Perchés à 200 mètres du sol: les gendarmes réalisent un secours hors norme dans les Alpes-Maritimes pour évacuer deux alpinistes
Deux grimpeurs sont restés coincés lundi après-midi dans la redoutable voie « Shining », à Aiglun, après la chute de l’un d’eux. Les militaires du PGHM et le pilote d’hélicoptère ont fait preuve de tout leur savoir-faire pour les ramener en lieu sûr.
Christophe Cirone
Publié le 28/11/2023 à 12:32, mis à jour le 28/11/2023 à 12:38
« Cela fait des années que l’on n’avait pas fait un secours aussi technique! » Le lieutenant Jérôme Bourrières plante le décor. Un décor alpin, à pic, aux confins des Alpes-Maritimes. C’est à Aiglun, sur une voie d’escalade très technique, que les secouristes du PGHM (peloton de gendarmerie de haute-montagne) 06 ont réalisé une intervention exceptionnelle lundi après-midi. Leur mission: ramener en lieu sûr deux alpinistes, dont un blessé. « Shining ». C’est le nom de la voie d’escalade à laquelle ils se sont attaqués, « sur une paroi dérobée, l’une des plus sauvages, difficiles et engagées des Alpes du Sud », précise le lieutenant Bourrières. Ces deux trentenaires, deux « grimpeurs très expérimentés », sont venus de Haute-Savoie prolonger leur formation de guides. Voilà deux jours qu’ils sont là, dormant à flanc de paroi, dûment équipés. Rien d’insurmontable au regard de leurs compétences. Tout bascule ce lundi midi, quand l’un des guides chute en pleine ascension. Son crochet « goutte d’eau » s’enfonce dans sa main. La cordée ne peut plus progresser, ni battre en retraite. Ils sont perchés à 200 mètres du sol et 100 mètres du sommet. Et des surplombs rocheux empêchent toute approche par hélicoptère.
« A la force des bras »
12 h 55. L’alerte est donnée. A défaut d’arriver jusqu’aux victimes, l’hélico de la sécurité civile dépose au sommet un équipage du PGHM. Quatre militaires descendent en rappel, avec un système de cordes, en fixant des spits (ancrages métalliques) dans la paroi. « Nous avons réussi à faire arriver une corde jusqu’à eux », retrace le lieutenant Bourrères. « Cela a permis de les fixer, les sécuriser, puis les remonter avec un palan à la force des bras. L’hélicoptère a ensuite pu les évacuer. » Le patron du PGHM 06 salue la grande maîtrise du pilote du Dragon 06, mais aussi l’engagement et la technicité de ses hommes. Ils ont déployé toute la panoplie de leur savoir-faire pour ce « secours hors norme. C’est toujours gratifiant de mettre en place tout ce pour quoi on s’entraîne. »
« Pas de négligence »
Parti à 16 h 48 de la DZ d’Aiglun, l’hélicoptère dépose le blessé à 17 h 43 au centre hospitalier de Grasse. Les secours ont donc bouclé le sauvetage juste avant la tombée de la nuit. Cette intervention ne doit rien à une quelconque imprudence, prévient le lieutenant Bourrières : « Ces grimpeurs expérimentés n’ont pas commis de négligence. La chute fait partie de l’activité… » Le secours, lui, rythme le quotidien du PGHM 06. Ce lundi, un autre équipage a évacué vers l’hôpital un randonneur âgé d’environ 70 ans. Ce dernier avait fait un malaise sur un chemin à Gorbio. Un secours classique, facile, qui illustre la diversité de leur champ d’intervention. Mais les militaires du « PG » n’oublieront pas de sitôt ce lundi 27 novembre, et le scénario vertigineux du « Shining ».