Le chauffard qui n’a jamais eu son permis dort en prison
- Mes Valérie Durand (en défense) et Aziz Hedabou conseils des trois gendarmes. DDM, Max Lagarrigue.
Publié le 10/06/2023 à 05:14
Max Lagarrigue
Après une course-poursuite avec les gendarmes entre Montech et Cordes-Tolosannes le 6 juin dernier, un Beaumontois de 29 ans a été condamné à 7 mois de prison ferme en comparution immédiate, ce 9 juin devant le tribunal judiciaire de Montauban.
Un scorpion tatoué dans le cou, Guillaume L., poursuivi pour un grave refus d’obtempérer ayant mis en danger la vie de trois gendarmes et d’usagers de la route entre Montech et Cordes-Tolsannes le 6 juin, a été jugé en comparution immédiate, ce 9 juin devant le tribunal judiciaire de Montauban.
« Je tiens à m’excuser, j’ai eu peur, j’ai été pris de panique », bredouille comme une leçon mal apprise le Beaumontois de 29 ans placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Beausoleil depuis la veille.
À trois reprises
Roulant sans permis de conduire qu’il n’a jamais obtenu et sans assurance, le chauffard a pris tous les risques pour éviter le contrôle.
Pris en chasse vers 23 heures par une patrouille de gendarmerie sur la D 928 à Montech, celui-ci fait des embardées au moment où les militaires viennent à sa hauteur pour jeter un « stop stick » (une herse mobile).
Ne pouvant l’arrêter, une patrouille intervient en renfort à Bourret pour intercepter la Honda roulant à pleine vitesse. « Vous avez délibérément foncé sur deux gendarmes qui vous enjoignent de vous arrêter, l’un d’eux ne doit son salut que parce qu’il a sauté au travers de son véhicule dont la porte est ouverte », indique la présidente Anne-France Ribeyron précisant que le militaire s’est blessé aux doigts en chutant. Il s’est vu notifier trois jours d’incapacité de travail (ITT).
C’est finalement lors d’un troisième barrage mis en place par une patrouille appelée en soutien de la compagnie de Castelsarrasin que le véhicule du chauffard termine dans le décor non sans avoir roulé sur une herse. « Il a fallu tout de même trois tentatives pour interrompre votre course », tonne la présidente.
« Je me rends compte que c’est très grave, lâche le prévenu demandant toutefois à bénéficier d’un bracelet électronique pour pouvoir être au côté de son épouse qui vient d’accoucher de son premier fils prématurément. « Les gendarmes ont eu très peur, si ce militaire n’avait pas sauté que serait-il advenu? », lui rétorque la juge.
« On a évité le drame ce soir-là », poursuit Me Aziz Hedabou conseil des trois gendarmes s’étant constitués parties civiles.
« Cela fait cinq ans qu’on lui dit de passer le permis de conduire » tempête la vice-procureure Lisa Bergereau requérant 8 mois de prison assortis de 4 mois de sursis probatoire auxquels s’ajoutent 3 mois ferme supplémentaires pour le refus d’obtempérer. Sept mois ferme pour lesquels la magistrate du parquet requiert le maintien en détention.
Plaidant la personnalité de son client, Me Valérie Durand, brosse le portrait d’un « homme isolé » dont la famille l’a rejeté lorsqu’il s’est mis en couple avec une voisine déjà mère de deux enfants. Après 50 minutes de délibéré, le tribunal suit les réquisitions auxquelle s’ajoutent 3 200 euros de dommages et intérêts à régler aux gendarmes.