Faits divers
Gendarmes abattus à Saint-Just (Puy-de-Dôme) : « Trois mois après, on n’a toujours pas de réponse, c’est insupportable »
Publié le 20/03/2021 à 11h30
Dans l’affaire de Saint-Just, où trois gendarmes ont été abattus le 22 décembre dernier, une information judiciaire est ouverte au pôle de l’instruction du tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand.
L’instruction est ouverte pour complicité d’assassinat, complicité de tentative d’assassinat et participation à une association de malfaiteurs. Elle vise principalement à tenter de comprendre comment s’est déroulée cette tragique soirée du 22 décembre 2020, d’essayer d’en reconstituer le scénario et de vérifier si le tireur, Frédérik Limol, a bénéficié d’une quelconque aide extérieure.
Constitués partie civile, Me Gilles-Jean et Renaud Portejoie défendent les intérêts de la veuve du lieutenant Morel et sa famille, mais également de sept gendarmes du Psig d’Ambert, pour leur préjudice moral.
« C’est insupportable »
Les familles des victimes ont été entendues par le parquet et les magistrats instructeurs. « On a reçu un accueil du procureur et des juges d’instruction d’une délicatesse rare, on a vraiment eu une écoute sincère », indique Me Gilles-Jean Portejoie. « Ils ont été très touchants et très prévoyants envers nous », ajoute Séverine Morel. Pour autant, des réponses sont attendues. « On espère qu’il y aura une reconstitution pour voir comment ça s’est passé », poursuit cette dernière, qui se pose de multiples questions.
« Il y a des trous dans l’enquête. On ne sait pas si les gendarmes ont pu riposter et l’on ne sait pas si le tireur s’est vraiment suicidé. Trois mois après, on n’a toujours pas de réponse, on n’a pas de scénario, c’est insupportable. »
À ce stade des investigations menées par la section de recherches de Clermont-Ferrand, les résultats de l’autopsie du corps de Frédérik Limol et des études balistiques ne sont pas encore connus. Ils devraient l’être dans les prochaines semaines.
La responsabilité de l’État peut-elle être engagée ?
Le sulfureux passé du meurtrier, Frédérik Limol, et les différentes plaintes déposées par son ex-femme sont également pointés du doigt par les parties civiles. L’ex-femme de Frédérik Limol aurait subi « un enfer » et ce, même après leur rupture en 2012. Ils étaient en litige, notamment, au sujet de la garde de leur fille née en 2013, pendant la procédure de divorce. À plusieurs reprises, elle a alerté la justice sur la « dangerosité » de Frédérik Limol. Ce qui pose question.
« Pourquoi quand son ex-femme a porté plainte à plusieurs reprises, tout a été classé sans suite ? », s’interroge Séverine Morel, la veuve du lieutenant Morel.
« Comment on a pu accepter qu’il ait autant d’armes chez lui, alors qu’on savait qu’il était dangereux ? La justice n’a pas fait son travail correctement. »
SÉVERINE MOREL
Ses conseils envisagent d’ailleurs de déposer une plainte contre l’État auprès du tribunal judiciaire d’Avignon, là où l’ex-femme de Frédérik Limol avait effectué ses dépôts de plainte.
« On se réserve la possibilité d’engager la responsabilité de l’État dont le fonctionnement a été défectueux », annonce Me Gilles-Jean Portejoie.
Julien Moreau