De la prison ferme pour avoir mis en danger les gendarmes en échappant à un contrôle
Ce 20 avril, les gendarmes contrôlent la vitesse sur la RN 17 avec interception au giratoire de Vimy. Une Audi A4 est annoncée : 139 km/h au lieu de 90. Les militaires se mettent en position pour l’intercepter. Un gendarme fait signe au chauffeur de se garer. La voiture ralentit, puis accélère brusquement. Elle évite les militaires ; le troisième, se sentant en danger, sort son arme et tire à quatre reprises sur le véhicule. À l’intérieur, personne n’est touché.
Course poursuite et renfort d’un hélico
Le chauffard fait alors demi-tour au rond-point et prend la direction de Roclincourt, Souchez… Un appel radio est lancé, un hélicoptère appelé en renfort. Les policiers lensois sont sur ses traces aussi. Un premier équipage de la bac tente de l’intercepter à Liévin. Finalement, une autre patrouille le rejoint et lance un « stop sticks » qui crève les pneus arrière. La voiture zigzague, touche une bordure, décolle et s’immobilise sur le flanc. Le conducteur est interpellé alors qu’il tente de fuir. Le passager est choqué mais indemne.
Tout l’enjeu de l’audience de ce lundi était de savoir si Pierre Melloul, 35 ans, est responsable de violences à l’égard des gendarmes. Il reconnaît la conduite sous l’emprise de l’alcool (2,30g), le refus d’obtempérer, mais assure qu’il n’a jamais voulu s’en prendre aux gendarmes. « J’étais dans mon monde, je n’étais pas bien. Je pensais que l’alcool allait régler mon problème. » Sa consommation depuis la séparation avec la mère de son premier enfant en 2015 : une bouteille de whisky ou de vodka par jour. Dans sa déposition, le passager dit qu’il était tétanisé. « Il a dit «Je suis dans la merde, j’ai bu un coup». Il a accéléré comme un fou. »
Pour la partie civile, aucun doute, « les gendarmes étaient visés. Il a eu la volonté de leur échapper ». Pour le procureur, même en l’absence de blessures, les violences sont qualifiées par le refus d’obtempérer. « Quand un gendarme prend la décision de faire usage de son arme, il sait qu’il va avoir des emmerdes, qu’il va devoir se justifier. » Tout cela pour dire que si le militaire a tiré, c’est qu’il était effectivement en danger.
De la prison ferme
Ça ne tient pas, plaide la défense, pour qui l’alcool est la solution destructrice de son client. Oui il a tout perdu, son boulot, sa famille. Mais il n’a jamais voulu attenter à la vie des gendarmes. Une peine de seize mois de prison, dont douze avec sursis et la révocation d’un sursis de quatre mois (soit huit mois de détention), est trop lourde. Le tribunal a retenu les violences à l’égard des militaires et condamné Pierre Melloul à seize mois de prison dont douze avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans et révocation de deux mois d’un précédent sursis. Son permis est annulé avec interdiction de le repasser avant dix-huit mois. Il devra indemniser les victimes.