Relève de la Garde républicaine à Paris : « C’est aussi une attraction touristique »
Pour la première fois depuis 1996, la relève de la Garde républicaine s’est faite en public devant le palais de l’Élysée.
Par Samuel Vivant
Publié le 7 Nov 23 à 18:20
Tambour battant, les bottines ferrées de la Garde républicaine claquent contre le goudron de la rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris. Ce mardi 7 novembre 2023, seize militaires du 1ᵉʳ régiment d’infanterie défilent en cadence devant Emmanuel Macron, président de la République, et — pour la première fois depuis 1996 — devant un public.
Un effectif miroir pointe à l’angle de la rue de l’Élysée : la relève. Après les saluts militaires, les deux chefs de section échangent des consignes internes. Les informations murmurées sont confidentielles (il a été demandé aux journalistes de baisser les perches). Ensuite, direction la cour d’honneur pour la garde dite « montante », celle qui assurera la protection du chef de l’État pour les 24 prochaines heures.
Un rituel chaque premier mardi du mois
Sans doute, Emmanuel Macron avait à cœur de faire renouer les Français avec une partie de leur histoire, en rendant à nouveau publique la relève de la Garde républicaine. Ce remplacement avait jadis lieu tous les jours à 7h45, entre 1909 et 1996, avant que Jacques Chirac ne le confine dans l’enceinte du palais présidentiel. Le rituel républicain est désormais ouvert au public tous les premiers mardis de chaque mois.
« C’est un beau cérémonial à montrer aux jeunes, soutient Éric, ancien réserviste de l’armée de l’air. Il est toujours bon de rappeler qu’il y a aussi des traditions en France, et pas seulement en Angleterre… ». « L’architecture de l’Élysée, le folklore… C’est aussi une attraction touristique », ajoute Elise, justement en vacances à Paris.
Difficile, en effet, de ne pas penser au roulement des guards du palais de Buckingham, immanquable étape des visiteurs de Londres, charmés par la discipline stoïque des militaires à coiffe d’ours.
Une cérémonie qui « participe à la grandeur de la France »
Côté apparat, leurs équivalents français n’ont pas à rougir. Avec sa plaque de shako surmonté d’un plumet, ses gants d’infanterie immaculés et ses dorures méthodiquement astiquées, le garde républicain donne dans le pittoresque. Quitte à être un brin désuet ?
« C’est-ce qu’on peut reprocher, en général, aux traditions, reconnait Damien, membre de la garde montante. Mais c’est perpétrer quelque chose qui participe à la grandeur de la France. On recrée du lien avec le public autour d’une unité qui est aussi appréciée pour son aspect culturel ».
Car outre ses missions de sécurité, celle qui fut autrefois la « Garde républicaine de Paris », contribue « au rayonnement international de la France » et compte dans ses rangs « deux formations musicales de très haut niveau », peut-on lire sur le site de la gendarmerie.
En 2013, la Cour des comptes estimait même que les « missions de la Garde répondent davantage à des objectifs de prestige qu’à des besoins de sécurité ». Ces unités emblématiques ne seraient ainsi pas capables de faire face, à eux seuls, à des « tentatives d’intrusions organisées ». Faisant penser à l’institution qu’une réduction budgétaire est envisageable. Car selon le chiffrage des Sages de la rue Cambon, cette élite martiale à un coût : 280 millions d’euros annuels.