Justice : le manque d’experts psychiatres de plus en plus criant dans le Cher
Publié le 22/05/2023 à 19h00
photo Pierrick Delobelle © Pierrick DELOBELLE
Le Cher manque d’experts psychiatriques. Lundi 22 mai, faute d’expertise d’un prévenu, son affaire a dû être renvoyée au 12 juin prochain, et il a dû retourner en détention provisoire en attendant la prochaine audience.
Faute d’une expertise psychiatrique réalisée dans les délais, une affaire de violence aggravée sur trois gendarmes, déjà en renvoi de comparution immédiate, a été reportée au 12 juin. Sylvie Barruco, la présidente du tribunal correctionnel de Bourges n’a pas caché l’existence d’un « énorme problème, on n’arrive pas du tout à avoir des expertises psychiatriques », a-t-elle expliqué. « Nous sommes arrivés à solliciter des psychologues car il n’y a plus non plus de psychiatres dans la Nièvre », a ajouté un avocat du barreau de Nevers, dans le ressort de la cour d’appel de Bourges.
Lydie Samour, vice-procureure de la République de Bourges, ne cache pas non plus son inquiétude face à cette pénurie. « Nous sommes confrontés à un autre problème, les prévenus ont souvent des pathologies psychiatriques », explique la magistrate du parquet. « Quand l’état de santé des personnes est incompatible avec une garde à vue, la solution c’est l’hospitalisation contrainte. Mais l’expert qui la décide ne doit pas être le médecin soignant, et le médecin de la structure hospitalière ne peut pas être non plus celui qui réalise l’expertise. »
Les contre-expertises compliquent la situation
En matière de faits criminels, pour des dossiers à l’instruction, le timing est différent, il s’étale plus dans le temps, même si dans chaque dossier, il faut une expertise psychologique du prévenu et une expertise psychiatrique. Là où le problème se corse, c’est lorsqu’il faut une contre-expertise, « elle doit être réalisée avec un collège de trois médecins », explique la vice-procureure, qui avoue être alors obligée de faire appel à des praticiens de la France entière.
Lundi après-midi, le prévenu âgé de 37 ans, en détention provisoire depuis le 15 avril, est retourné en prison, en attendant la prochaine audience. Le 13 avril, il s’était rendu à la gendarmerie de Charenton-sur-Cher. Il est alors soupçonné d’avoir menacé les gendarmes et leur famille. « Cela fait 25 ans que je bois, j’ai bouffé 25 ans de ma vie » expliquait-il. Le trentenaire vivait encore chez ses parents au moment des faits, mais ces derniers refusent qu’il revienne vivre à leur domicile. En l’absence d’adresse personnelle, le tribunal a décidé de la prolongation de la détention provisoire du prévenu.