Les gendarmes veillent sur les victimes de violences familiales depuis Reims
MIS EN LIGNE LE 10/03/2021 À 18:57
ALICE BECKEL ÉCOLES, COLLÈGES ET LYCÉES RACISME DISCRIMINATION
Formation des équipes, accompagnement des victimes et campagnes de prévention, la Maison de Confiance et de Protection des Familles de la Marne doit devenir le point d’entrée unique de la gendarmerie pour les victimes de violences intrafamiliales.
Fini la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ), la caserne Battesti installé dans le quartier Europe à Reims accueille officiellement depuis ce mercredi la Maison de Confiance et de Protection des Familles (MCPF). Dispositif créé suite au premier Grenelle des violences conjugales en 2020, la MCPF marnaise est la 53e du genre à voir le jour en France.
L’objectif de cette nouvelle venue : être « un point d’entrée unique en matière de violences intrafamiliales », pose le Général Bruno Louvet. Concrètement, la structure aura trois missions : accompagner les victimes, former les équipes du groupement à prendre en charge ces affaires et mener des actions de préventions auprès des collectivités et des élèves dans des domaines variés (violences, racisme, antisémitisme, des drogues ou de la radicalisation).
Orienter les victimes
Derrière les murs sur lesquels trône désormais la plaque gravée au logo du MCPF, cinq hommes et femmes seront chargés d’accompagner les victimes « de l’appel au 17 jusqu’à la sortie du foyer », explique le haut gradé. Aider « les femmes violentées mais aussi les autres victimes, comme les enfants », complète le préfet de la Marne.
Depuis le premier confinement, 320 personnes ont bénéficié de suivis individualisés et ont été appelées par cette brigade. « On est chargé de reprendre contact avec des victimes de violences intrafamiliales pour d’une part évaluer le danger et d’autre part les orienter vers des organismes tels que Le Mars (association d’aide aux victimes, NDLR) », expose l’adjudant Sébastien Moulay. En cas de non-réponse, la brigade locale est dépêchée. Et si le danger est avéré « on leur propose d’être inscrits au fichier du SIP (Sécurisation des interventions et de protection, NDLR) ou de bénéficier du téléphone grave danger (dispositif réservé aux femmes violentées, NDLR) ». En plus de l’arsenal institutionnel, les gendarmes dispensent d’autres conseils, « comme conserver des écrits et des documents sur un coffre-fort numérique : Mémo de vie ».
Accompagner la parole
À l’autre bout de cette « maison », la salle Mélanie. Cet espace baptisé en hommage à la première fillette interrogée dans une de ces pièces spécialement conçue pour recueillir le témoignage de mineurs victimes de viols ou encore de torture.
Un salon permet à l’enfant de parler devant un agent habilité. L’échange est filmé, enregistré et retransmis sur un lourd écran installé dans une pièce voisine « ça permet à la victime de ne pas avoir à répéter ce qu’elle a vécu et de ne pas avoir à témoigner lors du procès », justifie l’adjudant-chef Priscilla Legrand.
Former les collègues
La froideur de l’accueil des victimes de violences conjugales dans les casernes est une critique récurrente. « On nous reproche d’être uniquement concentrés sur les faits et de ne pas considérer la personne dans sa globalité. »
Si les hommes et femmes en uniforme bénéficient d’une formation initiale à l’école, ces enseignements seront enrichis régulièrement par des interventions des gendarmes de la MCPF « pour rappeler le tissu associatif local par exemple. » Pas moins de 70 % du groupement départemental ont déjà bénéficié de ce pense-bête. Le tiers restant sera concerné dans les mois à venir.