L’appel au secours des gendarmes
AISNE. « Nous sommes face à un phénomène hors du commun. Nous avons une poussée des cambriolages, surtout depuis la fin du mois d’août, concède le colonel Bruno Louvet. Il y en a partout, dans tout le département, aucun arrondissement n’est épargné. Toutes les communes sont susceptibles d’être touchées. Les voleurs sont extrêmement mobiles. Nous avons 780 communes en compétence gendarmerie et clairement, je ne peux pas mettre un gendarme dans chaque commune. »
Hier, dans la salle des boiseries de la préfecture, l’heure n’était pas aux réjouissances et autres congratulations. La situation est telle (déjà 2 325 cambriolages depuis le début de l’année, dont la très grande majorité en zone rurale) que les forces de l’ordre à elles seules semblent incapables de pouvoir endiguer le phénomène : « J’appelle à une prise de conscience de la population. Si on ne bénéficie pas de ce relais, si les habitants ne peuvent pas être nos yeux et nos oreilles, ce sera extrêmement compliqué. On subira ce phénomène encore longtemps », a-t-il poursuivi.
Prise de conscience
Pierre Bayle, préfet de l’Aisne, ne cesse de multiplier la communication sur le sujet, ces dernières semaines afin de susciter « une prise de conscience des Axonais. Le danger de se faire cambrioler est bien réel sans verser dans la psychose.
Personne, aujourd’hui, n’est à l’abri. Les cambrioleurs pour l’heure s’arrêtent aux portes des villes du département. » Il y a une hausse, certes en zone police, mais contenue. « Trop de cambriolages sont encore facilités par la fenêtre des toilettes ou de la salle de bain laissée ouverte, par un jeu de clé laissé sous le paillasson, ajoute le préfet. Il faut penser à photographier les numéros de séries. En cas de vol, vos objets sont identifiables et cela facilite la procédure auprès des assurances. »
Quant au butin, il pourrait être bien moindre si les Axonais se décidaient à ne pas garder trop de liquidité chez eux, ou trop d’objets de valeur comme des Louis d’or. Tous les maires vont être sollicités pour qu’ils sensibilisent leurs administrés dans leur bulletin municipal, ainsi que les centres communaux d’actions sociales, les sociétés d’aides à la personne ou de portage à domicile. Car la lutte contre les cambriolages est l’affaire de tous. « Le réflexe 17 », martèle le préfet, au moindre bruit suspect, au moindre comportement louche. À Soissons, ce réflexe a permis aux policiers d’arrêter un voleur.
« Le 31 octobre, une personne, qui habite au-dessus d’un cabinet vétérinaire, a entendu du bruit en pleine nuit et nous a appelés. On a arrêté le cambrioleur dans la rue, il avait commis trois cambriolages au cours de la nuit », fait savoir le commissaire divisionnaire Benoît Desferet.