Aix : étudiants, ingénieurs, profs ou commerciaux dans le civil, ils sont aussi gendarmes à mi-temps
Dans le civil, ils sont étudiants, ingénieurs, profs ou commerciaux. Mais sur leurs jours de repos, ils enfilent l’uniforme pour rejoindre la réserve opérationnelle de la Gendarmerie nationale
Mains dans le dos, tête haute, tenue « 32 » impeccable (polo manches courtes, pantalon d’intervention, chaussures montantes et bonnet de police, dixit le règlement), ils se redressent aussitôt sur ordre de leur commandant. Dans quelques minutes, ces 69 gendarmes prêteront serment devant les magistrats du tribunal de grande instance pour devenir agent de police judiciaire adjoint (APJA). Puis ils retourneront au travail… dans le civil.
Le temps d’ôter le polo bleu, les revoilà ingénieur chez Airbus, étudiant en licence, transporteur routier ou enseignant…
Ces hommes mais aussi ces femmes font partie de la réserve opérationnelle de la gendarmerie. Désormais APJA, après une formation dispensée en ligne, sanctionnée par un examen, ils peuvent désormais effectuer la plupart des missions confiées à leurs collègues d’active.
À la différence qu’eux, ne revêtent l’uniforme que par intermittence. Plutôt quand ils le peuvent, 10 jours par an, au minimum et jusqu’à 120 au maximum (en moyenne, c’est une vingtaine). Ils passent une partie de leur temps libre sous les drapeaux, au sein des brigades territoriales, le plus souvent, et dans le même uniforme que leurs collègues d’active.
Anciens pompiers ou militaires souhaitant prêter la main à la retraite, étudiant attirés par le métier, cadres ou salariés désireux de goûter à l’uniforme, ils sont près de 600 dans le département (pour 1130 gendarmes d’active) à répondre ponctuellement aux besoins. Tout se passe à distance, via un outil de gestion en ligne, Minautor, sur lequel ils indiquent leurs disponibilités, avant d’être affectés à une mission.
Prof de maths le jour, chef d’escadron la nuit
« On retrouve tous les milieux socio-professionnels, et pour eux c’est vraiment un deuxième métier, voire une première expérience professionnelle pour certains jeunes, puisqu’on recrute de 18 à 40 ans. C’est quelque chose qui est apprécié par les employeurs, et côté gendarmerie, on a vraiment besoin d’eux ! », explique le commandant du groupement, le colonel Benoît Ferrand, qui constate que « s’il y a toujours eu une demande assez soutenue de la société civile, ça s’est accru à la suite des attentats. Mais dans le même temps, il y a eu aussi une volonté, de la part du gouvernement, d’augmenter la garde nationale – du moins les deux années précédentes. »
Le patron des gendarmes du département devrait ainsi pouvoir compter sous peu – c’est budgété – sur un effectif de 648 réservistes.
Car outre le paquetage complet, ces « gendarmes du week-end » ne sont pas bénévoles, mais indemnisés, à partir de 48€ net par jour. « Quand vous vous levez à 4h du matin, pour aller sécuriser le passage du Tour de France et rentrez le soir à 19h, ça peut faire de belles journées », prévient le commandant Christophe Monier, qui malgré ses galons de chef d’escadron, est réserviste, lui aussi, depuis vingt-deux ans.
Lorsqu’il n’encadre pas les nouveaux venus, il enseigne… les maths et les sciences dans un lycée professionnel. « Mais je n’en parle pas aux élèves« , sourit l’officier de 47 ans, fils de réserviste, lui aussi, qui s’il ne souhaitait pas faire carrière, voulait « garder le lien ».
« Ça m’a apporté beaucoup, maintenant, c’est à moi de transmettre, poursuit Christophe Monier. On ne peut pas parler de passion… mais on n’en est pas loin. »