Esprit de cordée : au cœur des PGHM
Auteur : Antoine Faure – publié le 2 mai 2021Temps de lecture: ≃3 min.
Ancien avocat du barreau de Toulouse, aujourd’hui délégué du procureur de la République dans les Hautes-Pyrénées, Alain Mila connaît bien la gendarmerie, dont il est d’ailleurs réserviste citoyen. Dans son livre Esprit de cordée, il a voulu rendre hommage aux hommes et aux femmes des Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM).
« Des couteaux suisses ! » C’est ainsi qu’Alain Mila qualifie la polyvalence des militaires des Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM), à la fois secouristes, mais aussi officiers de police judiciaire et experts capables d’éclairer les magistrats. « J’admire cette capacité à changer de casquette, à s’adapter aux situations, à séquencer leur activité, relève-t-il. Leurs liens avec les citoyens sont forts. Les gens savent qu’ils vont parfois là où personne d’autre ne peut aller, qu’ils risquent leur vie au quotidien, parce que la montagne peut avoir le dernier mot. »
De la thèse au livre
Alain est né il y a 55 ans, dans le sud du Tarn, au pied du massif de la Montagne Noire, qui sépare ce département de ceux de l’Hérault, de l’Aude et de la Haute-Garonne. Une terre de cyclisme, dont le jeune homme a beaucoup arpenté les routes, au sein du vélo club Léo Lagrange de Castres. La haute montagne, il la redécouvrait chaque hiver, aux Angles, dans les Pyrénées-Orientales. « On skiait de l’ouverture à la fermeture des pistes pour rentabiliser le forfait de remontées mécaniques », se souvient-il.
Il a longtemps fréquenté les gendarmes dans le cadre professionnel. Avocat au barreau de Toulouse, il les croise lors des gardes à vue, et sympathise notamment avec deux officiers, qui lui conseillent d’intégrer la réserve citoyenne, ce qu’il fera plus tard, en 2016.
Lorsqu’il quitte le barreau de Toulouse, en 2014, il décide de s’installer dans le Piémont pyrénéen. « Un vrai choix de vie », affirme-t-il. Ici, les chamois s’appellent des isards. Et on ne dit pas alpinisme, mais pyrénéisme. Alain donne alors des cours de droit à Pau. On lui conseille d’écrire une thèse. Il s’inscrit en doctorat et choisit comme sujet : « La police judiciaire en gendarmerie de haute montagne. »
« J’ai consulté les archives de la Défense à Vincennes, mais je me suis vite rendu compte que le volume de documents serait insuffisant pour une thèse, raconte-t-il. Je me suis aussi dit que je n’avais pas besoin d’un diplôme supplémentaire à accrocher au mur, que je n’avais rien à me prouver, que je ne voulais pas que ce travail finisse dans un placard et ne soit lu par personne. J’ai alors décidé d’en faire un livre, une présentation plus grand public, mais pouvant aussi intéresser les gendarmes eux-mêmes. »
Un métier de passionnés
Alain multiplie les échanges téléphoniques, rend visite à plusieurs pelotons et envoie également un questionnaire à tous les militaires en PGHM. « J’ai eu de nombreux retours, dont je propose une synthèse dans l’ouvrage, détaille-t-il. C’est une matière très riche. Je les ai interrogés notamment sur les missions marquantes, leurs souvenirs, heureux ou dramatiques. On voit que certains vont en parler facilement, quand d’autres auront plutôt tendance à intérioriser. »
Il en ressort aussi, sans surprise, que c’est un vrai métier de passionné. « Je compare la montagne et la mer. Malgré la technicité, l’équipement, la formation, la condition physique, il faut aimer profondément cet élément naturel, pour le connaître, le craindre, savoir jusqu’où on peut aller, quels risques on peut prendre. »
Préfacé par les chefs d’escadron Jean-Marc Bougy, commandant du PGHM de Pierrefitte-Nestalas, et André Vianney Espinasse, commandant en second du PGHM de Chamonix, le livre est un panorama complet et très documenté de ces unités spécialisées de la gendarmerie. Le titre du livre – Esprit de cordée – s’est imposé de lui-même. « C’est le lien fondamental qui les unit, résume Alain Mila, la transmission d’un savoir, avec ses secrets, ses astuces. »