La pilosité des gendarmes, toute une histoire !
25 mai 2018 – Par Franck Roncaglia, musée de la gendarmerie nationale
En matière de pilosité masculine, la gendarmerie a fait preuve, durant plus d’un siècle, d’une versatilité évidente.
Associée aux règlements militaires relatifs à la moustache, à la barbe, à la mouche et autres favoris, la gendarmerie n’a pas toujours suivi les autres Armes, développant un style bien à elle. Celui-ci fut parfois tourné en dérision, tant il identifiait le gendarme dans l’esprit du public.
Petit rappel : il s’agit bien ici de « la » moustache, non « des » moustaches, qui, comme le rappelle le dictionnaire, sont « des poils longs et raides de la gueule de certains animaux ». La mouche est cette zone pileuse située entre le menton et le centre de la lèvre inférieure. Quant aux favoris, ils font référence à la barbe, lorsqu’elle est laissée seulement de chaque côté du visage (ou « pattes », voire « pattes de lapin » quand ces favoris ne descendent pas au-delà de l’oreille).
Imposée pour tous les militaires en 1832, la moustache est interdite en 1836 pour les gendarmes et à nouveau obligatoire en 1841 (la mouche restant interdite). L’instruction du 21 avril 1846 indique cependant qu’elle doit être « taillée en brosse » (et non « en croc », à la Salvador Dali).
En 1848, à l’image de Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République la même année, la moustache doit forcément – pour les officiers et les sous-officiers – être accompagnée de la mouche. Ses dimensions (comme pour celles de la mouche) sont précisées en 1858 : celle-ci doit « s’étendre sur toute la longueur de la lèvre ».
Facultative en 1886, elle redevient de nouveau obligatoire (sauf en cas de port de la barbe), avec ou sans la mouche, en 1914, cette fois pour tous les militaires.
Quant à la barbe, le ministère de la guerre déclare, en 1877, qu’en temps de guerre elle est soumise à autorisation. En 1886, le port des favoris seuls (celui-ci était limité depuis 1858 à un centimètre en dessous des oreilles) est interdit et celui de la barbe possible, à condition de « ne pas masquer les grenades de collet ».
Avec la Première guerre mondiale, la moustache commence à disparaître chez le gendarme. Il la porte généralement étroite durant l’entre-deux-guerres. Le règlement de discipline générale de 1933 entérine cette situation et rend facultatifs moustache, mouche et barbe. Le décret du 1er octobre 1966, repris dans le règlement de discipline générale des armées en 1971 et toujours valable aujourd’hui, limite cependant la barbe, puisqu’elle est soumise « aux exigences de l’hygiène, de la sécurité et du port des effets et équipements spéciaux ».
Au-delà des règlements, la mode a aussi son mot à dire. Ainsi, les motocyclistes de la gendarmerie portaient presque tous la moustache dans les années 1980. Celle-ci était couramment arborée par le reste des gendarmes. Puis, depuis les années 1990, elle a eu tendance à disparaître. La barbe n’a, quant à elle, jamais été très portée, sauf chez les quelques sapeurs de la gendarmerie, sous le Second Empire.
Cependant, qui sait s’il ne suffirait pas d’un poil pour que la moustache revienne à la mode, comme la barbe depuis 2012, devenue quasiment un style de vie, dans la société comme dans la gendarmerie…
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