Aucune forme de violence n’est anodine
« Ouah ! Ça fait peur… », lâche discrètement Géraldine Genton, de la BPDJ (brigade de prévention de la délinquance juvénile) de la gendarmerie, interloquée par la remarque d’une jeune estimant le scénario des comédiennes peu crédible.
Se retrouver mis à l’écart pour un supposé vol, comme le personnage de leur sketch victime de la vengeance de son ex-petite amie ? « En vrai, ses copains seraient plutôt fiers de lui et rigoleraient », présume la jeune fille.
« Certaines réactions m’ont fait sursauter »
La gendarme l’avouera un peu plus tard à son jeune public, « certaines réactions m’ont fait sursauter ». Les comédiennes aussi. « Y’a du boulot… », murmurait l’un d’elle, face à la réaction d’une collégienne interrogée par sa complice. « Et si je te traitais de pétasse, même d’un air gentil, tu en penserais quoi ? » « Ça ne me toucherait pas… »
Instructive, l’après-midi d’échanges l’a été, hier, au Phare, lors de cet après-midi d’échanges autour des violences verbales ou psychologiques en milieu scolaire. Pour les jeunes comme pour leurs encadrants…
Pour moitié en 5 e à Saint-Joseph, mais aussi venus du collège Paul-Bert, de l’IME (institut médico-éducatif) Grattery ou de la MFR (Maison familiale rurale) de Toucy, une centaine de jeunes ont été sensibilisés à ces violences, qui peuvent parfois tourner au harcèlement. Et avoir de graves conséquences. « Ça peut donner envie de se suicider », réagissait un collégien, qui aura peut-être fait réfléchir certains mieux qu’un long discours.
Insultes ou quolibets répétés, rumeurs : aucune forme de violence n’est anodine, se sont efforcées de convaincre les intervenantes. Surtout quand ces humiliations se répandent sur les réseaux sociaux, comme dans l’un des sketches du Théâtre Forum Exponens.
Dénoncer pareils faits ? Signe de l’inquiétante banalisation de ce qu’on appelle la cyber-violence, cette réflexion d’un collégien : « Si tous ceux qui sont critiqués sur Facebook portaient plainte, ça n’arrêterait pas ! » « On nous rirait au nez… », renchérit une jeune fille.
« Il n’y a pas de raison. Tout le monde a des droits. Et si les gens portaient plus souvent plainte, il y aurait moins de problèmes », rétorque la représentante de la BPDJ. Et d’insister : « Tout se retrouve sur un disque dur, même si on supprime des messages… » L’occasion de rappeler que les victimes ne sont pas les seules à pouvoir « trinquer », la gendarme évoquant les peines encourues, des amendes « jusqu’à 12.000 € », des peines de prison « possibles dès 13 ans. »
De quoi sans doute favoriser une prise de conscience, même si la peur de la sanction ne remplace pas le sens des responsabilités. À en juger par les réactions face au comportement manipulateur d’une comédienne, nombre de jeunes semblent ne pas en manquer. Plutôt rassurant tout de même…
En savoir plus. Pour plus d’informations sur le harcèlement à l’école, voir le site education.gouv.fr
Christophe Pacalet
christophe.pacalet@centrefrance.com