« Je ne me souviens pas avoir quitté ce bar » : à Paris, un gendarme pense avoir été drogué au GHB
Un jeune militaire a passé la soirée dans un bar parisien mais ne se souvient de rien. Il s’est retrouvé au petit matin sur un lit d’hôpital. Soupçonnant d’avoir été victime de la drogue du violeur, il a porté plainte.
Par Céline Carez
Le 2 février 2023 à 21h24
Que s’est-il passé entre minuit et 3h30 du matin le 26 janvier dernier dans la vie du gendarme M. ? C’est le grand trou noir. Et c’est la question à laquelle tentent de répondre les policiers du commissariat du IXe arrondissement chargés des investigations par le parquet de Paris. L’enquête ouverte il y a une semaine, le 27 janvier, pour « vol avec violence ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) n’excédant pas 8 jours », avec suspicion de substance nuisible, transmise au procureur de la République, est toujours en cours.
Le jeudi 26 janvier, M., gendarme de 25 ans, est hors-service. Il va boire des verres dans deux pubs irlandais du quartier des Grands Boulevards (IIe). Dans le premier pub, le jeune militaire est accompagné de cinq amis, tous gendarmes en civil et hors-service. Dans le deuxième pub, ils ne sont plus que deux. Le reste de la soirée est nébuleux.
« Je ne me souviens pas avoir quitté ce bar », relate la victime. Mais ce qui est sûr, c’est que M. s’est réveillé sur un lit à l’hôpital Lariboisière (Xe), non loin de sa caserne. Il souffre de violents maux de tête et de douleurs à la hanche droite. Un scanner confirme un traumatisme crânien. Le jeune homme constate également qu’il s’est fait dépouiller : sa carte bleue et son téléphone ont disparu. Pourtant, les deux étaient assez inaccessibles : son téléphone se trouvait dans « la poche droite de (son) pantalon ». Sa carte bancaire « dans la poche à l’avant de (sa) veste ».
De nombreuses zones d’ombre
À quel moment de la soirée les faits se sont-ils produits ? Où exactement ? Comment et surtout, par qui ont-ils été commis ? Y a-t-il eu une altercation violente sur le chemin du retour vers la caserne parisienne de la Garde Républicaine, faubourg des Poissonniers (Xe), où le jeune gendarme réside ?
M. a tenté de rembobiner la soirée. Aux enquêteurs, il a expliqué « avoir consommé de l’alcool mais pas au point de se souvenir de rien ». M. pense « avoir consommé une substance nuisible » à son insu. « J’ai peut-être été drogué », estime-t-il.
Ses amis qui « ne se sont aperçus de rien », sont rentrés avant lui, vers 2 heures du matin. « La question est A-t-il été identifié dans le bar, avec ses copains gendarmes en civil, en tant que militaire ? », s’interroge une source proche du dossier. M., qui était vêtu de chaussures blanches, pull blanc, veste blanche, pense que non. Que s’est-il alors passé sur le chemin du retour vers la caserne ?
Le patron du second bar « très vigilant » face au GHB
Ce jeudi, le patron du second pub, contacté, n’avait aucun souvenir de M. et ses amis. Le cahier des mains courantes de l’établissement ne comportait cette nuit aucun incident du genre et le gérant n’a pas eu la visite de policiers. Au passage, il déplore « la consommation excessive d’alcool des jeunes militaires en général, qui se lâchent. Et des bagarres qui s’ensuivent la nuit dans le quartier ».
Le patron se dit « très vigilant » quant à la problématique du GHB. « Nous avons des vigiles pour justement veiller sur nos clients, des affiches informatives. Nous fournissons des couvercles pour mettre sur les verres », insiste-t-il.
Le GHB, « drogue du violeur », reste cependant un fléau préoccupant dans les bars parisiens et partout en France, En novembre 2021, le mot-dièse #Balancetonbar avait fleuri sur les réseaux sociaux et rassemblé de nombreux récits d’agressions et d’intoxications au GHB. Le parquet de Paris avait alors décidé de réagir et la procureure de Paris, Laure Beccuau, avait annoncé l’ouverture d’une enquête. Notamment sur les violences sexuelles liées aux abords des établissements de nuit de la capitale.