LA LYCÉENNE QUI A INTERPELLÉ MACRON A REÇU UNE VISITE DE GENDARMES, LES FORCES DE L’ORDRE S’EN EXCUSENT
Juliette Desmonceaux Le 11/06/2022 à 12:01
La jeune femme de 18 ans avait interpellé le président sur la présence de deux ministres accusés de violences sexuelles dans son gouvernement. Elle a depuis reçu la visite de gendarmes.
Laura, une jeune femme de 18 ans, a reçu la visite de gendarmes à son lycée, vendredi. Un événement qui est intervenu au lendemain de sa sortie remarquée dans le Tarn où elle a interpellé Emmanuel Macron à propos de la présence de Damien Abad et de Gérald Darmanin dans son gouvernement, deux ministres visés par des accusations de violences sexuelles. Si la jeune lycéenne établit un lien entre cette visite des militaires et ses propos en direction du Président, les forces de l’ordre assurent de leur côté que cette rencontre n’avait rien à voir avec ce sujet.
« C’est intimidant de voir les gendarmes débarquer au lycée (…). Je me suis évidemment demandé si j’avais fait quelque chose de mal », confie Laura au Parisien.
Lors d’un déplacement du chef de l’État jeudi dans le Tarn portant sur la sécurité dans le monde rural, la jeune femme avait questionné Emmanuel Macron lors d’un bain de foule.
« Vous mettez à la tête de l’État des hommes qui sont accusés de viol et de violences contre les femmes, pourquoi? », avait-elle lancé au président entre deux poignées de main.
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« Je ne comprends pas comment on peut parler de présomption d’innocence quand des milliers de femmes se font violer chaque année et qu’on les laisse être gouvernées par des hommes qui sont accusés de ce genre de choses », avait déclaré la lycéenne à BFMTV, après son échange avec Emmanuel Macron, assumant ses propos.
« La gendarme m’a dit: ‘c’était pas à faire' »
Laura raconte une visite surprise en plein cours d’espagnol. La proviseure adjointe de son lycée lui annonce la présence de gendarmes et lui demande si elle accepte une discussion avec eux. Dans un premier temps, l’échange porte sur une agression sexuelle qu’elle dit avoir subie quelques années plus tôt et évoquée publiquement avec Emmanuel Macron.
« Ils m’ont demandé si je voulais porter plainte, mais ça a été très bref », se souvient-elle.
Très vite, affirme la jeune femme, la discussion change de tournure et l’échange avec le chef de l’État est évoqué.
« La gendarme m’a dit: ‘c’était pas à faire’. Son collègue a ajouté que si j’avais voulu interpeller le président de la République, alors j’aurais dû passer par des voies hiérarchiques, en écrivant à l’Élysée », raconte-t-elle.
Visiblement désemparée, Laura dénonce auprès de nos confrères une visite « ambiguë » qui semble avoir été donnée « à la demande de quelqu’un ». Elle ne s’explique pas non plus le choix des gendarmes de venir échanger dans son lycée plutôt qu’à son domicile. « Ils auraient pu trouver mon adresse », estime-t-elle.
L’échange avec Macron pas l’objet de la visite pour les gendarmes
Du côté des forces de l’ordre, on dément que la discussion entre la lycéenne et Emmanuel Macron était la raison de leur visite.
« On s’inquiétait qu’elle puisse avoir été victime (d’agression sexuelle) et qu’elle n’ait pas pu porter plainte », assure au Parisien la commandante de la gendarmerie de Gaillac Laura Barbuto.
La membre des forces de l’ordre précise par ailleurs que la lycéenne était dans son bon droit lorsqu’elle a interpellé le président et qu’elle n’a commis aucune infraction.
« Nous tenons à nous excuser auprès d’elle si notre démarche d’aller à sa rencontre au lycée pour échanger a été mal perçue et qu’elle considère que nous avons été maladroits », ajoute la gendarmerie du Tarn, dans une publication sur les réseaux sociaux.
Si les parents de Laura se disent « offusqués » par l’affaire, ils ont décidé de ne pas porter plainte.
Juliette Desmonceaux