Disparitions inquiétantes dans le Jura : Patricia, ancienne gendarme, mène l’enquête bénévolement
Retraitée de la Gendarmerie, Patricia, 60 ans, est la seule enquêtrice bénévole du Jura pour l’association nationale Assistance et Recherche de Personnes Disparues. Rencontre.
Par Joffrey Fodimbi
Publié le 4 Avr 24 à 18:00
Elle s’appelle Patricia, a 60 ans, habite le haut-Jura et est retraitée de la Gendarmerie. D’elle, vous n’en saurez pas plus, car pour sa sécurité et celle de sa famille, elle préfère garder l’anonymat. « On ne sait jamais comment une affaire sur laquelle on enquête va se finir. »
Depuis un an, Patricia est enquêtrice bénévole – la seule dans le département – au sein de l’association nationale Assistance et Recherche de Personnes Disparues (ARPD) ; une structure créée en 2003 et reconnue par les pouvoirs publics, qui dispose de 500 enquêteurs à travers le territoire – « bien souvent des anciens gendarmes, policiers ou détectives privés » – dont 20 en Bourgogne Franche-Comté. « J’ai rejoint cette association, car en retraite depuis 2008 mon travail me manquait et je voulais continuer à être utile. »
Rouvrir toutes les pistes
Sollicitées par les familles dans le cadre de disparitions inquiétantes, les antennes départementales de l’ARPD activent leurs bénévoles qui travaillent dans l’ombre des forces de l’ordre.
« Lorsqu’une famille nous contacte, nous les rencontrons, leur faisons remplir un dossier, puis nous rentrons en contact avec les forces de l’ordre pour nous mettre en accord avec eux. L’association commence à être connue, donc tout se passe bien avec les autorités. Ensuite nous reprenons l’enquête de notre côté depuis le début, en rouvrant toutes les pistes. »
Recherches de témoignages, d’indices sur le terrain, mais aussi de pistes sur les réseaux sociaux, Patricia ne laisse rien au hasard.
« Et si nous trouvons quoique ce soit de nouveau, bien sûr nous transmettons nos informations aux autorités. Notre objectif est avant tout de les aider, car par manque de temps, gendarmerie ou police ne peuvent pas toujours poursuivre leur enquête. »
Une enquêtrice bénévole qui n’est malgré tout pas exempt du respect des lois. « Nous faisons des enquêtes de proximité, nous rencontrons les proches, le voisinage, puis nous recoupons nos informations, mais sans faire, par exemple, d’écoutes téléphoniques ni avoir le droit de faire des réquisitions. »
« J’étais tous les jours dessus »
Si depuis qu’elle a rejoint l’association, Patricia n’a travaillé que sur deux enquêtes – « dont récemment sur la disparition de Jérôme Panisset » – la retraitée de la gendarmerie y consacre beaucoup de temps.
« Ces dernières semaines, j’étais tous les jours dessus. Sans compter que tant qu’un dossier n’est pas résolu, il reste ouvert. Ce qui amène également les membres de l’association a parfois travailler sur des cold-case, lorsqu’ils sont sollicités par les familles avec l’objectif de trouver de nouveaux éléments pour faire repartir la justice. »
Un investissement qui, elle le sait, l’amènera surement à travailler sur tout type de disparition : « Des enfants aux personnes âgées, de l’accidentel, du criminel ou de la disparition volontaire. Mais si pour cela, nous travaillons avec les moyens du bord, grâce à l’association, nous avons la possibilité de faire intervenir des chiens pisteurs, mais aussi des plongeurs ou des spéléologues bénévoles. »
Un travail au long court qui lui permet d’avoir des résultats. « Sur mes deux premières enquêtes, j’ai découvert des éléments en plus, que j’ai bien sûr immédiatement communiqués aux forces de l’ordre. Cela s’explique par le fait que l’on passe après eux et que parfois, les gens ne parlent pas tout de suite, ou se souviennent d’éléments dans un second temps. Nous avons aussi plus de temps et de disponibilité. »
