Budget 2013: la gendarmerie tire le diable par la queue
Manuel Valls et le général Denis Favier, directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) le 25 septembre 2013 à Paris
Report probable du paiement des loyers pour leur logements, moins de carburant pour des véhicules de plus en plus vétustes: les 100.000 gendarmes peinent à boucler leur budget 2013 de fonctionnement et d’équipement.
Lors de son audition récente devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, le général Denis Favier, directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) avait attiré l’attention sur les «véritables difficultés» engendrées par un «budget sous tension» et «amplifiées par les divers +gels+ et +surgels+ de crédits».
Ces «gels et surgels», qui touchent le budget de tous les ministères sont une «réserve de précaution», bloquée en début d’année, qui permet au ministère concerné de faire face à des aléas importants survenant en cours de gestion. Cette mise en réserve de crédits était toujours finalement levée par Bercy, plus ou moins tôt dans l’année pour la gendarmerie, mais toujours pas pour cette année.
Le général Favier, qui avait mené l’assaut du GIGN pour libérer les otages de l’Airbus à Marignane en 1994, est cette fois-ci face à Bercy, un adversaire d’un tout autre ordre mais coriace.
«Nous sommes dans une situation difficile», avait-il confié aux députés le 16 octobre, précisant n’avoir pu passer cette année de commandes ni pour des véhicules ni pour des ordinateurs, sans compter les dépenses d’énergie, comme le chauffage, pour lesquelles il manque 16 millions d’euros. Quant au volume d’essence disponible pour les 30.000 véhicules de gendarmerie, il est en baisse de 6 % rapport à 2012, selon une source proche du dossier.
Plus grave, le général Favier avait ajouté que «pour continuer d’assurer le bon fonctionnement des unités», il serait conduit à reporter le paiement des loyers aux collectivités locales. Le statut des gendarmes prévoit qu’ils soient logés gratuitement dans des immeubles appartenant au domaine de l’Etat ou aux collectivités locales, les loyers étant réglés par la gendarmerie.
Les effectifs épargnés
«La seule variable d’ajustement dont dispose le DGGN, c’est donc le report du paiement des loyers dès la fin de ce mois», souligne une source proche du dossier. Cette source ajoute que pour «un renouvellement normal du parc automobile de la gendarmerie, il faudrait en commander 2.000 par mois».
«Un véhicule de gendarmerie a une durée d’utilisation prévue en moyenne de 150.000 à 200.000 km. On peut le pousser jusqu’à 300.000 km à condition d’avoir beaucoup d’argent pour l’entretien …», relève un officier de gendarmerie qui se dit «de plus en plus réduit à gérer la misère».
«La situation actuelle des dépenses de fonctionnement et d’équipements est inédite et plus que tendue», résume la source proche du dossier, même elle ne concerne pas cette année le niveau des effectifs.
«La gendarmerie a atteint un seuil», avait dit le général Favier aux députés. «Après avoir été malmenée par la RGPP (révision générale des politiques publiques du précédent gouvernement), avec une baisse de 6.700 effectifs entre 2008 et 2012, la baisse des effectifs a cessé cette année», avait-il relevé.
Mais «si elle a su conserver ce qui fait son essence», avait résumé le DGGN, la gendarmerie «présente aussi des fragilités qu’il faut mesurer avec lucidité».
L’Association gendarmes et citoyens du coup a ironisé, dans un communiqué publié dimanche, sur le thème «Le Directeur de la gendarmerie satisfait que la gendarmerie ait su conserver ce qui fait son essence mais regrette qu’elle n’ait plus les moyens d’acheter son carburant».
Mais il y a tout de même une lueur d’espoir, selon le général Favier: le «budget 2014 est responsable et cohérent car il promet «modernisation» et recrutement de personnels.
Source : www.liberation.fr/societe
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