Lors de son transport à l’hôpital après un accident de voiturette sans permis, il explique qu’il peut et veut faire sauter la gendarmerie de Mouy…
Le début de l’histoire est classique : Olivier Sanz, 46 ans, est triste du départ de sa femme. Ajoutez à cela que depuis un an il est sans nouvelles de son fils et ignore où il se trouve.
L’ancien militaire retourne donc à ses démons : le cannabis et l’alcool dont il avait réussi à se débarrasser. C’est alcoolisé et sous l’emprise du cannabis, que le 7 février, il est victime d’un accident sur la voie publique dans Cires-Lès-Mello. Les pompiers interviennent pour le désincarcérer de sa voiture sans permis. En retour, Olivier Sanz leur adresse des propos menaçants : «Je vais te tuer, dit-il à l’un d’eux, laissez ma porte, bande de putes…».
«Je mélange du chlorure de potassium à du chlorure de sodium et, je fais sauter la gendarmerie de Mouy».
Au cours de son transport vers l’hôpital il ne trouve rien de mieux que de se vanter d’être capable de fabriquer une bombe : «Je mélange du chlorure de potassium à du chlorure de sodium et, je fais sauter la gendarmerie de Mouy». Pour donner plus de force à sa menace, il ajoute : «et moi, ce que je dis, je le fais». Les pompiers en parlent aux gendarmes, qui a en parlent au procureur.
Le lendemain, 8 février, le procureur veut en savoir plus. Les gendarmes se rendent au domicile d’Olivier Sanz. De grandes précautions sont prises. Les militaires découvrent six mèches de mise à feux électroniques d’artifice, des mèches lentes, de la poudre, des arcs et des flèches, ainsi qu’une vingtaine de grammes de cannabis. Olivier Sainz est interpellé et placé en garde à vue.
«Il aime ce bruit-là».
Face à ses juges, l’homme explique qu’il a fait partie d’une unité parachutiste. C’est là qu’il a pris goût aux explosifs. Il en a fabriqué il y a six ans et explique en avoir fait sauter une fois en forêt «parce qu’il aime ce bruit-là». Mais concernant les menaces contre la gendarmerie il jure : «Je n’étais pas dans mon état normal, j’avais bu de la vodka». Il reconnaît cependant tous les faits : les menaces de mort envers les gendarmes, contre les pompiers et le fait de vouloir faire sauter la gendarmerie. Mais il ajoute ne pas s’en souvenir. Quant aux arcs trouvés chez lui, son avocat, Eugénie Carteret explique qu’étant travailleur handicapé, de surcroît, sans emploi, il s’est lancé dans cette fabrication qu’il commercialise sur internet. Ça lui constitue un complément de revenu. Enfin il assure à l’audience qu’il n’existe pas de contentieux entre lui et les gendarmes de Mouy.
Son casier judiciaire comporte toutefois trois condamnations L’une d’elles, prononcée le 24 mai 2018, lui faisant encourir une peine de 10 ans de prison, le place en état de récidive pour tous les chefs de prévention. La substitute du procureur requiert une peine de 18 mois de prison dont 10 mois ferme et l’interdiction de détenir une arme soumise à autorisation pendant 10 ans.
«C’est sa passion, mais il est maintenant conscient que c’est illégal»
L’avocat de la défense revient quand c’est son tour sur l’amour de son client pour les armes et les engins explosifs. «C’est sa passion, mais il est maintenant conscient que c’est illégal». Elle demande au tribunal d’aménager la partie ferme de sa peine ab initio et de réduire à de plus justes proportions les demandes des parties civiles, soit la gendarmerie et un pompier.
Le tribunal suit les réquisitions de la substitute du procureur : Olivier Sanz est condamné à 18 mois de prison, dont 8 mois de prison ferme aménagés, ab initio, en détention à domicile sous surveillance électronique. Le juge d’application des peines fixera les modalités. Il est aussi condamné à 10 mois sous sursis probatoire avec obligation de soins, de travail, de payer les sommes dues au trésor public et d’indemniser les parties civiles, à hauteur de 700 euros au total. Il ne pourra plus détenir, pendant cinq ans, des armes soumises à autorisation.
Cette chronique judiciaire a été publiée originellement dans notre édition papier du 24 mars.