Mort de Mélanie Lemée lors d’un refus d’obtempérer: le conducteur sera jugé devant la cour d’assises
Le 4 juillet 2020, la gendarme Mélanie Lemée avait été mortellement blessée par une voiture à Port-Sainte-Marie, dans le Lot-et-Garonne. Âgée de 25 ans, elle était originaire de La Ferté-Macé (Orne). La chambre de l’instruction du tribunal d’Agen a décidé, ce mercredi 25 septembre 2024, que Yassine El Azizi, le conducteur, serait jugé pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Bertrand JEANJEAN.
Modifié le 25/09/2024 à 16h05Publié le 25/09/2024 à 15h54
Poursuivi pour avoir renversé et blessé mortellement la gendarme ornaise Mélanie Lemée, le 4 juillet 2020, à Port-Sainte-Marie, dans le Lot-et-Garonne, Yassine El Azizi comparaîtra devant une cour d’assises. Ce mercredi 25 septembre 2024, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Agen a rejeté les arguments de la défense en faveur d’une requalification des faits en homicide involontaire aggravé.
Il sera donc jugé pour un crime : violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Un refus d’obtempérer qui tourne au drame
Vers 21 h 30, le 4 juillet 2020, les gendarmes du Lot-et-Garonne ont dans un premier temps tenté d’intercepter une Renault Clio qui roulait à une vitesse excessive. Mélanie Lemée et un de ses collègues, avaient alors mis en place un dispositif d’interception pour arrêter le fuyard.
Deux jours après les faits, la procureure de la République, Manuella Garnier rapportait les éléments suivants : le véhicule des militaires était placé « gyrophare en fonctionnement, sur la route départementale 813 à hauteur de la commune de Port-Sainte-Marie. Lorsque le véhicule en fuite est arrivé à proximité des herses, il s’est brutalement déporté sur la gauche afin d’éviter le dispositif d’interception. Ce faisant, il a heurté l’un des deux gendarmes qui se trouvait sur le bas-côté de la route. Le choc a été particulièrement violent ».
130 à 160 km/h au moment du choc
Mélanie Lemée avait succombé à ses blessures, sur les lieux de l’accident, quelques minutes avoir été fauchée. Au moment du choc, la vitesse du véhicule a été estimée par les enquêteurs à environ 130 à 160 km/h, ce que la défense conteste. Aucune trace de freinage n’avait été relevée sur la chaussée. La Clio avait poursuivi sa route avant de s’arrêter 400 mètres plus loin, en raison du déclenchement des airbags.
Yassine El Azizi, 26 ans, avait tenté de s’enfuir à pied avant d’être arrêté. Lors de sa garde à vue, il avait expliqué son comportement « par le fait qu’il conduisait sans permis, sous l’empire de stupéfiants, mais également par le fait qu’il venait de faire l’acquisition de 150 g de cocaïne ».
En juillet 2023, après trois ans de détention provisoire, il avait été placé sous bracelet électronique et assigné à résidence en attendant son procès. Dans un entretien à Ouest-France, les parents de Mélanie, Christian Lemée et Danielle Letissier avaient alors dénoncé « une décision inacceptable et scandaleuse » et avaient dit leur envie que « la justice passe ».
Âgée de 25 ans, la victime était originaire de La Ferté-Macé
Née à La Ferté-Macé, réserviste dans l’Orne en 2014 et 2015, Mélanie Lemée était âgée de 25 ans. Elle avait intégré l’école de gendarmerie de Tulle (Corrèze) en octobre 2015, avant d’être affectée au sein de la brigade de proximité d’Aiguillon (Lot-et-Garonne), en juillet 2016.
Judokate à haut niveau, Mélanie Lemée avait été sacrée championne de France militaire dans sa catégorie ( + de 78 kg). La salle d’arts martiaux de La Ferté-Macé porte depuis le nom de la gendarme décédée, qui était vice-présidente du judo-club fertois. Dans l’Orne, une association, Mélanie passion sports, apporte son soutien à la pratique du sport à La Ferté-Macé.