Gendarmerie des Côtes-d’Armor : les plus grandes marées de 2021 sous haute surveillance
Du 28 mars au 1er avril, plus fortes grandes marées de 2021 (coefficients jusqu’à 112), la gendarmerie sera sur le pont pour veiller au bon respect des règles de la pêche à pied.
Par Nathalie Bot-JaffrayPublié le 26 Mar 21 à 8:58
Les plus grandes marées de l’année 2021 arrivent du 28 mars au jeudi 1er avril avec des coefficients jusqu’à 112.
Pour s’aérer, ramasser coquillages, mollusques et crustacés, les pêcheurs de loisir devraient être nombreux en mer, comme sur l’estran. Les opérations de contrôle aussi avec des sites sous haute surveillance sur le littoral.
La brigade nautique du groupement de gendarmerie des Côtes-d’Armor sera sur le pont, la nouvelle cellule « atteintes à l’environnement et à la santé » aussi.*
30 à 45 % en infraction
A chaque grande marée, 30 à 45 % des pêcheurs sont en infraction.Thibault DegarabyGendarme plongeur et technicien d’investigation subaquatique de la brigade nautique des Côtes-d’Armor, basée à Lézardrieux.
Les plus fréquentes concernent la pêche sous taille autorisée et le dépassement des quantités autorisées, selon les espèces (voir tableau ci-contre).
Et en la matière, pour ces protecteurs de la ressource et de la biodiversité, pas d’indulgence.
Bonne foi…
Un prélèvement illégal, c’est un prélèvement de trop.
« Les pêcheurs disent toujours être de bonne foi, avancent une excuse et sont persuadés, qu’à leur échelle, l’impact est minime. Mais ce qu’ils doivent comprendre, c’est que l’accumulation des « petits délits » crée un pillage pour la biodiversité. Un coquillage, crustacé ou mollusque de plus par pêcheur, multiplié par le nombre de pêcheurs et de jours de pêche en Bretagne, faîtes le calcul… »Mathias Choquet, chef de la nouvelle cellule « atteintes à l’environnement et à la santé »
Il cite en exemple une opération menée dans le secteur de Perros-Guirec en octobre dernier :
Sur une vingtaine de contrôles avec 284 ormeaux au total (20 autorisés par personne), 240 n’étaient pas à la taille autorisée (9 cm).
Ou ce plaisancier du Sillon de Talbert à Pleubian revenu avec sept bars (contre les deux autorisés), dont cinq mesurant moins de 42 cm.
300 €
C’est le montant moyen de l’amende délictuelle dressée par la brigade nautique en 2020. Si, selon la réglementation, l’amende peut atteindre 22 500 €, elle varie en grande majorité de 100 à 3 000 €. « Et parfois, il peut y avoir confiscation des moyens de pêche (matériels, bateau, voiture, etc.) », précise l’adjudant-chef Gérald Antoine. C’est aussi « au cas par cas, ajoute Thibault Degaraby, en fonction des antécédents, du comportement et de l’acceptation ou non de l’amende fixée par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM). Le cas échéant, cela se règle au tribunal. »
Filières de revente
Aux petites infractions des bassiers ou plaisanciers du dimanche, s’ajoutent celles des « braconniers ». Si les grandes filières organisées semblent appartenir au passé – « le dernier gros braconnier a été arrêté il y a cinq par la brigade de recherche de Saint-Brieuc » – subsiste encore, selon la gendarmerie, des petites filières avec revente locale, aux particuliers ou restaurants.
Ce qu’il faut savoirMis à jour le 25 mars 2021
Qui contrôle ? « Les aff’ mar’ sont là », peut-on entendre entre deux rochers pour informer d’une opération de contrôle. Ils sont en fait bien plus que l’unité littorale des affaires maritimes (ULAM), basée à Paimpol, à surveiller la pêche à pied. La gendarmerie est sur le pont avec la brigade nautique des Côtes-d’Armor, basée à Lézardrieux – épaulée à l’occasion des grandes marées par celle d’Ille-et-Vilaine- la nouvelle cellule « environnement-santé » (lire encadré), la vedette côtière de surveillance maritime Trieux et les gendarmes des unités territoriales littorales. Sont aussi en poste et renfort : les gardes jurés du Comité des pêches 22, des agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) ou de l’Unité spécialisée migrateurs (USM) basée dans le Morbihan. De jour, mais aussi la nuit, la surveillance et les contrôles sont à terre, en mer, sous l’eau et dans le ciel. En plus de l’hélicoptère, il peut être envisagé un survol de drone pour surveiller l’activité des pêcheurs, et notamment la remise en place des cailloux. « Dans la Manche, ce procédé est actif, informe Thibault Degaraby. Pas encore chez nous. »Voir tout
Empreinte
Toute infraction, quelle que soit sa nature, constitue un délit de pêche maritime.
Soit, on notifie les droits des contrevenants en direct, sur le terrain. Soit, on les convoque à la gendarmerie. Mais pour tous, on procède à une prise d’empreinte et de photo, répertoriées dans une base de données.
Pour les pêcheurs à pied, la majorité des contrôles des prises se font à la remontée, « pas en action de pêche où l’infraction ne peut normalement pas être constatée ».
Et selon Thibault Degaraby, l’intervention se fait souvent
au feeling, on connaît les habitudes et reconnaît les attitudes.
Comme ce jour où, simulant un passage sans s’arrêter, ils ont piégé un couple avec 120 ormeaux, dont 98 sous taille. « Ils ont certainement ramassé les ormeaux laissés sur le sable par les autres pêcheurs qui ont pris peur en nous voyant. »
Les spots de pêche ou les ports sont nombreux sur le littoral. Ils sont contrôlés au hasard ou sur renseignement. Comme dernièrement où la cellule a été appelée en renfort au Sillon de Talbert en raison de l’affluence, « d’autant que ce site est ultrasensible avec la brèche sur le sillon ».
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Pêcher masqué ? Depuis le 17 mars et jusqu’au 7 avril, la préfecture a rendu obligatoire le port du masque pour tout piéton de plus de 11 ans sur les Côtes-d’Armor. Faudra-t-il pêcher masqué ? « Jusqu’à 300 mètres du littoral, selon cette mesure, oui, répond le gendarme Degaraby, qui laisse la porte ouverte au cas par cas. Au delà des 300 mètres, c’est du ressort de la préfecture maritime qui n’a pour l’instant pris aucune mesure en ce sens. »Voir tout
Vigilance sur…
- Mutilation. Pour déjouer les contrôles ou rendre impossible l’inspection des tailles, « certains décortiquent ormeaux et coquilles pour les cacher dans leurs slips ou combinaisons. Il n’y a pas infraction de « sous-taille » mais de mutilation, si. En cas de doute, face à un pêcheur qui dit ne rien avoir sorti, on n’hésite pas à lui faire ôter sa combinaison ».
- Sous l’eau. La pêche aux coquilles et ormeaux est interdite en bouteille. L’apnée est seulement autorisée pour la coquille aux mêmes jours et créneaux que ceux permis pour les professionnels. « En pêche à pied, on peut être dans l’eau. Mais il faut qu’au moins un pied touche le sol ».
- Masques et tubas. Masques et tubas sont proscrits. « Mais certains, notamment plage du Moulin à Etables-sur-Mer, utilisent des boîtes transparentes pour repérer les coquilles au fond. C’est une interprétation, voire un détournement du règlement ».
- Mitraillettes. En mer, à bord, « seuls 12 hameçons en action de pêche sont autorisés. Et ça va vite… C’est seulement deux mitraillettes de six ».
- Révision. « Au printemps, dès que ça rouvre, les plaisanciers remettent à la hâte leur bateau. Sans forcément être dans les clous au niveau technique et matériel de sécurité. Gare aussi aux deux casiers à crustacés autorisés par navire, ils doivent être immatriculés, avec goulotte rigide (140 mm) et maille souple (80 mm) ».