Calais : un gendarme condamné pour le vol d’un portable de migrant
Par La rédaction Publié le : 23/04/2021
Les faits remontent au mois de novembre 2019 quand un migrant découvert dans un camion à Calais a voulu filmer les gendarmes présents lors de sa descente du véhicule. L’un d’eux, un adjudant-chef, a alors confisqué le téléphone et l’a conservé, demandant à ses collègues de le couvrir. Il a été condamné par le tribunal de Boulogne-sur-Mer à une amende de 1 500 euros.
Le tribunal judiciaire de Boulogne-sur-Mer a condamné jeudi 22 avril un adjudant-chef à payer une amende de 1 500 euros pour le vol de portable d’un migrant lors d’une patrouille à Calais, dans le nord de la France, le 15 novembre 2019.
Ce jour-là, un véhicule de gendarmerie mobile a découvert trois migrants cachés dans un camion. Les trois hommes ne sont pas arrêtés mais l’un d’eux a sorti son téléphone portable pour filmer la scène. « Dès lors, un adjudant-chef de 47 ans, originaire de la région parisienne, s’empare du téléphone et ordonne au migrant de partir. Par la suite, il s’avérera que le militaire a conservé pour lui ce téléphone », explique La Voix du Nord dans un article. « Quelque temps plus tard, une personne s’occupant des migrants viendra déposer une plainte pour le vol de ce téléphone. »
« J’ai demandé à mes collègues que cette histoire reste entre nous »
À la barre, le prévenu n’a pas nié les faits et a reconnu avoir demandé à ses collègues de le couvrir et de ne rien dire à l’IGGN (l’Inspection générale de la gendarmerie nationale). « Je ne me suis pas vraiment rendu compte que j’avais gardé le téléphone sur moi. Après, je m’en suis débarrassé au plus vite. Malgré tout, un peu plus tard, il est vrai que j’ai demandé à mes collègues que cette histoire reste entre nous », écrit encore la Voix du Nord en rapportant les propos du prévenu.
Depuis plusieurs années, les associations de défense des droits des migrants recueillent à Calais et Grande-Synthe des témoignages de personnes ayant subi des violences policières, propos dégradants et humiliants ainsi que des destructions de biens.
Selon les associations, les violences se produisent généralement lors des évacuations quasi-quotidiennes des campements. Ces opérations s’accompagnent de la saisie et de la confiscation des effets personnels des migrants (tentes, duvets, téléphones, etc.).
« Harcèlement policier permanent »
« À Calais, les violences et le harcèlement policier sont permanents. Plus de 1 000 personnes exilées survivent dans des campements précaires détruits toutes les 48 heures, avec la privation et confiscation des biens personnels, la restriction de l’accès à l’eau, la nourriture, et l’hygiène, la destruction de l’environnement pour empêcher une réinstallation des exilé·e·s”, ont écrit dans un communiqué publié au mois de novembre, les associations l’Auberge des Migrants, la Cabane juridique, Salam et Collective Aid.
De leur côté, les forces de l’ordre dénoncent elles aussi des comportements violents contre elles, et contre les conducteurs de poids-lourds. Comme le rapportait la Voix du Nord le 17 décembre, un CRS a été blessé par un exilé alors qu’il tentait de l’évacuer d’un camion dans lequel il essayait de monter. « Le migrant a alors frappé le CRS, le blessant à la tête et au bras ».