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Le - Une vague de démissions record dans la police et la gendarmerie

Une vague de démissions record dans la police et la gendarmerie

Un nombre de démissions record a été enregistré en 2022 chez les policiers et gendarmes, alerte la Cour des comptes, dans un récent rapport. Pour endiguer cette vague de départs et répondre aux objectifs sécuritaires du gouvernement, une vaste campagne de recrutement vient d’être lancée.

Alexandra SIMARD 

 Aujourd’hui à 07:00 | mis à jour aujourd’hui à 15:02

En 2022, la police nationale a connu 10 840 départs et la gendarmerie nationale 15 078 départs.  Photo d’illustration Sipa /Alain ROBERT

« Vous êtes faits pour être policier » C’est le slogan choisi par la Police nationale pour sa nouvelle campagne de recrutement, lancée le 17 mai. Objectif : recruter 7 000 policiers en 2023. Les personnes ciblées ? Les jeunes de 18-25 ans. Télévision, radio, plateforme numérique, l’ensemble des supports seront mobilisés pendant un mois.

Le gouvernement veut « plus de bleus dans les rues » au quotidien, selon les mots d’Emmanuel Macron. À un moment où se profilent, de surcroît, deux événements aux enjeux sécuritaires majeurs pour la France : la Coupe du monde de rugby en septembre 2023 et les Jeux olympiques à l’été 2024.

Les conditions de travail en cause

Mais voilà, les candidats ne se bousculent pas au portillon. Des difficultés de recrutement auxquelles s’ajoute une vague de démissions massive au sein de la police nationale et de la gendarmerie. Depuis la pandémie de covid-19, le nombre de personnels quittant la police et la gendarmerie est croissant. En 2022, la police a connu 10 840 départs et la gendarmerie 15 078 départs, selon un rapport de la Cour des comptes, publié en avril dernier. Un record, qui a été sous-estimé : « En 2022, la gendarmerie nationale a sous-estimé le volume de départs de 3 000 et la police nationale de 2 500 », note encore l’institution.

Ce phénomène ne s’explique pas par les départs en retraite, globalement stables sur la période, précisent les magistrats. Cela tient davantage aux conditions de travail. Les revalorisations indemnitaires ont eu peu d’effets sur la fidélisation des troupes, constate encore la Cour des comptes. Nombreux sont aussi les gardiens de la paix à quitter la police dès l’école. La police municipale attire de plus en plus. Les conditions de travail y sont meilleures, les horaires plus intéressants. À Nice (Alpes-Maritimes), plus de 80 policiers municipaux sont d’anciens gendarmes ou policiers nationaux.

La formation dégradée

Interrogé mardi sur France Inter au sujet de cette grande démission, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a relativisé la situation, indiquant que « contrairement à il y a quelques années, les policiers vous disent qu’aujourd’hui, c’est très dur, mais le moral est bon ».

Plus inquiétant, les magistrats relèvent que cette hausse des départs contraint à dégrader la qualité des recrutements et des formations pour se conformer à l’objectif politique d’un « recrutement massif de policiers et de gendarmes ». Le taux d’admission au concours de gardien de la paix est ainsi passé de 2 % en 2014 à 18 % en 2020.

Source : www.republicain-lorrain.fr

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