Noyon. Joachim Lopez interpellé ivre dans… la brigade de gendarmerie après une série de vols
De cour en cour, le voleur a atterri dans celle de la brigade de gendarmerie. Les militaires n’ont eu qu’à le cueillir…
3 JANVIER 2024
C’est un «véritable périple infractionnel», selon les mots du procureur Guillaume Theobald, que le tribunal de Compiègne avait à juger ce mardi 2 janvier, pour sa première audience de l’année. Dans le box des prévenus, escorté par deux gendarmes, Joachim Lopez, 31 ans et de nationalité dominicaine, est présenté à ses juges en comparution immédiate. Sortant tout juste de garde à vue, déferré le matin-même, il lui est aujourd’hui reproché plusieurs vols et tentatives de vols, mais aussi de s’être introduit dans l’enceinte de la brigade de gendarmerie de Noyon. Six infractions au total qui lui vaudront huit mois de prison ferme, avec mandat de dépôt.
Il passe d’une cour à l’autre…
Tout débute deux jours plus tôt, pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Joachim Lopez, ancien ouvrier en formation sur le chantier du canal Seine-Nord, passe la soirée du nouvel an chez des amis, à Pont-L’Evêque. Le jeune homme y joue alors les disc-jockeys tout en s’alcoolisant. À lui seul, il boit ce soir-là deux bouteilles de vin. Et c’est tout ce dont il prétend se souvenir.
«Plus tard, je me suis réveillé et je me suis retrouvé en cellule. C’est le trou noir, je me souviens plus de rien», affirme-t-il aujourd’hui à ses juges. Quittant seul la soirée de réveillon sans savoir comment, Joachim Lopez rejoint bientôt à pied la commune voisine de Noyon, escalade un mur et se retrouve dans la cour d’une première maison.
Là, il ouvre un véhicule, se met à le fouiller, emportant avec lui ce qu’il peut emporter. Puis Lopez passe à la cour voisine et cette fois brise une porte vitrée afin d’accéder au logement. À cette occasion, le voleur se blesse à la main. La maison est inoccupée mais Lopez y dérobe des armes de air-soft et plusieurs katanas.
Puis il franchit un nouveau mur et se retrouve dans une troisième cour particulière, ascension au cours de laquelle il laissera tomber au sol son blouson ainsi que l’un des katanas dérobés quelques instants plus tôt. Enfin, la dernière escalade le conduit directement dans la cour de la brigade de gendarmerie de Noyon.
Interpellé dans la cour de la gendarmerie
C’est alors que Lopez, toujours ivre, jette son dévolu sur le véhicule personnel d’un gendarme, voiture qui n’était pas verrouillée. De nouveau, il se met à fouiller dans l’habitacle. Il est 5h50 lorsque des gendarmes de la brigade sortent de leur domicile pour se rendre en intervention. Au milieu de la cour de la brigade, ils aperçoivent alors le véhicule de leur collègue, déplacé de plusieurs mètres et les feux de détresse en fonctionnement.
Par ailleurs, quantité d’objets volés, ceintures, écharpes, câble USB, paire de chaussettes, jeux de cartes, console de jeu, sont dispersés dans l’enceinte de la cour de la brigade. Pour le dire autrement, le voleur s’est lui-même livré au domicile des gendarmes. Joachim Lopez est interpellé, puis placé en garde à vue. Invalide à 50% suite à un coup de couteau reçu en 2017, condamné par le tribunal de Point-à-Pitre pour vol par escalade en 2018, le prévenu du jour n’offre, selon le procureur, que peu de garantie de représentation. Toujours selon le parquet, Lopez aurait tenté cette nuit-là de pénétrer dans l’un des logements de la brigade. «Des faits d’une certaine gravité», pour lesquels sont requis 6 mois de prison ferme, avec mandat de dépôt.
Huit mois de prison ferme
Pour Me Sabine Thoma-Brunière, l’avocate de Joachim Lopez, son client a été cette nuit-là «victime de son alcoolisation et n’avait aucune volonté de nuire à qui que ce soit». Elle plaide un sursis probatoire.
Mais le tribunal l’entend différemment et va au-delà des réquisitions du parquet. Reconnu coupable de « vol, tentative de vol, et entrée, séjour ou circulation non autorisée sur un terrain ou dans une construction affecté à l’autorité militaire ou placé sous son contrôle », Joachim Lopez est condamné à huit mois de prison ferme, avec mandat de dépôt. En outre, il devra s’acquitter d’une amende de 750 euros, et devra verser 4.000 euros à l’une des victimes, au titre de son préjudice matériel et moral.
Il a été incarcéré à l’issue de l’audience et a dix jours pour faire appel.