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Le - « Le refus d’obtempérer, je l’ai de plus en plus dans un coin de ma tête », confie un gendarme victime en 2023

« Le refus d’obtempérer, je l’ai de plus en plus dans un coin de ma tête », confie un gendarme victime en 2023

Selon le ministère de l’Intérieur, les refus d’obtempérer ont reculé de 5 %. Dans les Ardennes, pas de baisse mais une stabilité. Un gendarme, victime en août 2023, témoigne.

Gendarme au PMO de Rethel depuis 14 ans, le motard avait été poussé contre la glissière de sécurité à plusieurs reprises.
Gendarme au PMO de Rethel depuis 14 ans, le motard avait été poussé contre la glissière de sécurité à plusieurs reprises. – Archives l’union

Par Corinne Lange

Publié:10 septembre 2024 à 18h15

Modifié:10 septembre 2024 à 19h05

Selon le ministère de l’Intérieur, en 2023, parmi les 4 900 refus d’obtempérer « aggravés », 10 % ont mis en danger des policiers ou des gendarmes. Le 20 août 2023, Luc (*), un gendarme du PMO (Peloton Motorisé) de Rethel sait qu’il a échappé au pire alors que lui et ses collègues procédaient à un contrôle sur l’autoroute A34 au niveau de Poix-Terron.

Un écart au dernier moment

Un an plus tard, Luc se souvient encore de ce refus d’obtempérer. « Cela fait 23 ans que je suis en gendarmerie et 14 ans au PMO de Rethel, pas question de prendre des risques inconsidérés. Ce dimanche soir, il est environ 18 h 30, le contrôle s’inscrivait dans le cadre du Cabaret vert. J’étais à moto, avec le véhicule rapide d’intervention en appui. »

Les militaires repèrent une voiture au pare-chocs cassé. Ils décident de le contrôler, enclenchent le gyrophare et actionnent le signal sonore. « On a fait signe au conducteur de nous suivre au niveau de la bretelle de sortie. Il a fait mine de s’exécuter mais au dernier moment, il a fait un écart et a repris l’autoroute à vive allure. » Luc a repéré qu’ils étaient trois dans la voiture, une 307. « Avec ce refus d’obtempérer, il a mis en danger ses passagers et lui, les gendarmes et les autres usagers de la route. »

Il y a trois mois, un ancien collègue des Ardennes, muté dans le Sud, a été blessé lors d’un refus d’obtempérer par un gamin de 16 ans

Luc, gendarme au PMO de Rethel

La vitesse du véhicule est estimée à 160 km/h. À plusieurs reprises, le conducteur frôle la moto du gendarme et la pousse vers la glissière de sécurité« Dans le feu de l’action, on ne pense pas au danger juste à mener notre mission à bien. Mais aujourd’hui, le refus d’obtempérer, je l’ai de plus en plus dans un coin de ma tête. Il y a trois mois, un ancien collègue des Ardennes muté dans le sud a été blessé lors d’un refus d’obtempérer par un gamin de 16 ans. On ne peut pas travailler tous les jours avec la boule au ventre… » confie Luc.

Ce 20 août 2023, les militaires de la gendarmerie ont bénéficié de l’appui d’un hélicoptère qui survolait les Ardennes dans le cadre d’une disparition inquiétante. « Le conducteur a fait plusieurs dizaines de kilomètres avant d’abandonner son véhicule et ses passagers. Il a été repéré se dissimulant dans un marais. » Un contrôle qui aurait pu mal tourner, le gendarme du PMO de Rethel le sait. « D’autant qu’avec la plaque d’immatriculation et l’enquête, on aurait fini par l’identifier et l’interpeller, ce n’était qu’une question de temps. »

14 mois de prison ferme

Le chauffard est un Rethélois de 33 ans, bien connu de la justice avec 19 condamnations à son actif, notamment pour des délits routiers. Le 20 août 2023, il cumulait les infractions : véhicule non-assuré, contrôle technique non valable, non titulaire du permis de conduire et positif aux stupéfiants. Incarcéré pour purger d‘autres peines, il a été jugé un mois plus tard et condamné à 14 mois de prison sans aménagement. « Des refus d’obtempérer ? On y fait face au moins une fois par mois, c’est devenu notre quotidien. »

(*) Prénom d’emprunt pour garantir l’anonymat du gendarme soumis au devoir de réserve.

À savoir

Le 26 août 2024, Éric Comyn, un gendarme décède après avoir été percuté à la suite d’un refus d’obtempérer à Mougins. Près de 30 000 refus d’obtempérer ont été recensés par les forces de l’ordre en 2022.

Dans les Ardennes, en 2023, 93 refus d’obtempérer ont été recensés (45 en zone police et 48 en zone gendarmerie) aet un total de 24 véhicules placés en fourrière. Au 31 août 2024, 36 refus d’obtempérer en zone police et 41 en zone gendarmerie et 17 véhicules placés en fourrière.

Dans la Marne, en 2023, 132 refus d’obtempérer en zone gendarmeie et 64 en zone police. En 2022, 111 et 62 procédures enregistrées. 10 véhicules ont été saisis en 2023 contre 1 en 2022.

Sur les quatre parquets Marne et Ardennes, en 2023, 148 affaires ont été traitées avec 125 affaires poursuivables dont 107 poursuites et 16 alternatives aux poursuites. En 2024, 135 affaires traitées avec 112 affaires poursuivables dont 93 poursuites et 19 alternatives aux poursuites.

Source : www.lardennais.fr

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