Autour du Neubourg, une unité spéciale de la gendarmerie contre les cambriolages
Face à la recrudescence des atteintes aux biens, la gendarmerie de Bernay (Eure) a créé, en septembre 2023, le GELAC : Groupement d’enquête et de lutte anti-cambriolages.
Par Simon Lenormand
Publié le 3 Avr 24 à 7:00
Une hausse de 36 % des cambriolages entre 2022 et 2023. C’est ce qu’a constaté la compagnie de gendarmerie départementale de Bernay (Eure), dont le secteur regroupe les Communautés de brigades (CoB) de Bernay, de Brionne et du Neubourg, soit environ 1/5e du territoire du département. « Les cambriolages avaient nettement baissé pendant le Covid, puis sont progressivement remontés aux niveaux antérieurs », résume le capitaine David Malherbet, commandant en second de la compagnie.
Les communes les plus concernées sont celles qui bordent la RN13, qui relie Paris à Cherbourg en passant par Évreux, de même que les communes limitrophes de l’agglomération elbeuvienne. « Le secteur de la compagnie est touché par une délinquance urbaine de passage, du fait des grands axes, explique David Malherbet. Une personne peut venir de Paris en une heure de route, faire trois ou quatre cambriolages et repartir. »
Une équipe de spécialistes
L’année dernière, ce sont ainsi 300 cambriolages qui ont été recensés sur le secteur de la compagnie, dont près de la moitié sur le le seul secteur du Neubourg. D’après les statistiques, les cambriolages visent principalement des résidences principales, en l’absence des propriétaires et avec « effraction d’un ouvrant ».
Afin d’endiguer ce phénomène inquiétant, le Groupe d’enquête et de lutte anti-cambriolages (GELAC) a été mis en place le 1er septembre 2023, à l’initiative du commandant de la compagnie, François Bouchaud. Cette unité de soutien est composée de cinq militaires, dont deux membres de la Brigade de recherches, spécialistes de l’investigation judiciaire, et un représentant de chaque CoB. « Ils travaillent à temps plein sur ces dossiers, avec des permanences de nuit et les week-ends », précise le capitaine de gendarmerie.
Véhicules volés
Concrètement, lorsqu’un cambriolage est commis, les gendarmes locaux en informent le GELAC, qui vient effectuer les constatations et se saisit de la procédure. Ses enquêteurs poursuivent ensuite les investigations jusqu’à leur terme.
À la fin de l’année, un deuxième type d’infraction a été ajouté aux prérogatives du GELAC : les vols de véhicules. « Les deux sont très liés. On remarque que les cambrioleurs se déplacent souvent avec des véhicules volés et que des véhicules sont fréquemment volés durant les cambriolages », indique David Malherbet. Les véhicules, quand ils sont retrouvés, réapparaissent majoritairement en région parisienne ou dans l’agglomération elbeuvienne, souvent incendiés.
250 interpellations
« Depuis la création du groupe, on observe une stagnation du nombre de cambriolages. La courbe s’infléchit », met en valeur le commandant en second de compagnie de Bernay. Le taux d’élucidation des délits a, lui, grimpé en flèche, passant de 13 % à 24 % sur l’année 2023, pour finalement atteindre 35 % en février 2024. Entre mars 2023 et mars 2024, ce sont ainsi 250 individus qui ont été interpellés.
Une bande de voleurs de voitures arrêtée
C’est l’un des principaux faits d’armes du Groupe d’enquête et de lutte anti-cambriolage (GELAC) de Bernay. Lundi 11 mars 2024, à 6 h, une opération d’interpellation de grande ampleur s’est déroulée dans plusieurs communes de l’agglomération d’Elbeuf. Celle-ci a impliqué une vingtaine de militaires, dont le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) et la Brigade de recherches de Bernay, la brigade du Neubourg et les cinq personnels du GELAC, qui avaient remonté la piste des suspects.
Ces derniers se seraient rendus coupables de vingt-cinq faits de cambriolages et de vols de voitures depuis décembre 2023, tous commis dans des communes proches de l’agglomération elbeuvienne, comme La Saussaye, Saint-Pierre-des-Fleurs, ou encore Saint-Ouen-de-Pontcheuil.
Au total, six individus, nés entre 2001 et 2009, ont été placés en garde à vue, puis déférés le 12 mars au Tribunal judiciaire d’Évreux. Parmi eux, deux ont été jugés en comparution immédiate sur reconnaissance préalable de culpabilité et condamnés à six mois de prison ferme, avec aménagement. Trois autres prévenus, déjà connus pour des faits similaires, ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils sont convoqués à comparaitre au Tribunal correctionnel d’Évreux, en mai 2024.
Le sixième individu de la bande, un mineur, sera lui convoqué devant le Tribunal pour enfants d’Évreux, en avril 2024.
« Le fait d’avoir une unité concentrée sur cette problématique permet d’agir plus rapidement, estime David Malherbet. Les prélèvements biologiques notamment sont traités dans la foulée. » Les empreintes digitales et autres traces ADN retrouvées par la police technique et scientifique font effectivement partie des deux principaux moyens d’investigation pour les militaires, avec les images de la vidéoprotection assurée par les communes, mais aussi les commerçants et les particuliers.
Une unité éphémère
« Pour nous, c’est un outil de travail très puissant, d’autant qu’il est maintenant couplé à notre nouveau dispositif de reconnaissance faciale. Dès qu’on a des réunions avec les élus, on insiste sur le sujet : il n’y a pas mieux », juge David Malherbet.
Le capitaine de gendarmerie prévient, le GELAC n’a pas vocation à perdurer. « C’est une unité éphémère. Lorsque le phénomène sera enrayé, chacun retournera dans sa brigade. »