Midi Libre donne la parole aux moustachus du Gard rhodanien
En novembre, porter la moustache est non seulement tendance, mais surtout un acte engagé dans le cadre de Movember, qui invite tous les hommes à se parer de bacchantes en signe de lutte contre le cancer de la prostate. Midi Libre donne la parole à de vrais moustachus du Gard rhodanien.
Presque indissociable de l’uniforme qu’il a choisi de revêtir voilà nombre d’années, la moustache que porte Alexandre Dryjer, commandant en second de la compagnie de gendarmerie de Bagnols-sur-Cèze, s’est imposée dès l’adolescence. « La majorité des hommes autour de moi avait une moustache. À vrai dire, je ne me suis même pas posé la question. Ça relevait de l’évidence. »
Sous la commissure des lèvres
Un choix dont il mesure la pertinence quand il rentre dans la gendarmerie et qu’il se rend compte de l’autorité innée que confère cette dernière. Enfin, à condition qu’elle soit bien portée. « Un militaire doit être propre et carré. C’est pour cela que dans le règlement de la gendarmerie il est stipulé que la moustache ne doit pas descendre en-dessous de la commissure des lèvres, par exemple ».
Fuyez, y’a les moustaches !
D’ailleurs, pendant très longtemps, les bacchantes ont été obligatoires pour les gendarmes. À tel point qu’à la place du désormais connu « il y a les keufs », les bandits d’alors s’écriaient « Attention y’a les moustaches ». Pas très étonnant que l’on trouve encore, notamment dans les bandes dessinées ou les caricatures, les militaires représentés avec la moustache. « Alors, en effet, ça colle très bien avec mon métier », sourit le commandant. Pourtant, même s’il avoue que sans elle, il aurait l’impression d’avoir perdu quelque chose, après 38 ans de cohabitation fidèle, il affirme : « Si je n’en avais pas, ça ne me changerait pas. Je pense surtout que ça ferait un choc à mon entourage. Personnellement, je ne passe pas mes journées à me regarder dans un miroir ».
D’emblée, il avoue que « sur les autres hommes », la moustache, il n’aime pas trop ça. Pourtant, le maire de Tresques, Alexandre Pissas, la porte depuis qu’il est âgé de 26 ans. « J’ai eu à cette époque, en juin 1977, un grave accident de la route qui m’a conduit à l’hôpital avec l’interdiction de me servir de mon cher rasoir électrique à cause d’une plaie de la cornée qui aurait pu me coûter mon œil. Au fil des jours d’hospitalisation, je me suis donc retrouvé à porter contraint et forcé barbe et moustache. » De retour chez lui, le jeune homme d’alors se rase la barbe, mais entre flemme passagère et sentiment d’avoir frôlé la mort, il garde la moustache.
Tous les quinze jours chez le coiffeur
« Trois mois plus tard, je rencontrais mon épouse, elle tombait enceinte et quelque part je pense qu’à partir de ce moment, ma moustache a été le symbole de ces joies profondes. Je n’ai plus jamais songé à m’en séparer. C’est peut-être inconsciemment une sorte de porte-bonheur, même si on est loin des cheveux de Samson. » En revanche, au fil des années, elle s’est modifiée en fonction des modes et des envies de son propriétaire qui, ces dernières années, l’a portée «comme Clark Gable, même si je ne lui ressemble pas. » Les années passant, et les poils blancs se faisant légion, Alexandre Pissas avoue se rendre « tous les quinze jours chez le coiffeur pour qu’il la taille parfaitement ».
Dans le clan de Christophe Serre, le maire de Saint-Paulet-de-Caisson, que ce soit du côté paternel ou maternel, la moustache est une histoire de famille. « Mon grand-père paternel portait la même que moi. » Alors, il n’a pas franchement été question de choisir ou non de porter les bacchantes. « Depuis que j’ai des poils, je porte la moustache. Et sincèrement, aujourd’hui, je ne me verrai pas sans elle. » D’ailleurs, depuis l’adolescence, sa moustache ne l’a jamais quitté. « Je pense avec le recul qu’elle m’a permis de cacher ma timidité. Même si, du coup, à cause d’elle, certains me prêtent une image sévère et autoritaire. Mais quand on me connaît, on se rend vite compte que ce n’est pas vrai! » Côté entretien, il avoue apprécier confier cet appendice à son coiffeur, « mais je suis équipé d’une tondeuse, pour les retouches ».
La moustache jusqu’à son dernier jour pour le sculpteur Bonnaventure
Pour Jean-Paul Bonnaventure, sculpteur a établi à Tresques, porter une bacchante relève de l’évidence. « Je l’ai depuis que je suis en âge d’avoir des poils. J’ai toujours considéré que c’était un attribut masculin. Non pas qu’avec mes 1,85m, j’ai besoin de virilité, mais quelque part je trouve que ça va de paire avec l’homme. » D’ailleurs, depuis qu’il porte la moustache, l’artiste ne l’a rasée que deux fois. Et se rappelle exactement quand. Dont une fois, en Polynésie, à l’occasion d’une soirée déguisée. « J’avais choisi de me déguiser en prostituée. À cette occasion, je m’étais rasée la moustache mais aussi les poils des jambes. Et vraiment, j’ai eu la sensation de me sentir tout nu. C’est très désagréable. »