EN IMAGES – Au cœur de l’unité d’accueil pédiatrique pour enfants en dangers de l’hôpital de Sarlat
Lundi 3 octobre 2022 à 3:43 – Par Lisa Guinic, France Bleu Périgord
La nouvelle unité d’accueil pédiatrique pour enfants en danger (UAPED) du centre hospitalier Jean Leclaire de Sarlat (Dordogne) a été inaugurée ce 29 septembre 2022. Visite d’un dispositif où gendarmes, personnels de santé et parquet sont au service des plus petits, victimes de violences.
Un enfant meurt tous les cinq jours des suites de violences en France, selon une étude gouvernementale de 2018. Alors aider les plus petits en souffrance était une évidence pour tous les acteurs de ce dispositif mis en place au centre hospitalier Jean Leclaire, à Sarlat (Dordogne) : l’unité d’accueil pédiatrique pour enfants en danger (UAPED). Le service, ouvert le 1er avril dernier, a été inauguré ce jeudi 29 septembre 2022.
L’objectif des UAPED est de réunir les services des gendarmes, du parquet et de santé, au sein d’un même lieu – l’hôpital, étant plus connu des plus jeunes, est aussi plus réconfortant que le commissariat – pour aider à recueillir la parole de l’enfant victime. Il peut être âgé de 3 à 18 ans. La plupart de ces mineurs connaissent des violences physiques ou sexuelles, pouvant aller jusqu’au viol.
Une salle d’audition à l’étage pédiatrie
Ils sont d’abord reçus, avec leurs accompagnateurs, famille ou autres proches, dans le salon d’accueil et de convivialité, au 3e étage de l’hôpital, juste après le classique service de pédiatrie. Le gendarme enquêteur reçoit ensuite seulement l’enfant dans la salle d’audition.
« Une caméra dôme permet de filmer sous tous les angles et des micros de capter l’audition », décrypte Marie-Pierre Delattaignant, cadre supérieure de santé au centre hospitalier de Sarlat. Ces éléments d’enregistrement sont à peine visibles, dissimulés dans des murs et un plafond blancs. Ajouter à cela une table vitrée au milieu de la pièce, la salle paraît quelque peu austère.
Mobilier neutre
Mais il y a bien une raison à cela : la table « permet de voir le comportement de la personne, un mouvement de main, qui sont parfois tout aussi révélateurs que des propos qui peuvent être tenus, poursuit la soignante Marie-Pierre Delattaignant. C’est pour cela que ce mobilier, qui peut paraître surprenant, fait vraiment partie des choses importantes pour mener des auditions. »
L’autre particularité de cette unité, judiciaire mais située à l’hôpital, se trouve derrière la vitre qui compose un mur de la salle d’audition. Cette troisième pièce n’est accessible, par le couloir, qu’aux gendarmes enquêteurs : la salle technique. S’y trouve le fameux système d’enregistrement.
Raconter les violences subies une seule fois
« Cette machine permet de filmer et d’entendre, précise la cadre supérieure Marie-Pierre Delattaignant. Nous sommes séparés de la pièce d’à côté (la salle d’audition, N.D.L.R) par une vitre sans tain, c’est-à-dire que de l’autre côté, on ne devine pas ce qui se passe dans cette pièce. » Anne Rousselot-Soulière, directrice déléguée de l’hôpital, complète :
Ce dispositif permet d’enregistrer et d’éviter que l’enfant doive répéter la même histoire douloureuse à plusieurs interlocuteurs, qui sont tous légitimes, mais qui vont entendre la même histoire ; alors que nous pouvons faire dire une seule fois à l’enfant ce qui lui est arrivé.
« Maltraitance institutionnelle » du système
Après l’audition, l’examen médico-légal peut être pratiqué, si nécessaire, directement sur place par le personnel médical présent. Le but des UAPED est d’ailleurs bien là : recueillir, dans un même environnement, une unique fois la parole de l’enfant victime, parole toujours compliquée à livrer. La responsable hospitalière ajoute :
Nous allons essayer de pas rajouter de la souffrance à la souffrance et de la maltraitance institutionnelle à la maltraitance dont l’enfant a été victime.
Anne Rousselot-Soulière se réjouit également de la collaboration des différents services de service public. « Je ressens énormément de fierté et de satisfaction professionnelle : c’est un travail d’une très grande coordination entre la gendarmerie, la justice et l’hôpital de Sarlat », affirme-t-elle. L’association la Voix de l’Enfant est également porteuse du projet, à travers notamment un investissement de 8 000 euros.
18 mineurs auditionnés depuis avril
Le conseil départemental de Dordogne a aussi participé au financement de l’UAPED sarladais, à hauteur d’un peu plus de 13 000 euros. De même, Sylvie Guedes, la procureure de Bergerac, se félicite de la concrétisation de ce dispositif, qui a déjà permis l’audition de 18 mineurs, au sein du centre hospitalier de Sarlat, depuis son lancement en avril 2022. La magistrate espère voir bientôt fleurir une UAPED au centre hospitalier de Bergerac.
Une autre UAPED existe déjà à Périgueux depuis 2016. 65 autres unités existent en France. Le gouvernement, par la voix de son garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, s’est fixé un objectif d’un dispositif de ce type par département d’ici la fin de l’année. Le numéro national 119 reste, de plus, un moyen d’appui pour les enfants en danger et victimes de maltraitances.