Exercices communs SNCF / gendarmerie contre les vols de câbles
Avec des hélicos et maintenant des drones, la gendarmerie et la SNCF luttent de concert depuis plusieurs années contre les vols de câbles et mènent désormais des exercices communs sur le terrain pour faire des cheminots des Hercule Poirot et des gendarmes des pros de la caténaire.
« Quand tu fais tes mesures, il faut que tu mettes tes pieds de chaque côté du rail pour éviter de te prendre le courant électrique résiduel », explique un spécialiste de police scientifique à Benoît Bordenave, 33 ans, en dernière année de formation à l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) de Melun en région parisienne.
A ses côtés, une autre élève, en combinaison blanche, effectue un prélèvement ADN sur un morceau de câble d’environ deux mètres, tout près des quais de la gare de Melun.
De l’alerte lancée par la SNCF à la présentation de faux suspects devant un vrai juge : pendant une semaine, une trentaine d’élèves officiers tentent de résoudre une affaire fictive, le vol de deux câbles cuivrés de 150 mètres chacun dans la principale gare de Seine-et-Marne.
L’un des objectifs est de « donner aux cheminots des réflexes d’enquêteurs », alors qu’ils sont souvent pressés d’assurer la continuité du service ferroviaire, explique le lieutenant-colonel Florian Manet, officier de liaison de la gendarmerie détaché à la SNCF.
Les affaires de vols de métaux impliquent souvent des réseaux internationaux et, dit-il, sont « très complexes, car les traces et preuves dépérissent rapidement ». « Il y encore deux, trois ans, on allait enlever le câble » sectionné, puis « le mettre dans un coin » et parfois « au rebut », admet Caroline Deneau, assistante sécurité à la gare de Melun, privant ainsi les enquêteurs de précieux indices.
– 200 vols par mois –
L’exercice vise aussi à apporter « aux futurs cadres de la police judiciaire et de la gendarmerie une meilleure connaissance technique des problèmes des gens, des matériels et des infrastructures » de la SNCF, explique le colonel Jacques-Charles Fombonne, directeur du Centre national de formation de Police judiciaire (CNFPJ) de la gendarmerie à Fontainebleau.
Les câbles convoités sont une pièce essentielle du réseau, assurant la transmission de l’électricité et de nombreuses informations de signalisation et d’itinéraire.
En 2006 et dans les années qui ont suivi, l’explosion des prix du cuivre a provoqué une multiplication des vols de câbles sur les voies de la SNCF, qui recensait 3.350 vols de métaux en 2010, pour un préjudice estimé à 30 millions d’euros et plus de 5.800 heures de retards des trains.
Depuis le renforcement du dispositif de surveillance, avec les hélicoptères de la gendarmerie notamment, les vols de câbles ont chuté de près de moitié.
Le fléau est « contenu aujourd’hui », assure le lieutenant-colonel Manet. Mais chaque mois, ce sont tout de même près de 200 câbles qui sont encore déterrés et volés sur les réseaux ferrés français, soit plus de 2.000 vols par an causant des retards cumulés de plus de 2.500 heures.
Au rang des innovations pour lutter contre le phénomène, la SNCF a testé pour la première fois fin 2013 un drone pour inspecter son réseau, entre Gard et Vaucluse. L’expérience devrait être élargie au plan national afin d’épauler les quelque 3.000 agents de la Surveillance générale (Suge), la police des transports ferroviaires de la SNCF, qui surveillent quotidiennement les lignes.