Témoignage : un gendarme raconte le sauvetage de deux migrantes dans la Manche
Mercredi 23 août 2023 à 20:53
Mercredi 23 août, à Boulogne, des gendarmes et policiers ont sauvé la vie à une mère et sa fille, alors qu’elles étaient en train de se noyer au large de la plage du Portel. L’un des gendarmes nous raconte ce sauvetage in extremis.
Des températures chaudes et peu de vent… les conditions météorologiques actuelles sont tristement favorables aux traversées de la Manche. Elles étaient pourtant en baisse entre janvier et août, par rapport à l’année 2022, elles repartent aujourd’hui à la hausse.
Ces tentatives sont très dangereuses, avec des issues souvent tragiques. Mais cette fois, un drame a été évité grâce à l’intervention des gendarmes et des policiers, comme le gendarme Pierre-Marc, de la brigade d’Écuires, qui a accepté de partager son témoignage.
C’est vers 5h du matin, au début de son service, que Pierre-Marc remarque une embarcation sur la commune d’Étaples; avec une dizaine d’individus à son bord. Le bateau se dirige vers la plage du Portel, où une cinquantaine de migrants patiente : ils attendent l’embarcation, qui doit ensuite les emmener sur les côtes anglaises.
Une mère et sa fille de 8 ans, d’origine érythréenne
Le gendarme Pierre-Marc et son équipe rejoignent alors la plage du Portel, mais les migrants ont déjà embarqué à bord du bateau. Tous, sauf deux : « au loin, nous apercevons une femme et sa fille, en grande difficulté dans l’eau. Elles ont tenté de rejoindre le bateau à la nage, mais elles sont chargées d’un très gros sac qui les met en difficulté« . Avec un collège, Pierre-Marc ne réfléchit pas et se jette à l’eau.
« On apercevait seulement leur dos, elles étaient évanouies »
Ils parcourent une trentaine de mètres à la nage, avant d’arriver à leur niveau « lorsqu’on arrive vers elles, on aperçoit seulement leur dos, elles ont la tête dans l’eau » poursuit le gendarme. La mère et sa fille de 8 ans sont à bout de force, proche de l’évanouissement, alors les deux militaires les tractent jusqu’à la plage.
« On ne s’habitue jamais à ces interventions »
Le soir du sauvetage, le gendarme est fière, mais soucieux « je me dis que dans quelques jours, quelques semaines, elles vont de nouveau tenter cette traversée si périlleuse, et prendre de nouveau énormément de risques. C’est sans fin ».
Le gendarme Pierre-Marc avait déjà vécu un sauvetage similaire en décembre 2022, dans des conditions encore plus compliquées : « Il était 4 heures du matin, il faisait quasiment -10 degrés », se souvient-il. « Dans ces moments-là, on ne réfléchit pas, on fonce ».