Nantes : les gendarmes, qui ont enfoncé avec leur voiture une barricade, escortaient en réalité des pompiers
Hier à 19:43
Réforme des retraites: à Nantes, des gendarmes forcent un barrage de manifestants pour «éviter un drame»© Figaro Live
L’image circule beaucoup sur les réseaux sociaux. Elle est source de nombreux commentaires souvent hostiles aux forces de l’ordre. Samedi après-midi, lors d’une nouvelle manifestation contre la réforme des retraites, à l’initiative de l’intersyndicale locale, la situation a parfois dégénéré à Nantes. Feu de poubelles, jets de projectiles envers les forces de l’ordre : comme cela arrive parfois lors des cortèges nantais depuis le début de la mobilisation contre le projet du gouvernement, des affrontements sporadiques ont eu lieu. Huit personnes ont d’ailleurs été interpellées.
Fait nouveau en revanche, une barricade composée de poubelles et de grilles de chantier a été érigée à un moment à la croisée des tramways dans le centre-ville. Celle-ci bloquait le passage des voitures. Sauf pour les véhicules de secours pour lesquels les manifestants présents ouvraient le chemin. C’est dans ce contexte qu’une scène fait beaucoup parler. Après le passage d’un camion de pompier, une voiture «non sérigraphiée», équipée d’un gyrophare bleu, s’est retrouvée bloquée par les manifestants. Peu après, le conducteur à bord a décidé de forcer le passage pour se frayer un chemin. Vingt-quatre heures après les faits, le déroulement de la scène est désormais mieux connu.
«Eviter un drame»
Le groupement de gendarmerie de Loire-Atlantique, puisque c’est lui qui est impliqué dans cette histoire et non la police nationale comme cela avait été évoqué par certains au début, a décidé de clarifier les choses auprès du Figaro et donner sa version des faits. Il s’agissait en fait de militaires qui escortaient les pompiers. «Peu avant, des membres du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie nationale (Psig) avaient interpellé un individu dangereux à Treillières [une commune à 20km au nord de Nantes, NDLR]. Ce dernier, ne pouvant être placé en garde à vue, devait être conduit au CHU de Nantes pour une hospitalisation d’office. L’individu étant récalcitrant, les pompiers ont demandé aux gendarmes une escorte. L’un d’eux était d’ailleurs présent dans le camion des secours», relate le groupement de gendarmerie du département.
Si les pompiers ont pu passer la barricade, cela n’a pas été le cas du véhicule des gendarmes dans lequel se trouvaient trois militaires. «Ils étaient cernés. Le véhicule a été bousculé et la cible de projectiles. Juste à côté, il y avait du mobilier en feu. Face à cette situation inadmissible, ils ont décidé de partir rapidement pour éviter un drame», relate le groupement de gendarmerie qui fait le parallèle avec de précédentes attaques en France lors desquelles des véhicules, voire des forces de l’ordre ont été brûlés, comme cela avait été le cas à Viry-Châtillon en octobre 2016.
Une enquête ouverte
Si le véhicule des gendarmes a été endommagé par les manifestants, les personnels à bord n’ont eux pas été blessés physiquement. «Par contre, ils sont blessés psychologiquement. Ils ont eu très peur, craint pour leur santé et que leur voiture soit incendiée», précise la même source. Ses collègues auraient donc décidé «d’accélérer et de s’échapper», une manœuvre durant laquelle ils ont embarqué, sur leur passage, quelques-unes des barrières entassées et frôlé plusieurs manifestants.
Cette scène va faire l’objet d’une enquête par le parquet de Nantes. Elle devra tenter de déterminer qui étaient les individus qui s’en sont pris aux militaires. Les motifs reprochés sont ceux de violences contre une personne dépositaire de l’autorité publique et dégradations.