Près de Nantes, le forcené avait menacé les gendarmes avec une arme
Le 10 septembre 2021, un quadragénaire qui menaçait de se suicider avait appelé les gendarmes à St-Julien-de-Concelles. A leur arrivée, il avait pointé son arme. Il a été condamné.
Par Laurent Fortin
Publié le 26 Jan 22 à 18:47 L’Hebdo de Sèvre et MaineMon actuSuivre
Le père de famille dépressif et alcoolique qui avait menacé les gendarmes avec un pistolet et un fusil à canon scié, pendant deux heures, le 10 septembre dernier à Saint-Julien-de-Concelles, a été condamné à six mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes.
Agé de 46 ans, il a également été reconnu coupable de « détention non autorisée de stupéfiants » : 121 grammes d’herbe et six pieds de cannabis avaient été retrouvés à l’intérieur de sa maison lors de la perquisition.
Un « très grand nombre de cartouches », « un arc avec des flèches » et une feuille de boucher avaient aussi été découverts, ainsi que des couteaux « dans une chambre ». Une lettre d’adieux avait également été rédigée à l’attention de sa famille.
C’est pourtant lui-même qui avait appelé les militaires. Il leur avait « laissé entendre qu’il allait se suicider par arme à feu », a expliqué la présidente. La brigade locale avait alors dépêché une équipe sur place, en prenant néanmoins soin de solliciter des collègues du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG).
Il avait mis en joue une gendarme
La première gendarme qui avait croisé le prévenu aux Violettes, le long de la Divatte, lui avait alors demandé de déposer ses armes à terre. Mais celui-ci s’était au contraire « rapproché de sept ou huit mètres » et l’avait mise en joue « à cinq ou sept mètres ». L’officière avait donc brusquement redémarré son véhicule sérigraphié pour aller se mettre en sécurité.
« On intervient pour lui porter secours, pour l’aider, mais une fois sur place on s’aperçoit que son attitude est tout à fait hostile », a déploré la gendarme à l’audience.
« Quand je suis partie, j’étais surtout inquiète pour les pompiers et mes camarades : ils ne savaient pas que ses intentions étaient contre nous, et non pas contre lui. »La gendarme menacée
Son collègue, chef d’équipe du PSIG-Sabre, était alors arrivé pour jouer le « médiateur » avec trois autres militaires. Après leur avoir redit son intention d’en « finir avec la vie », il les avait pointés à leur tour avec ses armes à feu. Mais, alors qu’il leur tournait le dos après avoir déchargé son arme devant eux, il avait finalement été plaqué au sol et ceinturé. « J’ai imprimé ton visage, je vais te retrouver et je vais te buter », avait-il enragé auprès d’un d’eux.
Interné en psychiatrie après les faits
L’homme avait finalement été interné en psychiatrie juste après les faits, sous la contrainte, pendant une semaine. Il était resté ensuite volontairement jusqu’à son audition par la gendarmerie le 21 septembre 2021.
« Je ne voulais pas faire de mal aux gendarmes, juste à moi-même », a répété à l’audience, ce « passionné des armes » qui dit avoir fait « un burn-out ».
« Je cherchais juste à me faire tirer dessus. Si je l’avais fait avec ma carabine, cela m’aurait mutilé ou dévisagé et je ne voulais pas que mes enfants voient ça… Cela aurait été plus propre par des gendarmes. »Le prévenu
« Dans le contexte actuel de montée des violences, je croyais qu’ils ne faisaient plus de détails et que c’était donc la meilleure solution pour mourir rapidement », a-t-il encore explicité.
La présidente du tribunal correctionnel de Nantes l’a quand même questionné sur son « instrumentalisation » des militaires, qui auraient ainsi été « contraints » de lui tirer dessus. « Ce sont des hommes et des femmes, pas des robots ! Il y a des conséquences psychologiques derrière, on n’est pas dans un jeu vidéo là », lui a-t-elle rappelé.
La magistrate a également relevé qu’il avait déclaré en garde à vue avoir voulu reproduire un « suicide by cop » (« suicide par gendarme interposé », en français), un phénomène en vogue aux Etats-Unis. L’homme a alors invoqué « l‘effet de l’alcool ». L’éthylomètre avait révélé une alcoolémie de 1,4 g d’alcool par litre de sang... quatre heures après son interpellation !
« Au bout du rouleau »
Cet homme « au bout du rouleau » s’alcoolise en fait « très régulièrement », selon son épouse, depuis qu’il a été licencié pour invalidité par son employeur – avec qui il pensait entretenir avec lui une « relation quasi-filiale », selon la présidente.
Devant les gendarmes, il avait aussi dit avoir été « victime de viol » quand il était enfant et « accuse sa mère d’avoir assassiné son père ». Celui-ci était en réalité mort d’un cancer en lien avec sa propre alcoolisation, qui le rendait violent avec son fils.
Au cours de l’enquête, le forcené a aussi cherché à récupérer ses armes. Il pratique le tir « dans son jardin ». « C’est complètement sécurisé », a-t-il tenté de rassurer le tribunal. Et s’il a acheté un « pistolet de défense » – en soulignant que c’est « une arme complètement légale et accessible à tout le monde » – c’est uniquement en réaction à « un cambriolage ».
Il a enfin expliqué la détention de cannabis par une méprise : cet homme qui fume « du CBD » pour se « relaxer » avait « acheté des graines sur internet ». Mais les seconds tests des gendarmes, un peu plus poussés, avaient révélé qu’elles comportaient une teneur en THC supérieure aux normes relatives au seul cannabidiol.
Déjà condamné pour violences sur pompier
Déjà condamné pour « violences » sur un sapeur-pompier en 2016 par le passé, mais aussi à plusieurs reprises pour des délits routiers, l’homme sera désormais convoqué devant un juge d’application des peines (JAP) pour voir s’il peut purger ces six mois d’emprisonnement ferme avec un bracelet électronique.
Il sera aussi sous la menace de six mois de prison avec sursis probatoire. Pendant deux ans, il sera désormais obligé de soigner son alcoolisme. Ses précédentes cures de désintoxication volontaires, comme celle de trois semaines qu’il a suivie cet été aux Sables d’Olonne (Vendée), se sont pourtant soldées par des échecs.
Le tribunal correctionnel de Nantes a également interdit à ce « passionné d’armes » d’en détenir pendant les dix prochaines années. Toutes les armes placées sous scellés lui ont été confisquées.
Sur le plan civil, il devra verser 1 000 € de dommages et intérêts à la première gendarme qu’il avait mise en joue et 800 € à chacun de ses quatre collègues. Chacun touchera aussi 200 € supplémentaires pour leurs frais de justice