Les forces de l’ordre cherchent la parade face aux cambiolages
SECURITE – Les cambriolages ont connu une hausse de 18% de 2008 à 2012 voire de 44% pour les vols par effraction dans les résidences principales…
Les cambriolages ont connu une hausse de 18% de 2008 à 2012 voire de 44% pour les vols par effraction dans les résidences principales. Voici quelques chiffres, provenant d’une enquête de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).
Les forces de l’ordre tentent de trouver la parade à la hausse des cambriolages en misant sur une approche locale mais estiment que la justice peine à s’emparer de ce type de délits. Lancé fin septembre, le plan de lutte contre les cambriolages, l’une des priorités du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, commence à porter ses fruits, avec la médiatisation de plusieurs démantèlements de réseaux organisés, notamment d’Europe de l’Est, soupçonnés de plusieurs dizaines de cambriolages.
Ce plan «nous permet d’étendre les bonnes pratiques, notamment de coopération entre la gendarmerie et la police grâce aux cellules anti-cambriolages (Cac) créées en 2009 au sein de chaque département et aux groupes d’enquête et de lutte anti-cambriolages de la gendarmerie (Gelac)», explique à l’AFP Jacques Diacono, référent gendarmerie du plan à la direction générale de la gendarmerie nationale.
Des cellules anti-cambriolages en ébullition
Au sein de la Cac de Loire-Atlantique, neuf personnes dressent chaque jour une carte de la circonscription de Nantes (45.000 habitants) recensant tous les cambriolages et les tentatives avec le créneau horaire et ressortent les éléments communs (horaires, type d’objets volés, mode d’effraction, etc.) grâce au logiciel de rédaction des procédures de la police nationale permettant ce travail de profilage.
Chaque mois, policiers et gendarmes se réunissent au sein de la Cac pour échanger des informations sur des enquêtes en cours et établir s’il y a lieu des liens entre les faits recensés.
«On avait une vingtaine de cambriolages qui débutaient tous par des portes fracturées à l’arrière des maisons situées dans une zone pavillonnaire. Grâce à la Cac, on a pu imputer une vingtaine de faits commis en moins de deux mois à un mineur de 16 ans qui était du quartier», explique Laurent Chavanne, chef de la sûreté départementale de Loire-Atlantique.
«Le cambriolage, c’est un métier»
«Le cambriolage, c’est un métier. Les forces de l’ordre se sont adaptées à cette professionnalisation. C’est une vraie plus-value d’avoir des policiers dédiés aux cambriolages», assure-t-il. Avec l’explosion des cambriolages en zone rurale, la gendarmerie mise sur les brigades d’observation et de surveillance mais aussi sur les Gelac, une structure temporaire d’enquêteurs activée lorsqu’une série de vols de même nature est constatée.
«C’est un investissement. Il faut vraiment qu’il y ait une sérialité des cambriolages avec un même mode opératoire. Dans ce cas, c’est très efficace pour résoudre les affaires commises par les cambrioleurs locaux », estime Jacques Diacono. En revanche, la lutte contre les réseaux criminels organisés, souvent issus d’Europe de l’Est, «est plus compliquée, en raison de leur extrême mobilité sur des zones étendues et de la difficulté à centraliser les procédures judiciaires auprès d’un seul juge», ajoute-t-il.
Le plan anti-cambriolages vise aussi à renforcer l’occupation du terrain, à développer la police technique et scientifique et à mettre l’accent sur la prévention, en poussant les citoyens à composer le 17 en cas de comportement suspect. Près de 90% des flagrants délits sont constatés après un appel de voisinage.
Un taux d’élucidation d’environ 15%
Ce flagrant délit permet d’améliorer un taux d’élucidation cruellement bas (environ 15%) et de déférer un suspect à la justice, qui elle peine à dissuader.«Tous ces dispositifs facilitent le travail des enquêteurs. Ce sont des efforts louables mais qui ne s’attaquent pas aux causes. Les cambriolages peuvent rapporter beaucoup et ne coûtent pas très cher en sanction pénale; le rapport bénéfice-risque est trop intéressant», regrette Nicolas Comte, le secrétaire général Unité SGP-FO (1er syndicat).
D’autant que pour avoir une vraie sanction pénale, il faut raisonner sur un gros volume de cambriolages. «La prise en compte séparée de chacun des cambriolages ne rend pas compte de l’ampleur et de la structuration des phénomènes et n’aboutit pas au final à des sanctions pénales à leur mesure», estime M. Diacono.
Fin septembre, la garde des Sceaux Christiane Taubira a promis une circulaire destinée «à apporter des réponses pénales plus efficaces». Selon la Chancellerie, la publication de cette circulaire est imminent