Le Schumacher d’opérette se fait confisquer sa voiture
« Il a franchi la ligne jaune. » Le procureur de la République, Norbert Dornier, n’a guère goûté, hier au tribunal correctionnel de Nice, la conduite d’un jeune automobiliste de Breil-sur-Roya. Pas plus que le tribunal, qui a décidé de lui confisquer son véhicule qui sera attribué à la gendarmerie… Un jugement rarissime dans ce type d’affaire.
Le 17 novembre, après avoir bu plusieurs verres en Principauté de Monaco, B.H, 25 ans, reprend malgré tout la route. Au volant d’une voiture haut de gamme et puissante, une Audi S3, il s’engage alors dans une invraisemblable course avec un autre véhicule, conduit par un ami. Et ce, sur la basse corniche, un axe très fréquenté.
En arrivant à Cap d’Ail, tous deux tombent sur un contrôle de gendarmerie. Si l’ami répond aux injonctions des gendarmes, B.H., le pilote de l’Audi, fait demi-tour en franchissant une ligne blanche, puis un sens interdit, et s’échappe. Il est retrouvé quelques jours plus tard. Confronté aux enquêteurs, il nie. Prétend qu’il n’a rien à voir avec cette affaire, que son véhicule a été victime de la technique de la doublette. Une méthode qui consiste à copier un vrai numéro de plaque d’immatriculation et à le coller sur un véhicule volé de même type.
Confondu par son compte Facebook
Le jeune chauffard avait même prétendu ne pas connaître celui avec lequel il jouait les Schumacher d’opérette. Sauf que les gendarmes, eux aussi, vont sur Facebook… Une simple consultation de son compte sur le célèbre réseau social permettra aux forces de l’ordre de découvrir immédiatement qu’ils se connaissaient très bien. Au bout de deux jours d’investigations, les gendarmes n’ont plus de doutes.
Placé en garde à vue, il reconnaîtra finalement les faits. Il comparaissait hier détenu. Dans le box, B.H. offre l’apparence d’un jeune homme bien sous tous rapports. Il travaille dans l’entreprise de son père et présente la mine déconfite de celui qui sait qu’il a commis une grosse bêtise. «Vous rendez-vous compte que vous auriez pu tuer quelqu’un lors de cette course avec votre ami et lors de votre fuite », interroge sévèrement David Hill, président du tribunal.
« Je le sais. J’avais bu. En voyant les gendarmes, j’ai été pris de panique, je ne voulais pas être arrêté. J’ai commis une très grave erreur. »
Le procureur Dornier fustige un comportement « inadmissible ».Et propose de taper « là où ça fait mal, c’est-à-dire de saisir le véhicule et de l’attribuer aux services de gendarmerie ».
Son avocat, Me Sébastien Zaragoci, plaidera l’énorme bêtise manifeste. « Une suspension du permis, oui, une amende, oui, mais lui confisquer la voiture, ça fait un peu beaucoup… » Pas pour le tribunal, qui l’a condamné à deux amendes de 500 euros et a donc décidé de faire saisir le bolide estimé entre 40 000 et 45 000 euros…
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