Au sud de Nantes : le gitan voulait « abattre comme des chiens » les gendarmes
Un septuagénaire a été condamné à deux mois de prison avec sursis et à verser des dommages et intérêts à des gendarmes pour les avoir menacés de mort à Saint-Lumine de Coutais.
Par Rédaction Courrier du Pays de Retz
Publié le 20 Avr 21 à 10:47
Un gitan de 71 ans a été condamné lundi 19 avril 2021 par le tribunal correctionnel de Nantes (Loire-Atlantique) pour avoir promis aux gendarmes de Saint-Philbert de Grand Lieu de « prendre un fusil » et les « abattre comme des chiens », le 6 juin 2020, lors de leur venue sur le camp de sa famille, à Saint-Lumine de Coutais.
Les militaires intervenaient initialement pour une simple « admonestation gendarmesque », selon les mots de la présidente du tribunal correctionnel de Nantes. Ils voulaient en fait juste faire déplacer « un dépôt de terre entreposé dans un endroit non approprié ».
Père abattu il y a 20 ans
Problème : le septuagénaire est aussi le père d’un homme qui a été abattu par les gendarmes de la Brigade de recherches (BR) de Rezé en marge d’un cambriolage, plus de vingt ans auparavant… Cet homme décrit comme « très sensible » s’était donc « énervé » quand il avait vu les militaires avec « la main sur le pistolet » à la ceinture.
Dans cette affaire, le parquet avait d’abord opté pour un rappel à la loi par un officier de police judiciaire (OPJ) : l’homme n’avait été condamné qu’une fois, pour une affaire de « travail dissimulé » en 2011. Mais le procureur s’était ravisé et avait renvoyé le septuagénaire devant le tribunal suite à la probable opposition des victimes.
Trois gendarmes à l’audience
À l’audience, les trois gendarmes réclamaient donc 450 € de dommages et intérêts chacun.
« Il s’est montré tout de suite agressif, est monté très vite dans les tours… Je me suis sentie en insécurité ».Une gendarme
« Il avait la volonté de faire dégénérer le contrôle, et usait du côté théâtral de la communauté des gens du voyage », a ajouté son chef de patrouille.
« Je peux comprendre que ce soit douloureux que son fils ait été abattu, mais aucun d’entre nous n’était là à l’époque… Il aurait pu faire en sorte que son fils se comporte mieux. »Le chef de patrouille
La parole à la défense
« Je ne peux pas laisser dire ça : même vingt-deux ans après, on peut encore avoir de la peine et en vouloir aux gendarmes pour la mort de son fils », a recadré Me Stéphanie Salau, l’avocate du septuagénaire.
« Certes, cette famille est connue, les gendarmes n’arrivent pas chez eux comme s’ils venaient chez M. Martin ou M. Durand, mais il faut comprendre ce monsieur : il a une sensibilité exacerbée et a les nerfs à fleur de peau. Mais mon client a autre chose à faire que de tomber sur les gendarmes : il s’occupe de sa femme et il est le tuteur de son fils schizophrène. »Stéphanie SalauAvocate de la défense
Pour toutes ces raisons, elle avait donc appelé la juge à « réduire vraiment », et « dans de très très notables proportions » les demandes de dommages et intérêts.
Deux mois avec sursis
La présidente du tribunal correctionnel de Nantes a donc prononcé deux mois de prison avec sursis et 150 € de dommages et intérêts pour chacun des militaires, une somme qui correspond à la « jurisprudence habituelle du tribunal en la matière ».