En Corse l’été, polizist, carabiniere et gendarme patrouillent ensemble
Livia Santana le Dimanche 28 Août 2022 à 17:23
Chaque année, des policiers italiens et allemands sont appelés en Corse pendant la saison estivale. Leur mission ? Venir en aide aux gendarmes insulaires pour de la prévention auprès des touristes étrangers ou servir d’interprète. CNI s’est rendu sur le terrain avec eux.
Domenico, Danielle et l’adjudant-chef OhmessonIl est 14h35 heures ce mardi 23 août quand la radio de l’adjudant-chef Laurent Ohmasson s’agite à la gendarmerie de Ghisonaccia. Une voix fait état d’une collision entre une moto et une voiture sur la route territoriale 13 entre Ghisonaccia et Aléria. Elle annonce deux blessés : des touristes italiens qui se trouvaient sur le deux-roues.
Rapidement, le commandant saisit les clefs du SUV de la gendarmerie et se rend sur les lieux de l’accident accompagné de Domenico Bongiovanni, carabinier de Milan et Danielle Devous, policière à Munich.
Tous les deux ont pris la relève de leurs prédécesseurs du mois de juillet.. Ils font partie du dispositif européen de coopération entre les forces de l’ordre mis en place depuis moins d’une dizaine d’années. Comme eux, au mois d’août, trois autres policiers étrangers sont venus sur la base du volontariat, en renfort des gendarmeries d’Ajaccio et de Porto-Vecchio pour faire de la prévention auprès des touristes non francophones et servir d’interprète en cas de problèmes.
Arrivé sur les lieux, l’adjudant-chef Ohmasson demande au carabinier d’aller voir les victimes déjà prises en charge par l’ambulance du centre de secours d’Aléria. Cela fait déjà deux fois, que le carabinier intervient sur un accident de la route, il commence à avoir l’habitude. Il monte donc directement dans le véhicule de secours.
Là, une femme d’une cinquantaine d’années est allongée sur la table médicale, les yeux à moitié ouverts.
En italien, le policier entame une conversation et rassure la blessée dont le conjoint a déjà été transporté à l’hôpital de Bastia pour une fracture au bras. « Je lui ai demandé d’où elle venait, où est-ce qu’elle avait mal, car les pompiers avaient besoin de savoir si elle n’avait rien de cassé avant de lui enlever sa veste », explique Domenico Bongiovanni qui poursuit : « dans ces circonstances, voir quelqu’un de chez soi, c’est toujours rassurant ».
Près de l’ambulance, le lieutenant Antoine Costantini, qui supervise l’intervention, se réjouit de la présence du carabinière sur les lieux. « C’est une grande aide pour communiquer avec la victime, d’habitude on essaie de se débrouiller en parlant corse, mais c’est vrai que c’est mieux quand on a une personne sur qui s’appuyer », avoue le pompier.
Après une dizaine de minutes passées aux côtés de la victime, Domenico Bongiovanni revient avec une petite feuille gribouillée qu’il présente à l’adjudant-chef qui l’accompagne. On peut y lire, les coordonnées des deux victimes et les circonstances de l’accident. « Ce sera utile pour remplir l’administratif une fois rentré en gendarmerie », précise Laurent Ohmasson.
Puis, une fois la dernière ambulance partie pour le centre hospitalier de Bastia, polizist, carabinière et gendarme repartent en patrouille.
De la prévention dans les lieux de vacances
Tous les jours, Domenico et Danielle partent en patrouille avec un gendarme de Ghisonaccia. Le but ? Faire de la prévention auprès des vacanciers pour éviter, les vols à la roulotte. « Un sac en vu dans une voiture, une fenêtre baissée… en vacances, les gens font moins attention alors on est là pour leur rappeler que les vols sont vite arrivés », explique Laurent Ohmasson. Arrivés, sur le parking de la plage de Vignale, les véhicules immatriculés en Italie et en Allemagne ne manquent pas. « Ils sont très nombreux, c’est surprenant », lance dans un français hésitant, Danielle, la policière allemande. Il faut dire que la brigade de Ghisonaccia qui regroupe plusieurs gendarmeries de San Nicolao à Solenzara en passant par Ghisoni et Vezzani voit la population de la région multipliée par trois durant la période estivale. Les rixes, les violences conjugales sont donc plus importantes et les interventions avec. Pour exemple, du 1er juillet au 23 août, les gendarmes se sont rendu sur 120 interventions quand annuellement ils interviennent aux alentours de 400 fois.
Il est 15h30. Les vacanciers sont déjà à la plage. Rien à signaler. Les gendarmes peuvent partir. Avant de quitter les lieux, Domenico remarque une famille italienne qui rejoint son véhicule. Ils échangent alors quelques mots. Le hasard fait qu’ils viennent de villages voisins. Après avoir interrogé le carabinière sur sa présence en Corse, les vacanciers démarrent, le sourire aux lèvres, ravis d’avoir croisé un compatriote.