Codes de la route frauduleux : un trafic d’ampleur nationale démantelé par les gendarmes de Vesoul
C’est un trafic d’ampleur nationale que les gendarmes de Vesoul viennent de démanteler. À partir du témoignage d’un Vésulien, ils vont mettre en évidence que 1 400 personnes, sur toute la France, ont obtenu leur code de la route en échange d’argent. Derrière cette fraude : le gérant d’un centre d’examen de l’enseigne Dekra, situé dans le Val-de-Marne (94), et des réseaux de « rabatteurs » organisés.
Pauline Prin
Hier à 20:54 | mis à jour aujourd’hui à 20:24
L’affaire, révélée par les gendarmes de la communauté de brigade de Vesoul, est d’ampleur nationale. Au terme de leurs investigations, menées depuis mai dernier, ils ont mis au jour un vaste trafic de codes de la route, obtenus illégalement contre de l’argent.
Tout commence par le témoignage d’un Vésulien, début mai 2023. Celui-ci montre aux gendarmes de Vesoul comment il est possible d’acheter son code de la route via une application de messagerie cryptée, type Telegram.
Trois Vésuliens à la tête du réseau localement
Pour obtenir le précieux sésame, qui permet ensuite d’accéder à l’examen du permis de conduire, pas besoin de se présenter dans un centre d’examen. Plusieurs réseaux de rabatteurs en France se chargent de tout. En Haute-Saône, trois Vésuliens sont identifiés comme étant la tête du réseau localement. Le procédé est simple : les fraudeurs versent la somme demandée à l’un de ces Vésuliens qui se charge de l’inscription, en ligne, auprès d’un centre d’examen. Ce dernier envoie ensuite par mail une copie de l’examen du code « réussi ».
1 400 codes obtenus illégalement
Les trois Vésuliens, placés en garde à vue mi-juillet, ont reconnu leur participation à ce réseau. Ils auraient ainsi permis à une cinquantaine de Haut-Saônois d’obtenir illégalement leur code de la route. Au niveau national, les enquêteurs ont recensé 1 400 fraudeurs. Selon la gendarmerie, ce nombre pourrait rapidement doubler.
Les fraudeurs décrochaient ainsi leur code sans jamais le passer, en échange d’une somme allant de 250 à 600 euros.
Les enquêteurs de Vesoul se sont rapidement orientés vers la piste d’un centre d’examen qui validait tous ces codes. Il s’agit d’un centre appartenant à l’enseigne Dekra, situé dans le Val-de-Marne (94).
120 000 euros de bénéfices pour le gérant du centre
Le gérant et unique salarié de ce centre Dekra du Val-de-Marne vendait les codes à ses « rabatteurs », entre 130 et 80 euros l’unité. Il a été interpellé et placé en garde à vue dans son centre, le 13 septembre, et a reconnu l’intégralité des faits qui lui sont reprochés. Son « business » plutôt très juteux lui aurait permis d’acquérir environ 120 000 euros. Les gendarmes de Vesoul indiquent qu’une importante somme d’argent a été saisie à son domicile.
Les fraudeurs amenés à perdre leur permis
Le centre concerné a immédiatement été fermé par la direction de Dekra, le 13 septembre dernier. La liste des fraudeurs présumés a été transmise par le procureur de la République à toutes les préfectures de France, afin de retirer le bénéfice des examens et, de facto, le permis de ceux qui l’ont obtenu.
Dans les semaines qui viennent, ce sont donc au moins 1 400 personnes au niveau national, qui sont susceptibles de perdre leur permis de conduire.
Au-delà de l’ampleur de cette fraude, et face à l’accidentologie en hausse dans le département de la Haute-Saône, c’est avant tout l’enjeu de sécurité routière qui préoccupe plus particulièrement les gendarmes.
