La stratégie nationale de prévention de la délinquance
Raphaël Le Méhauté (CIPD) détaille les six groupes de travail qui préparent la stratégie nationale de prévention de la délinquance
« Le plan national de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes, qui s’étalait entre 2010 et 2012, arrive à échéance à la fin de l’année. Naturellement, le gouvernement a demandé au secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance de préparer une stratégie nationale qui va prendre la suite du plan. » C’est ce qu’indique Raphaël Le Méhauté, mercredi 21 novembre 2012. Il était interrogé par AEF Sécurité globale lors d’une table ronde intitulée « Le maire et les acteurs de la sécurité publique », organisée à l’occasion du congrès des maires de France, à Paris. « Nous préparons activement cette stratégie. » Selon lui, « six groupes de travail, auxquels sont associés des maires et des praticiens de la prévention », ont été constitués.
Les travaux de ces six groupes suivent les priorités « traduites dans la circulaire publiée le 31 octobre » adressée aux préfets de départements et de police sur l’orientation du fonds interministériel de prévention de la délinquance pour 2012. Ils seront « soumis aux différents ministères qui composent le CIPD » au début de l’année 2013, explique Raphaël Le Méhauté. Il précise qu’il ne sait pas encore « quelle architecture prendra cette stratégie nationale de prévention de la délinquance ».
Voici le détail des six groupes de travail :
– Le premier groupe concerne « la prévention de la récidive ». « Les maires se plaignent du fait que les jeunes qui ont déjà fait l’objet d’une condamnation sont en situation de fragilité et prêts à recommencer, explique Raphaël Le Méhauté. Il faut trouver les moyens, collectivement, pour éviter qu’ils ne ‘rechutent’. » Il explique que « 80 % des jeunes qui sortent d’un dispositif pénal et qui ont fait l’objet d’un suivi ne récidivent pas ». « Cela justifie les mesures de prévention de la délinquance prises à l’encontre de ce public-là. »
– Le deuxième groupe de travail « vise les ‘décrocheurs’ et les jeunes qui sont en errance, c’est-à-dire qui sont sortis du système scolaire sans structure et qui n’ont été repérés par aucun dispositif ». Selon le secrétaire général du CIPD, « ces jeunes sont vulnérables. Afin d’éviter qu’ils ne sombrent dans la délinquance, ils nous appartient de trouver les moyens pour les remettre dans des circuits d’insertion vertueux ». Et d’ajouter : « Le FIPD pourra y contribuer. »
– Le troisième groupe de travail concerne « le suivi individuel des jeunes dans les parcours d’insertion et de réinsertion ». « Un bon nombre d’entre eux, dans les quartiers difficiles, sont suivis par plusieurs référents. Comment voulez-vous qu’ils s’y retrouvent ? » s’interroge Raphaël Le Méhauté. Il faut donc « limiter le nombre » de référents et « organiser des tutorats » pour que « le suivi individuel aboutisse ».
– Le quatrième groupe travaille à la manière de « prendre en compte tous les travaux qui sont menés par les dispositifs de protection de l’enfance ». Il s’agit de faire en sorte que « les jeunes repérés un jour par les services sociaux ne se retrouvent pas dans une chaîne de délinquance », explique Raphaël Le Méhauté.
– Le cinquième groupe porte sur « les bailleurs et la prévention de la délinquance ». « Les bailleurs sont des partenaires essentiels » des pouvoirs publics en matière de prévention de la délinquance, estime le secrétaire général du CIPD. « Ils ont une responsabilité vis-à-vis de leurs personnels, mais aussi vis-à-vis des gens qu’ils hébergent. »
– Le sixième groupe porte sur « l’évaluation des actions de prévention de la délinquance qui sont mis en oeuvre, co-financés par le FIPD et les collectivités territoriales », détaille Raphaël Le Méhauté.
Source : Dépêche n° 7710 Paris, mercredi 21 novembre 2012.