fais pas trop attention aux panneaux d’information. Je suis plus concentré sur la présence de radars. » Mais il confie : « Je n’imaginais pas qu’il y avait autant de blessés et de décès. Je me déporterai à l’avenir. »
Un autre automobiliste intercepté a mis trop de temps à se décaler sur la voie centrale : « Je ne voyais pas de danger. Je m’y suis pris trop tard. Je connais pourtant cette réglementation. Cette piqûre de rappel est la bienvenue. »
L’A11 est très empruntée à la sortie de Paris, avec près de 70.000 véhicules par jour au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines et 35.000 sur l’Eure-et-Loir.
L’Eure-et-Loir, un des premiers départements à mettre en place ce dispositif alternatif
Le colonel de gendarmerie, Stéphane Tourtin, était présent sur le dispositif alternatif à la sanction : « C’est très important de continuer à passer des messages pour endiguer ce phénomène. Il y a la répression, mais aussi le volet sensibilisation. »
À ses côtés, Yannis Bouzar, directeur de cabinet de la préfecture d’Eure-et-Loir, insiste : « Nous sommes l’un des premiers départements à mettre en place ce dispositif alternatif. Tous les moyens sont bons pour sauver des vies sur la route. » Un chauffeur de car est venu spontanément au stand : « Je parcours des milliers de kilomètres et j’ignorais que le corridor était une obligation. »
Stanislas, patrouilleur Vinci de 42 ans, témoigne de la dangerosité de son métier.
« Mardi, nous avions mis trois véhicules sur une intervention, et deux rétroviseurs ont été cassés », résume Stanislas, pour justifier les comportements de certains usagers lorsqu’il protège des véhicules et leurs occupants. Depuis quinze ans, il parcourt des milliers de kilomètres sur l’autoroute et passe de nombreuses heures à marcher sur le bitume au profit des usagers de la route, en panne ou victimes d’un accident.
« Les conditions de sécurité dans notre travail se sont améliorées au fil des années, mais on ne peut pas être constamment derrière le volant des usagers. Je vois tellement de choses quand les personnes conduisent. »
Il argumente sur le manque de prise de conscience général : « Le passage de 90 km/h à 80 a été un sujet qui a attiré l’attention de tous. Mais le corridor, en place depuis quatre ans, a suscité beaucoup moins d’intérêt. »
La vigilance est de mise chaque fois qu’il intervient : « On ne peut pas se relâcher. Le danger est permanent, avec une dose de stress. J’ai déjà vécu deux percussions, par une voiture et un poids lourd. Un accident de jour, l’autre de nuit. » Il a poursuivi son travail et n’a pas jugé nécessaire de rencontrer un psychologue, alors que d’autres collègues en éprouvent le besoin. Pour autant, il apprécie son travail de patrouilleur : « Le quotidien n’est jamais le même, de la sécurité, du balisage, de l’entretien, et il y a de l’imprévu. »
Thierry Delaunay