Les gendarmes et la police de l’environnement contrôlent les chasseurs en Dordogne
Dimanche 6 novembre 2022 à 7:22 Par Marc Bertrand
Les gendarmes et l’Office français de la biodiversité mènent des contrôles tous les weekends sur des équipes de chasse du département. Placement, angle de tir, arme, les policiers de l’environnement veillent sur tout. Mais ils sont de moins en moins nombreux pour contrôler la chasse.
L’anorak orange, le fusil cassé au creux du coude, Patrick est posté le long d’une haie, à Saint-Aubin-de-Cadelech dans le Bergeracois. La voiture de gendarmerie qui passe sur la route l’a repéré de loin. L’homme à la moustache blanche va à la rencontre du policier de l’environnement et du gendarme qui s’avancent : « Vous avez les papiers de l’arme ? »
Ce samedi 5 novembre, la brigade de gendarmerie d’Eymet et l’Office Français de la Biodiversité (OFB) ont mené un contrôle conjoint sur des équipes de chasse de leur secteur. Manque de chance pour Patrick, il a bien son permis, mais les papiers de sa carabine de chasse : « Je crois bien que je les ai laissés à la maison ».
« Vous ne pouvez pas tirer là où vous êtes »
Pendant que le gendarme rentre le numéro de l’arme sur son téléphone pour vérifier qu’elle est dûment déclarée, Patrick montre à l’agent de l’OFB son permis de chasse jauni, daté de 1971. Il a eu son premier permis à 16 ans, il en a 67 aujourd’hui : « Qui vous a dit de vous mettre là ? », demande le policier, « c’est le directeur de battue ? »
Le chasseur sexagénaire est mal posté. L’OFB regarde avec lui son angle de tir, il a devant lui la départementale d’un côté, une maison de l’autre, le village au loin, et devant lui, un peu surélevée, une toute petite route. Le tir doit être fichant et respecter l’angle de 30° par rapport à toute zone à risques : « Mon angle est restreint », reconnaît le chasseur, en montrant du doigt le pré devant lui. « Vous ne pouvez pas tirer là, il y a la route, il y a toujours un risque de ricochet », recadre le policier.
L’agent de l’OFB ne lui mettra pas d’amende, il préfère la pédagogie : « On a affaire à un homme qui est prudent », tempère le policier. Plus loin dans les prés, le gilet orange du directeur de battue vient à leur rencontre : « C’est-à-dire qu’on doit faire une grosse battue, il y a beaucoup de dégâts, on a 26 sangliers sur le secteur ».
Au loin, les chiens partent, suivis par les chasseurs qui lancent la poursuite dans les sous-bois, on entend les premiers tirs au loin : « Au début quand les chasseurs sont postés, il y a rarement des problèmes, c’est quand la poursuite est lancée que les accidents peuvent se produire ». Ils sont une trentaine de chasseurs en tout, sous le regard des forces de l’ordre.
Entre 6 et 8 « incidents de chasse » par an
C’est quand les chasseurs prennent les voitures que les gendarmes sont particulièrement attentifs. Dans la précipitation, il y a la tentation de laisser un fusil chargé sur le siège passager d’un véhicule, ce qui est strictement interdit. Voir, dans un cas extrême, des tirs depuis les voitures : « Si dans l’euphorie, ils arrivent en voiture quand le gibier passe, ils peuvent sortir le canon et tirer et ça c’est extrêmement dangereux ».
Ce samedi à Saint-Aubin-de-Cadelech, tout est en règle et sur quatre heures de contrôle, aucune infraction n’a été relevée. Mais les gendarmes reçoivent des signalements chaque année de ce genre d’infraction : « Le temps qu’on envoie une patrouille, la voiture est visible de loin et les armes sont vite rangées quand on arrive ». D’où l’intérêt de bien connaître le milieu de la chasse. Les policiers de l’OFB sont de véritables agents du renseignement, ils prennent le temps de discuter avec chaque chasseur, de prendre des informations.
Les contrôles sont de moins en moins nombreux. Depuis deux ans, l’OFB n’a que deux agents sur le terrain le weekend pour faire des contrôles en Dordogne, même si les « incidents de chasse », les balles qui se retrouvent dans des maisons ou des voitures restent relativement rares en Dordogne. Selon l’OFB, il y en a entre 6 et 8 par an en moyenne dans le département.