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Le patron des gendarmes du Var visé par une enquête interne

De Christelle Marquès

Lundi 17 juin 2024 à 17:54

Le colonel Guillaume Dinh, actuel commandant de groupement de la gendarmerie du Var a fait l’objet d’un audit internet après un signalement émanant d’un militaire sous ses ordres. Si des pressions psychologiques présumées ont été écartées, des questions restent en suspens.

Le groupement de gendarmerie du Var à La Valette du Var (illustration) © Radio France – Sophie Glotin

« Vous allez publier votre article maintenant ? Vous ne voulez pas attendre qu’il parte, sinon on va ramasser ? » me demande une de mes sources à qui j’assure la confidentialité car personne ne souhaite officiellement témoigner dans ce qui s’apparente à un management à géométrie variable en fonction des interlocuteurs.

Que se passe t-il au sein du groupement de gendarmerie du Var ? Un audit a en effet été diligenté ces derniers mois par l’inspection générale de la gendarmerie nationale. L’enquête administrative fait suite à un signalement « stop discri » émanant d’un militaire du groupement, visant directement les méthodes du colonel Dinh, le patron des gendarmes varois. Plusieurs dizaines de gendarmes ont été entendus pour faire la lumière sur cette affaire. Arrivé il y a trois ans, le colonel va quitter le groupement à la fin du mois de juin pour rejoindre la région parisienne et le commandement de la gendarmerie des outre-mer. Certains y voient un départ anticipé pour rejoindre un placard. Lui s’en défend, évoquant une nécessité de service dans un contexte compliqué en Nouvelle-Calédonie notamment.

En toile de fond de cette affaire : l’attitude du patron à l’égard d’une de ses militaires qu’il aurait pris sous son aile, au détriment de certains autres. Il est en effet reproché au colonel Dinh d’avoir tout fait pour que cette militaire reste en fonction, alors que son état de santé ne lui permettait pas, à la suite d’un très grave problème de santé.

Cette militaire était une battante, expérimentée et forte de 20 ans en gendarmerie quand elle a eu son problème de santé, selon plusieurs sources. « Elle aimait passionnément son métier, et refusait de voir qu’elle avait des difficultés » témoigne une autre source. « Elle aurait dû être accompagnée vers une reconversion mais l’attitude du colonel qui l’a maintenue artificiellement en poste, a retardé son acceptation de la situation » détaille un troisième . « Ce n’était pas lui rendre service, ni rendre service à son unité » confie une autre source. Selon nos informations, la militaire quittera finalement la gendarmerie en septembre pour rejoindre le monde civil.

De son côté, le colonel Dinh se défend d’un traitement de faveur, préférant parler plutôt de bienveillance : « Pas question d’abandonner ses troupes. Ce n’est pas l’image que je me fais d’un commandement » précise le mis en cause, évoquant de nombreux messages de soutien reçus pendant cette période (messages consultés par France Bleu Provence).

Mais à quel prix se demandent ses détracteurs qui évoquent un commandement très autoritaire dès qu’il était question de remettre en cause les capacités de sa protégée. « Rien ne pouvait lui être dit sans que le C1 (le commandant de groupement) débarque et défonce tout le monde » détaille un observateur. « On me reproche de l’avoir trop accompagnée, mais j’ai accompagné tous mes blessés. J’ai beaucoup souffert d’ailleurs de ses attaques. Je connais ma hiérarchie, si je pars plus tôt, c’est complètement décorrélé. Je n’ai pas reçu de document administratif m’indiquant que je faisais l’objet d’une mutation d’office  » se défend le colonel.

« Mesdames et messieurs les gendarmes, je vous aime »

Si le colonel se justifie aisément sur « son accompagnement bienveillant » vis à vis de sa militaire en souffrance, il refuse en revanche de s’étendre sur un éventuel enregistrement qu’il aurait obtenu de manière illégale, ou sur sa présumée intervention afin que sa protégée conserve son port d’arme. « Des détails techniques sur lesquels je ne souhaite pas communiquer » précise t-il. Contactée par France Bleu Provence, la Région de gendarmerie n’a pas souhaite non plus faire de commentaires.

« Les trois derniers morts en gendarmerie dans le Var sont des femme, il a peut-être tout mis en œuvre pour que ce malheur ne se reproduise plus » avance un militaire à la retraite joint par téléphone . Quoiqu’il en soit, si l’actuel patron des gendarmes, souvent décrit comme un sentimental, a reçu de nombreux messages de soutien, d’autres attendent avec impatience son départ, qui marquera selon eux, « la fin du règne de la peur et d’une ambiance très particulière au sein du groupement. » Pourtant, lors de sa prise de fonction, le colonel avait séduit par sa déclaration d’amour à ses troupes : « Mesdames et messieurs les gendarmes, je vous aime« .

Source : www.francebleu.fr

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