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Comment les gendarmes assurent la sécurité autour du lac de Sainte-Croix en période estivale

Plusieurs millions de visiteurs se rendent chaque été sur les berges de l’étendue d’eau. Un flot de touristes conséquent sur lesquels il faut veiller. Tout en faisant respecter les interdictions en cours, notamment en matière de risque incendie, particulièrement élevé cette année.

Matthieu Bescond  Publié le 30/07/2022 à 08:00, mis à jour le 29/07/2022 à 23:01

Photo Philippe Arnassan

« On a repéré un camping sauvage installé sur les berges. Nous nous rendons sur place. » Ce matin-là, seul le bruit d’un bateau à moteur vient troubler la quiétude des eaux du lac de Sainte-Croix.

À bord de l’embarcation, deux écogardes du Parc national régional (PNR) du Verdon, associés à deux militaires rattachés à la brigade de gendarmerie de Salernes/Aups.

« Rejoignez-nous sur la berge! » poursuit au talkie-walkie le major Touahir, en direction de deux autres gendarmes à vélo électrique tout terrain.

Ce jour-là, deux équipages en moto-cross de la brigade motorisée de Draguignan sont également déployés sur les chemins qui bordent l’étendue d’eau.

Tous se retrouvent face à la petite tente plantée en zone interdite. Un homme un peu hagard en sort, clairement réveillé par l’agitation.

« Bonjour! Je vais vous demander de quitter immédiatement les lieux. Vous êtes en infraction, lance sur un ton ferme le major. Merci de me présenter une pièce d’identité, nous allons vous verbaliser. »

Car le long du lac, les campings sauvages sont formellement interdits, tout comme les feux et autres barbecues. Des mesures de bon sens, pourtant pas évidentes à assimiler pour tout le monde.

Devant la tente, un feu encore fumant fait fulminer les écogardes du parc…

Tolérance zéro pour les récalcitrants

Photo Philippe Arnassan.

« Nous ne sommes pas en infraction! Nous sommes dans la nature! On ne fait de mal à personne, hurle littéralement une jeune femme qui sort à son tour de la tente, à moitié dénudée. Ça fait 30 ans que je viens ici; j’ai fait des campings sauvages toute ma vie! s’emporte-t-elle. Nous n’avions pas vu les panneaux d’interdiction. Quant au feu, les conditions étaient optimales hier soir, et je suis restée devant jusqu’à ce qu’il s’éteigne… », argue-t-elle devant le foyer pourtant encore chaud…

Dans un équilibre de tact et de fermeté, face à la mauvaise foi de la jeune femme, les gendarmes finiront par sanctionner le couple d’une amende de 135 euros chacun, avant de remonter à bord de l’embarcation.

« Dans ce genre de situation, c’est tolérance 0, nous sommes fermes. Mais on sait aussi être plus conciliants. Nous ne sommes pas là pour verbaliser à tour de bras, mais pour protéger la population… Il faut trouver le juste équilibre. Tous les jours, nous nous devons de nous adapter aux différentes situations auxquelles nous sommes confrontés. »

S’adapter aux situations

Photo Philippe Arnassan.

La preuve à quelques encablures de là. L’attention de l’équipage est à nouveau attirée par deux hamacs accrochés sur les berges . Des jeunes hommes y ont visiblement passé la nuit. Nouvel accostage, nouvelle intervention.

« Bonjour! Vous ne pouvez pas camper ici, c’est interdit… » précise une fois de plus les gendarmes. Cette fois-ci, l’installation est légère: un petit bivouac sans feu.

Et les jeunes, moniteurs d’une colonie de vacances proche, sont à l’écoute. Eux s’en sortiront avec un simple rappel à l’ordre, avant d’être invité à quitter promptement les lieux. « On repassera dans l’après-midi pour vérifier leur départ. S’ils sont toujours là, le ton changera… »

Sur le lac, en période estivale, ces patrouilles sont normalement organisées tous les jours. Mais la mission des militaires ne se cantonne évidemment pas à débusquer campeurs et randonneurs imprudents.

À peine remonté en voiture, le téléphone sonne à nouveau. Cette fois-ci les militaires sont appelés pour une altercation dans un club nautique à Aiguines. Deux équipages de gendarmes mobiles se rendent rapidement sur les lieux.

Il n’est que 13 heures. La journée promet d’être longue…

Photo Philippe Arnassan.

La sécurité du lac en chiffres

2,5 millions

C’est le nombre de visiteurs autour du lac estimé par la gendarmerie, pendant la période estivale. Soit 40.000 touristes par jour. Mais cette année, la fréquentation semble en deçà de ces chiffres.

22 kilomètres carrés

C’est la superficie totale du lac de Sainte-Croix.

25.000

C’est le nombre de lits occupés chaque nuit autour du lac. Les 33 campings qui le bordent compris.

30

C’est la capacité maximum d’effectifs de gendarmerie susceptible d’être déployés autour du lac.

8

C’est le nombre de gendarmes mobiles de l’escadron de Reims, déployés pour la première année, en complément des militaires de la compagnie de Salernes/Aups. «  Jusqu’ici, nous faisions appel à des réservistes. Face à la forte affluence touristique post-Covid, nous testons cette année ce nouveau dispositif », précise le capitaine Céline Lefléfian, commandant de la compagnie de gendarmerie de Draguignan.

3

C’est le nombre de bateaux susceptibles d’intervenir actuellement sur le lac. Le premier appartient à la municipalité des Salles-sur-Verdon. Son carburant est financé par la commune, avec l’aide de celles d’Aiguines et de Bauduen. Un autre appartient au PNR. Et un dernier aux sapeurs-pompiers. La gendarmerie nationale ne possède actuellement pas d’embarcation propre, faute de financement. Pour patrouiller sur les eaux, elle doit donc se coordonner avec les pilotes des différents bateaux, propriété des services cités.

7

C’est le nombre d’écogardes déployés par le Parc naturel régional du Verdon autour du lac pour la saison estivale, dont 4 saisonniers. Au total 22 agents patrouillent sur l’ensemble du PNR.

Pour le major Touahir, la collaboration entre les différents acteurs qui patrouillent autour du lac est une priorité. Comme ici aux côtés de l’ONF. Photo Philippe Arnassan.

Des randonneurs bravent les interdictions aux massifs forestiers

La patrouille lacustre terminée, les gendarmes reçoivent une alerte émanant du maire de Baudinard-sur-Verdon. Plusieurs groupes de randonneurs se seraient engagés sur des sentiers pourtant interdits en raison du risque incendie.

Ce jour-là, l’accès au massif était déconseillé par la préfecture, mais pas interdit. En revanche, un arrêté municipal en empêchait formellement l’accès sur la commune de Baudinard.

Face au sentier obstrué par des rubalises, le message est clair : « Accès aux collines et massifs strictement interdits » pouvait-on lire sur les panneaux informatifs. Pas suffisant pour dissuader tout le monde, visiblement.

Rapidement, plusieurs effectifs de gendarmerie sont déployés au départ des sentiers, épaulés par une équipe de la police de l’environnement de l’Office national des forêts.

Risque incendie: un contexte à ne pas négliger

Dans le contexte du départ de feu de Rougon (l’incendie s’est déclaré mardi dernier, NDLR), commune située à quelques kilomètres de là, dans les Alpes-de-Haute-Provence, la situation n’est pas à prendre à la légère.

Des zones de recherches sont réparties entre les différents hommes. Tous partent à la poursuite des personnes en infraction. Mais quelque temps plus tard, tous rentreront bredouille.

Reste que les plaques d’immatriculation des véhicules stationnées sont relevées par les forces de l’ordre pour identifier les contrevenants qui seront sanctionnés.

« C’est la première fois que nous patrouillons conjointement avec la gendarmerie sur ce secteur , détaillait Vincent Lakiere, responsable d’unité territoriale Estérel-Dracénie-Verdon de l’ONF. Mais c’est clairement un dispositif qui a vocation à se reproduire » (lire ci-contre).

Source : www.varmatin.com

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